Les troubles de santé mentale dans les universités

Les troubles de santé mentale dans les universités 

L’ étudiant universitaire fait partie d’ une population vulnérable face aux troubles de santé mentale en raison de son âge et de son statut. D’une part, une majorité de cette population se retrouve dans la tranche d’ âge (15-24 ans) où le risque de développer un trouble de santé mentale est le plus élevé selon l’ American Psychiatrie Association (2015). D’autre part, ces jeunes semblent être plus vulnérables que les non-étudiants du même âge (Adalf, Demers et Gilksman, 2005; Etter, Perneger et Ronchi, 1997; Stanley et Manthorpe, 2001). En effet, d’ après une étude menée auprès de 6282 étudiants universitaires canadiens âgés en moyenne de 22 ans et ayant été compare avec un échantillon de jeunes adultes du même âge ne fréquent pas de milieu scolaire provenant de la Canadian Community Health Survey (2002) (Gravel, Connolly et Bédard, 2004), les étudiants sont deux fois plus susceptibles de vivre de la détresse psychologique (Adalf et al. , 2005). Le fait que ces jeunes adultes poursuivant des études supérieures doivent jongler avec plusieurs nouveaux rôles et responsabilités pourrait expliquer leur vulnérabilité face aux troubles de santé mentale (Amett, 2007; Gaudet, 2007; Stanley et Manthorpe, 2001).

Depuis les dernières décennies, l’intensification des troubles de santé mentale au sein des universités capte l’intérêt de nombreux chercheurs. Le nombre d’étudiants souffrant de troubles de santé mentale tels que les troubles anxieux (Benton, Robertson, Tseng, Newton et Benton, 2003 ; Eisenberg, Gollust, Golberstein et Hefner, 2007), dépressifs (Benton et al. , 2003 ; Eisenberg et al. , 2007) et de personnalité (Benton et al. , 2003) ne cesse d’augmenter. Par ailleurs, des services d’ aide en psychologie observent une hausse du nombre de consultations dans les milieux universitaires (Benton et al. , 2003 ; Gallagher, 2012). Les cas qui y sont traités semblent se complexifier et il est de plus en plus fréquent qu’un étudiant consulte pour plus d’un problème (Benton et al. , 2003). Les troubles de santé mentale semblent également augmenter en sévérité (Cairns, Massfeller et Deeth, 2010; Gallagher, 2012). Une enquête qui s’est échelonnée sur 30 ans dans une centaine de centres de consultations de collège américains rapporte une hausse du nombre d’étudiants hospitalisés pour des troubles psychiatriques et une augmentation des situations nécessitant une intervention immédiate (Gallagher, 2012) .

Parmi l’ensemble des troubles de santé mentale, l’anxiété semble être un problème d’envergure sur les campus universitaires. Selon certaines recherches, il s’agit du problème de santé mentale pour lequel les étudiants consultent le plus fréquemment (Benton et al. , 2003 ; Cairns et al. , 2010).

L’anxiété
L’anxiété est caractérisée par des préoccupations, des soucis, concernant un ou des contexte(s) de la vie de l’individu tels que la conciliation travail-études. D’une personne à l’autre, les symptômes anxieux varient en fréquence et en intensité. À faible dose l’anxiété est bénéfique pour la personne lui donnant une raison de se mettre en action. Toutefois, dépassé une certaine dose, les symptômes anxieux peuvent être handicapant dans le quotidien de l’individu lui occasionnant une souffrance personnelle et une difficulté à fonctionner persistant dans le temps. L’individu est alors à risque de développer un trouble d’anxiété généralisée (American Psychiatric Association, 2015). Au Québec, une enquête indique qu’en 2012 entre 9 et 12% de la population avait déjà eu ou présentait un trouble d’ anxiété généralisée, les femmes et les personnes âgées entre 15 et 24 étant des populations à risque de développer ce trouble de santé mentale (American Psychiatric Association, 2015). Les symptômes anxieux peuvent être d’ ordre physique: palpitations cardiaques, transpiration, tremblements, impression d’étouffement, nausées et douleurs thoraciques. Elles peuvent également être d’ordre cognitif, l’étudiant peut présenter des symptômes tels que des soucis excessifs, une difficulté à contrôler ses préoccupations, un sentiment de se sentir sous pression (Farrer, Gulliver, Bennett, Fassnacht et Griffiths, 2016) et des difficultés de concentration (American Psychiatrie Association, 2015). En ce qui a trait à la comorbidité, les symptômes anxieux chez les étudiants sont associés positivement, entre autres, aux symptômes dépressifs (Eisenberg et al., 2007), à l’insomnie (Adalf et al., 2005) et aux problèmes de consommation (Grant, Stewart et Mohr, 2009).

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Le phénomène de massification dans les universités 

Un phénomène qui a marqué les milieux universitaires depuis les dernières décennies et qui peut être mis en parallèle avec la hausse des troubles de santé mentale consiste en la massification étudiante au sein de l’ enseignement supérieur (Rocher, 2004). En effet, la démocratisation de l’ enseignement supérieur (Rocher, 2004), la constante augmentation des postes nécessitant un diplôme universitaire (Association des universités et collèges du Canada, 2011) et l’instabilité du marché du travail (Conseil supérieur de l’éducation, 1992) ont déclenché un phénomène de massification au sein des universités. Ce phénomène correspond à une augmentation significative du nombre d’individus qUI entreprend des études universitaires au fil des années (Rocher, 2004). Les statistiques montrent qu’au Québec, depuis les années soixante, le nombre d’ étudiants universitaires est passé de 50 000 à 280000 (Université du Québec, 2012). Avec cette augmentation de l’effectif étudiant, les universités ont également connu une diversification de leur population étudiante. Les jeunes provenant de milieux défavorisés (Association des universités et des collèges du Canada, 20 Il) et les femmes (Association des universités et des collèges du Canada, 20 Il ; Canisius Kamanzi, Doray et Laplante, 2009) font partie des populations de plus en plus représentées sur les bancs universitaires.

La massification étudiante et l’ augmentation de l’ anxiété au sein de la population universitaire peuvent être analysées à la lumière de divers changements aux plans social et psychologique auxquels les étudiants universitaires ont été soumis au cours des dernières décennies. Dans le cadre de ce mémoire, trois de ces facteurs ont été analysés: la motivation à entreprendre des études, la conciliation travail-études et la comparaison entre les pairs (la compétition).

Table des matières

Les troubles de santé mentale dans les universités
L’ anxiété
Le phénomène de massification dans les universités
Motivation à entreprendre des études universitaires
Conciliation travail et études
La comparaison entre les pairs
Contexte théorique
Facteurs pouvant être associés à l’ anxiété chez l’ étudiant..
La motivation dans les études
Les motivations intrinsèques
Les motivations extrinsèques
L’ amotivation
Conciliation travail et études
Estime de soi
Objectifs
Méthode
Échantillon à l’étude
Provenance de l’ échantillon
Critères d’ exclusion
Description des participants
Instruments de mesure
Nombre d’heures travaillées par semaine
Inventaire d’ anxiété de Beck
L’ échelle d’ estime de soi
L’Échelle de Motivation dans les Études (ÉMÉ-U 28)
Analyses
Résultats
Objectif 1
Objectif2
Discussion
Le nombre d’heures travaillées par semaine
L’estime de soi
Motivation dans les études
Limites
Conclusion

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