Les transformations du patrimoine historique
Le patrimoine historique, par sa nature, est composé d’édifices, monuments, statues et décors (plus génériquement appelés artefacts) qui n’ont en général pas une forme constante dans le temps. Dans la plupart des cas ils subissent des nombreuses transformations, d’une de leurs parties ou de l’ensemble. Si on assume que le patrimoine historique par sa nature n’est pas uniforme dans le temps, il faut donc différencier les deux phases qui décrivent la vie d’un artefact : la phase de transition (changement) et celle de persistance (invariabilité).
• La phase de transition d’un artefact désigne une succession de modifications physiques de l’objet historique. Le processus de variation peut avoir diverses causes (d’origine naturelle ou humaine). Par exemple, une guerre ou un tremblement de terre peuvent être à l’origine d’une destruction d’un complexe d’édifices. • La phase de persistance d’un artefact est un arc temporel pendant lequel l’artefact ne subie pas de transformation, et il reste donc invariable
. De toute évidence, ces deux notions sont strictement liées à celle de durée de vie des artefacts. En effet le cycle de vie d’un artefact est composé d’une succession d’états de transition et de persistance. Un cycle de vie démarre toujours avec un état de transition (qui désigne la création de l’artefact), ensuite il peut être constitué de l’alternance de plusieurs phases de transition et de persistance,
et enfin, s’il n’est pas 35 Maquettes numériques spatio-temporelles d’édifices patrimoniaux terminé, il peut représenter l’état courant par une transformation en cours ainsi que par un état d’invariabilité. De façon générale, la relation cause-effet domine le processus de transformation des bâtiments (Leyton 1992). Premièrement, les transformations des édifices sont dominées par des causes variées,
qui peuvent avoir une origine naturelle (cataclysmes naturels tels qu’un incendie, des vents forts ou un tremblement de terre) ou qui peuvent dériver des actions humaines (une modification apportée sur l’artefact par volonté du propriétaire, un changement de propriété, une guerre, l’abandon d’un édifice). Deuxièmement, les causes ne sont pas toujours connues.
Parfois l’action qui a déterminé un changement n’est plus observable, et on connaît seulement ses effets ; d’autres fois les actions qui ont causé une transformation sont connues et quelque fois leurs traces sont lisibles sur les bâtiments. En tout cas, alors qu’un événement est toujours en cours, sa durée ne peut être évaluée. Troisièmement, l’effet (l’état de persistance d’un artefact) est la trace d’un processus de transformation (Dudek & J.-Y. Blaise 2008).
A titre d’exemple, suite à un tremblement de terre, l’action n’est plus observable, mais sa trace, la démolition partielle ou entière des édifices ou leur dégradation, est observable. Le cycle de vie d’un édifice peut donc être affecté par différents types de transformations qui seront définis ci-après.
Les types de transformations
Les transformations potentielles tout au long de la vie d’un bâtiment sont nombreuses et de nature différente (Stefani et al. 2008). Certaines parmi ces transformations concernent la totalité du cycle de vie de l’édifice (construction, démolition, reconstruction, union, division, réaffectation), d’autres concernent seulement certaines parties de sa morphologie (variation, déplacement, dégradation, dissimulation).
On présente ci-après les types de transformations qui peuvent concerner les édifices. Pour un panorama étendu de transformations concernant d’autres échelles du patrimoine historique (telle que l’échelle urbaine, ou celle de l’objet), consulter l’Annexe A.
• création : conception d’un artefact à un certain moment (date ou période) ; • démolition : action de destruction complète d’un artefact au sens large (édifice, objet archéologique, etc.) ; • reconstruction : action de réédification d’un artefact (un édifice, une partie fonctionnelle, ou un objet archéologique) tout en gardant le même rôle dans son contexte (urbain, architecturale ou décoratif) ; • division : action de séparation d’un artefact en plusieurs parties ayant des rôles ou des fonctions différents.
• union : action d’association de différents artefacts morphologiques afin de créer un unique artefact. • réaffectation: modification et redistribution d’un groupe d’édifices dans une configuration différente. Deux ou plusieurs artefacts sont fusionnés et deux ou plusieurs artefacts différents résultent de la modification. Ce transformation est la combinaison d’une union et d’une division.