Les urbains désirent-ils la même qualité de vie que les ruraux

L’approche d’un nouveau concept

Les urbains désirent-ils la même qualité de vie que les ruraux qu’ils jugeraient plus saine et propre et, de fait, essayeraient-ils d’évacuer les traces de la vie en communauté et notamment les déchets encombrants afin d’obtenir la même pureté qu’à la campagne ? Le questionnement peut se démultiplier. Quelle est la vision de la propreté pour les habitants des villes par rapport aux habitants du monde rural ? Cette vision est-elle fonction de la culture ? L’antériorité de la résidence en ville de l’aire méditerranéenne permettrait-elle de mieux appréhender la propreté urbaine. L’exode rural récent qui permet le peuplement des villes du pourtour méditerranéen permet-il d’expliquer les divergences de propreté dans les villes méditerranéennes et avec les villes du Nord ? Un second ensemble de questions s’interroge sur les liens entre propreté et niveau social. La prise en compte de la propreté urbaine est-elle réservée à un niveau de richesse et d’éducation ? Ceci sous-entendrait une forme d’ostracisme au regard de ces villes dites du Sud qui seraient pauvres et qui n’auraient pas atteint des normes de propreté puisque pauvres aussi rigoureuses que celles du Nord. ◊ La propreté serait-elle un indicateur social, d’appartenance à un groupe particulier et défini (éventuellement spatialement), un donné à voir et à penser, plus qu’un réel état de fait ? Dans ce cas, quels seraient les indicateurs qui définiraient la norme ? La malpropreté est- elle fonction de la richesse, de la culture, ou le fait d’une véritable obsession à intégrer les normes afférentes à son groupe social ? Le rejet des ordures dans nos sociétés impliquerait-elle une marginalité des gens qui les côtoient ?

L’approche d’un nouveau concept

Les pays méditerranéens? La rue est-elle un lieu de lien social, lointaine filiation avec l’agora grecque ou le forum romain, qui n’existerait pas dans les villes du Nord et qui justifierait une utilisation particulière génératrice de non-propreté ? Qui fréquente la rue ? Est-elle le lieu de tous, ou bien, sa pratique est-elle, en quelque sorte, sexuée ? varie-t-elle en fonction de l’âge ? des milieux sociaux ? du moment de la journée, de l’année ? Comment utilise-t-on la rue ? Est-elle le lieu d’une certaine vie sociale ou bien peut-elle être un espace économique utilisé à des fins particulières ? La propension des habitants à lutter contre les effets de la nature, ceci voudrait dire en se calfeutrant dans des habitats sans fenêtre, en créant des réseaux de petites rues étroites, en privilégiant l’ombre à la lumière, ne favoriserait-elle pas l’absence de propreté ? N’ayant pas la vue sur le monde extérieur depuis le domicile, serait-il fait moins cas de la propreté des espaces publics ? Cette multitude de recoins, supposés, des villes méditerranéennes ne permettrait-elle pas une attitude moins citoyenne ? Ne serait pas, alors, plus difficile de jeter un papier gras au sol dans un lieu de grand passage que dans une ruelle à l’écart ? Ainsi, ne serait-il pas plus aisé pour les messieurs d’uriner dans un angle de porte cochère à l’abri des regards ?

..du pourtour méditerranéen. La durée, souvent courte des séjours, est-elle un élément explicatif de la perception négative ? Ce sentiment est-il réellement vécu, ou perçu ? L’imaginaire collectif des habitants du Nord associerait la ville méditerranéenne aux vacances, aux loisirs et au patrimoine. Or, ces villes, souvent densément peuplées, actives économiquement, reflètent-elles cet imaginaire? Cette dysharmonie entre imaginaire et réalité ne se traduirait-elle pas par une sur sensibilité à la saleté, résidu et symbole de l’activité humaine et économique de la ville ? Dans quelle mesure, les valeurs culturelles ambiantes, présentes dans les projets d’urbanisme contemporains, ont-elles, à ce point, transgressé notre regard ? Ainsi, les projets de réhabilitation, comme ce fut le cas à Montpellier pour Antigone ou encore Barcelone avant les Jeux Olympiques et maintenant Euroméditerranée à Marseille, qui ont créé des quartiers ouverts, avec de grandes places, des espaces verts, plus conformes à des projets de villes du Nord de l’Europe qu’à la ville méditerranéenne. ont-ils participé à une rupture des perceptions traditionnelles et nécessiteraient une période d’adaptation et une mutation des pratiques en matière de propreté urbaine ? Le phénomène serait-il identique avec les nouveaux quartiers des villes du Maghreb ? Ces apports d’une forme de modernité ne pervertiraient-ils pas les repères habituels et ne génèreraient-ils pas des dysfonctionnements du sensible.

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