Les universités médiévales

Les Etudiants et la délinquance au Moyen Âge (XIIIe-XVe siècles)

Emergence et évolutions « Parens scientiarum » 

Les premières universités à voir le jour furent celles de Bologne en Italie, de Paris, de Montpellier et de Toulouse en France et d’Oxford puis de Cambridge en Angleterre, et ce, dès la fin du douzième siècle ou au tout début du treizième. Dans toutes ces villes, à l’exception de Toulouse qui fut un cas particulier dont nous reparlerons, un enseignement existait déjà et chacune avait sa spécialité : le droit à Bologne, la théologie à Paris, la médecine à Montpellier. A Paris, il avait pris de l’importance depuis le début du XIIe siècle quand les rois commencèrent à y résider régulièrement. Mais c’est surtout la querelle livrée par Abélard contre Guillaume de Champeaux à l’école Notre-Dame qui attira de partout des jeunes gens curieux et motivés par la nouvelle façon d’enseigner du maître parisien.

De nouvelles écoles se formèrent sur la rive gauche, et en particulier d’abord dans les abbayes de Sainte Geneviève et de Saint Victor 40. En 1200, Philippe Auguste accorda aux écoliers et aux maîtres sa protection, promettant en particulier de ne toucher à eux et à leurs biens qu’en cas de nécessité urgente et évidente et, dans cette dernière éventualité, de les remettre immédiatement aux autorités ecclésiastiques41. Mais cette charte ne mentionnait pas encore le terme d’ « Université » qui n’apparut qu’en 1215, lorsque le cardinal Robert de Courson, légat du pape, l’institua officiellement et lui donna sa première constitution. Dépendante dans un premier temps de l’évêque de Paris et du chancelier de Notre-Dame, elle s’affranchit presque totalement de cette tutelle de l’autorité épiscopale en 1222 lorsque le pape Honorius III arbitra en faveur des maîtres et des étudiants, un conflit qui les opposait à l’évêque.

L’étudiant et ses études

« Vous jurerez que vous êtes au moins dans votre vingt et unième année et que vous avez étudié en arts pendant six ans » 51 Dans chaque université, outre le découpage en nations, une autre subdivision en « facultés » regroupait les étudiants et les maîtres d’une même discipline : arts libéraux, droit, médecine et théologie. Les arts libéraux constituaient la première étape commune à tous et obligatoire pour pouvoir poursuivre dans l’une des trois autres.

Ainsi dénommés parce qu’ils étaient censés donner à l’homme sa liberté, ils étaient au nombre de sept : grammaire, rhétorique et dialectique constituant le trivium, arithmétique, géométrie, musique et astronomie, le quadrivium. On y entrait vers l’âge de quatorze ans, à condition d’avoir précédemment appris les bases minimum du latin dans une des petites écoles qui se multiplièrent au fil du temps. L’enseignement des arts libéraux s’achevait à l’âge de vingt ans révolus, comme l’indique l’extrait ci-dessus du serment que prêtaient ceux qui passaient leur maîtrise, le diplôme qui sanctionnait la fin ces études. Ensuite, si chaque université avait sa spécialité initiale, comme le droit à Bologne, la théologie à Paris, ou la médecine à Montpellier, les enseignements se diversifièrent et chaque ville universitaire proposa généralement plusieurs possibilités d’études. A Paris par exemple, toutes furent représentées même si pour le droit, seul le droit canon, c’est à dire celui destiné à fixer les règles de l’Eglise, fut autorisé.

Dès 1219, en effet, le pape Honorius III avait interdit l’enseignement du droit civil à Paris. L’engouement certain pour cette matière, faisait en effet craindre une désaffection pour la théologie, dans la capitale française. Cette interdiction fut d’ailleurs renouvelée près d’un siècle plus tard par Philippe le Bel qui reprenait ce même argument de permettre à la théologie de « prospérer plus aisément » 52 . Cela explique également la reconnaissance très tardive du studium d’Orléans comme université. Cela n’empêcha en rien cependant celui-ci de prospérer, puisque les étudiants qui désiraient apprendre le droit civil, s’y rendirent en nombre, faisant de la cité du bord de Loire, la concurrente directe de Bologne.

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