Les vêtements de protection cutanée
Dans cette thèse, la notion de vêtement de protection rapporte exclusivement aux combinaisons intégrales nontissé ou aux blouses de laboratoire en tissu. Cependant, cette section traitera uniquement des vêtements de protection chimique (VPC) nontissés, utilisés couramment par les travailleurs pour se protéger des particules nano et submicroniques.
Voie d’entrée des particules dans les vêtements de protection chimique
Les différents produits chimiques sont susceptibles de pénétrer la peau en étant en contact direct avec elle, mais également en passant à travers les VPC. Les différentes voies d’entrée des particules aéroportées à l’intérieur d’un VPC sont les suivantes :
− Passage direct à travers le matériau (pores ou perméation).
− Passage à travers les annexes : coutures, glissière, etc.
− Infiltration : passage des particules au niveau des jonctions peau/VPC (poignets, cou et chevilles).
Toutefois, il semble difficile de déterminer laquelle de ces voies d’entrée est prépondérante. En effet, aucune étude n’existe sur la proportion à attribuer à chaque voie d’entrée en fonction du VPC et de l’agent chimique utilisés. De plus, les interactions existantes entre ces voies d’entrée sont pour l’heure actuelle méconnues. De ce fait, « l’effet soufflet » (bellow effect), correspondant au déplacement de l’air à l’intérieur du VPC lorsque celui-ci est porté n’a jamais été caractérisé. Pourtant, cet effet pourrait être un facteur de protection ou de pénétration important, tout dépendant s’il se crée à l’intérieur du VPC une surpression ou une dépression.
Définition des vêtements de protection chimique
Classification
Les VPC sont offerts dans une grande variété de matériaux et de conceptions. Ce choix permet de fournir aux utilisateurs une protection contre divers agresseurs chimiques telle que les vapeurs de produits chimiques et gaz, les éclaboussures de liquides, les pulvérisations ou brouillards et les particules et aérosols.
En 2007, l’organisation internationale de normalisation (ISO) a publié une norme, permettant de classifier les VPC selon leur niveau de protection: la norme ISO 16602 (2007) : « Vêtements de protection contre les produits chimiques – Classification, étiquetage et exigence de performances » (ISO, 2007). Cette norme permet de désigner l’efficacité des vêtements de protection contre les produits chimiques par un chiffre allant de 1 à 6 . Plus précisément, elle classifie les différents types de VPC en fonction de la nature des différents agresseurs chimiques, permettant ainsi de simplifier la sélection des vêtements de protection contre les produits chimiques.
Depuis 2014, l’association canadienne de normalisation (CSA) a publié le pendant canadien de la norme : CAN/CGSB/CSA-Z16602:F14 : « Vêtements de protection contre les produits chimiques – Classification, étiquetage et exigences de performances » (CSA, 2014), permettant de mieux prendre en considération les exigences propres au Canada.
Protection contre les particules solides
La classification ISO recommande d’utiliser les VPC dits « de type 5 » contre les particules solides. La protection contre les particules solides est normalisée selon la norme ISO 13982 : « Vêtements de protection à utiliser contre les particules solides». Selon cette norme, les VPC doivent répondre à des exigences de performances évaluées selon les résultats obtenus après avoir soumis le matériau ou le vêtement à différentes méthodes d’essais normalisées. Par exemple, les matériaux doivent résister à l’abrasion, à la fissuration, au déchirement et à la perforation (ISO, 2004). La capacité des VPC à garantir une barrière contre les aérosols de poussières sèches et fines est réalisée sur des combinaisons complètes et selon un protocole de mesure des fuites vers l’intérieur. Dans cette méthode d’essai, un aérosol de chlorure de sodium, dont la distribution de taille et la concentration des particules sont contrôlées, est généré à l’intérieur d’une enceinte d’essai. À l’intérieur de cette enceinte, un sujet, portant le vêtement à tester, réalise différents exercices normalisés de marche et d’accroupissement pendant lesquels la concentration particulaire à l’intérieur du VPC est mesurée. La mesure de concentration se fait selon trois positions d’échantillonnages différentes : sur le genou, dans le dos et sur la poitrine. Le rapport de la concentration pour la position sur la concentration dans l’enceinte est alors appelé pourcentage de « fuite vers l’intérieur ».
Bien que cette approche globale de normalisation soit pertinente, elle reste cependant limitée :
− les tests de pénétration ne sont réalisés que sur les vêtements entiers, de ce fait les différentes voies d’entrées des particules à l’intérieur des VPC (matériaux, couture/fermeture éclair et interface peau-VPC) ne sont pas identifiées.
− dans la mesure où la fuite vers l’intérieur est calculée à partir de concentrations massiques, la pénétration des nanoparticules a peu de poids. Autrement dit, une forte pénétration de nanoparticules, comparée aux particules de plus grosses tailles, n’a qu’un impact limité sur le calcul de cette fuite vers l’intérieur.
− aucun essai de résistance chimique n’est requis pour les matériaux de type 5 contrairement aux autres types de VPC, engendrant ainsi une méconnaissance de l’efficacité des matériaux utilisés pour concevoir ces VPC.
− aucune obligation pour le fabricant d’indiquer la performance des vêtements. La seule exigence requise est de satisfaire à la norme ISO 13982, c’est-à-dire une approche binaire échec ou succès.
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