Violences au sein du couple
En France :En moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui au cours d’une année sont victimes de violences physique et/ou sexuelles commises par leur ancien ou actuel partenaire intime, est estimé à 219 000 femmes. L’auteur de ces violences peut être le mari, concubin, pacsé, petit-ami, ancien ou actuel, cohabitant ou non.
3 femmes victimes sur 4 déclarent avoir subi des faits répétés. 8 femmes victimes sur 10 déclarent avoir également été soumises à des atteintes psychologiques ou des agressions verbales.
En 2017 : 12 380 cas de menaces de mort commis par le partenaire ont été enregistrés par les forces de sécurité. Dans 90% des cas, la victime était une femme.
130 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. En moyenne, une femme décède tous les 3 jours, victime de son conjoint ou ex-conjoint. 25 enfants ont également été tués dans le cadre de violences conjugales.
Pour la moitié des femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, les violences antérieures commises contre elles par l’auteur du meurtre étaient connues, soit par les forces de l’ordre, soit par leur entourage. 70 % des femmes déclarant des violences très graves au sein du couple, estiment que l’agression a causé des dommages psychologiques plutôt importants ou très importants.
Les répercussions économiques des violences au sein du couple et leur incidence sur les enfants en France sont estimées à 3,6 milliards d’euros en 2012 en hypothèse basse.
Au niveau international :En moyenne, 30% des femmes qui ont eu des relations de couple signalent avoir subi une forme quelconque de violence physique et/ou sexuelle de la part de leur partenaire. Au niveau mondial, jusqu’à 38% des meurtres de femmes sont le fait de leur partenaire intime masculin.
Entre 40% et 70% des femmes assassinées sont tuées par leur mari ou leur petit ami en Australie, au Canada, en Israël, en Afrique du Sud et aux Etats-Unis.
Violences sexuelles
En France : En 2017, 94 000 femmes majeures déclarent avoir été victimes de viols et/ou tentatives de viol sur une année.
Dans 91% des cas, les femmes victimes de viols et de tentatives de viol connaissent l’agresseur. Dans près de la moitié des cas (47%), l’agresseur est le conjoint ou l’ex conjoint.
D’après l’enquête VIRAGE : Sur un an, au cours des douze mois précédant l’enquête, plus d’un demi-million de femmes (553 000) ont été victimes d’agressions sexuelles autres que le viol. (11% attouchements du sexe, 89% attouchements des seins/fesses ou baisers imposés).
Les femmes sont près de quatre fois plus souvent victimes de violences sexuelles que les hommes. 64% des femmes majeures victimes de viols ou tentatives de viol déclarent que la ou les agressions ont entrainé des perturbations dans leur vie quotidienne, notamment dans les études ou le travail.
En 2017, 1 femme majeure victime de viol sur 10 déclare avoir déposé plainte. 36 120 femmes victimes mineures et majeures de violences sexuelles ont été enregistrées par les services de police et de gendarmerie (plaintes, signalements, constatations transmis à l’autorité judiciaires). Parmi l’ensemble des victimes de violences sexuelles enregistrées par les services de police et de gendarmerie (42 000), plus de la moitié sont mineures. Parmi elles, 80% sont des filles.
99% des personnes condamnées pour violences sexuelles sont des hommes. Au niveau international. La violence à l’égard des femmes dans les conflits armés se manifeste souvent par des violences sexuelles.
De 250 000 à 500 000 femmes ont été violées pendant le génocide de 1994 au Rwanda, de 20 000 à 50 000 femmes ont été violées durant la guerre en Bosnie au début des années 1990. Le viol est alors utilisé comme arme de guerre. C’est encore le cas de nos jours notamment en Republique Démocratique du Congo.
Mutilations sexuelles, mariages forcés et crimes d’honneur
En France :En 2008, 9% des femmes immigrées ayant entre 51 et 60 ans ont été mariées contre leur gré. La fréquence est moindre chez les immigrées plus jeunes (2% pour les 26-30 ans) et chez les filles d’immigrés (1% des 26-30 ans).
En 2004, il a été recensé qu’environ 53 000 femmes adultes vivant en France avaient été victimes de mutilations sexuelles au cours de leur vie. 9 victimes sur 10 ont été excisées avant l’âge de 10 ans. Au niveau international :En 2016, au moins 200 millions de filles et de femmes issues de 30 pays étaient victimes de mutilations sexuelles.
Les filles sont victimes de mutilations génitales de plus en plus jeunes. Un peu plus d’un cinquième (soit 44 millions) de celles qui subissent cette pratique étaient âgées de 15 ans ou moins. Cette pratique, qui prévaut surtout en Afrique et dans certains pays du Moyen-Orient, est également fréquente parmi les communautés immigrées d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Australie.
Dans le monde, plus de 64 millions de filles et d’adolescentes sont mariées. 46% des femmes âgées de 20 à 24 ans en Asie du Sud et 41% en Afrique de l’Ouest et Centrale affirment s’être mariées avant l’âge de 18 ans.
Le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) estime que jusqu’à 5 000 femmes sont victimes de « crimes d’honneur » chaque année.
Origine du diagnostic et dépistage systématique
L’objectif principal de notre étude était d’identifier le rôle du médecin généraliste dans la prise en charge des victimes et des auteurs de violences.
La majorité des violences faites aux femmes en France, le sont dans un cadre intra familial et plus précisément au sein du couple. Cette donnée est vérifiée dans notre étude : 75% des auteurs de violences font partie du cercle familial de la victime selon les praticiens interrogés.
Dans 56,3% des cas, l’auteur est le conjoint ou ex-conjoint. Malgré la position fréquente du médecin généraliste comme « médecin de famille », la grande majorité des médecins généralistes de notre panel (71%) ne connaissait pas l’auteur des violences.
Les professionnels de santé sont souvent le premier interlocuteur des femmes victimes quand celles-ci, malgré leur peur et leur honte, ont la possibilité de se confier à quelqu’un. Mais les violences faites aux femmes sont sous-estimées et par conséquent sous diagnostiquées.
C’est pourquoi la MIPROF (Mission Interministérielle pour la Protection des Femmes victimes de violences la lutte contre la traite des êtres humains) recommande un dépistage systématique des violences notamment par les médecins généralistes depuis de nombreuses années. Le questionnement systématique permettrait de balayer toute la patientèle sans à priori sur le profil type de la victime ou de l’auteur. Il a été démontré que les violences, en particulier la violence conjugale, concernaient toutes les classes sociales et toutes les origines.
Le dépistage systématique peut être pratiqué par un questionnement simple, voire une question unique qui peut être intégrée à l’interrogatoire type de chaque médecin généraliste auprès de sa patientèle au même titre que les antécédents ou les habitus concernant la consommation d’alcool ou de tabac. En France, ce dépistage systématique est encore peu répandu dans la pratique quotidienne des médecins. Cette tendance est confirmée par notre étude, où seulement 22,1% des médecins généralistes pratiquent le questionnement systématique sur les violences.
Pourtant plusieurs études montrent que la majorité des femmes victimes de violences aimeraient être questionnées sur ce type de violences par leur médecin. Ce qui peut constituer une main tendue pour quitter le cercle des violences.
Table des matières
I. Introduction
A. Contexte et définitions
B. Repères statistiques
II. Matériels et méthodes
III. Résultats
A. Taux de réponse
B. Caractéristiques des médecins interrogés
B. Résultats de l’étude
C. Analyses croisées
IV. Discussion
A. Forces et faiblesses de l’étude
B. Discussion des principaux résultats
C. Perspectives
Conclusion
Références bibliographiques
Annexe
Abréviations