Les TICE comme outils didactiques en Géographie
Les fondements d’une pédagogie active utilisant les TICE
D’après mes recherches, j’ai constaté une véritable évolution théorique ces cinquante dernières années dans l’approche de l’apprentissage en classe par les chercheurs. L’évolution la plus marquante a été le passage de l’approche behavioriste de l’apprentissage à l’approche cognitiviste qui a été prolongée par l’approche constructiviste et socioconstructiviste. Cette évolution porte à la fois sur les finalités de l’apprentissage ; le rôle du cerveau ; le parcours de l’apprentissage ; le rapport entre le contenu et à l’apprentissage des connaissances ; le rôle de l’apprenant et celui de l’enseignant. Par ailleurs, l’enseignement utilisant la pédagogie active en liens avec le constructivisme et l’apprentissage centré sur l’élève est fortement encouragé par les objectifs du programme officiel français à tous les niveaux d’études. Il est donc indispensable de bien choisir l’approche qui serait la plus efficace avec les TIC en géographie. Pour y arriver, il faut donc connaître ces approches pour choisir celle qui est reconnue comme étant la plus efficace. Quelles sont donc ces approches qui se lient à une pédagogie active et comment faire pour les intégrer dans un apprentissage utilisant les TIC ?
Une approche béhavioriste et activités utilisant les TICE
L’approche béhavioriste se base sur un apprentissage par l’expérience et le conditionnement, comme le résume le proverbe français « c’est en forgeant que l’on devient forgeron ». Les béhavioristes « s’intéressent particulièrement aux comportements observables des individus et ne se préoccupent pas des processus mentaux internes qui interviennent dans l’apprentissage. »(Basque, Rocheleau&Winer 1998)Pour un béhavioriste, il y a eu apprentissage lorsque l’apprenant donne une réponse correcte à un stimulus donné. C’est pourquoi les chercheurs illustrent souvent l’idée centrale du béhaviorisme par la relation 6 S-R (c’est-à-dire, Stimulus à Réponse), signifiant une réponse directe de l’organisme à un stimulus provenant de l’environnement. Pour en arriver à ce résultat, l’enseignant s’appuie principalement sur des méthodes pédagogiques telles que l’exposé magistral et la pratique répétée afin d’augmenter la rétention des apprentissages. L’enseignant est donc ici au centre de l’apprentissage alors que l’élève est décrit comme une sorte de boîte, dans lequel l’enseignant déverse les informations. Ainsi cette pédagogie n’encourage pas le travail personnel des élèves et les empêchede développer leur esprit critique. En effet, le « maître » est considéré comme le détenteur du savoir et ne prend pas en considération les présrequis que les élèves pourraient avoir. Cette approche pédagogique n’est pas vraiment encouragée par le système de l’éducation française car elle empêche le développement cognitif et social des élèves. « En matière d’utilisation des TIC en pédagogie, [l’enseignant acquis aux méthodes béhavioristes] aura tendance à faire utiliser des exerciseurs »(Legendre, 1993). – Logiciel qui présente une série de questions ou d’exercices à l’élève, attend des réponses et lui donne une rétroaction – ou « des tutoriels »(Legendre, 1993). -Type de didacticiel où une notion est d’abord enseignée puis mise en pratiquepar ses élèves-, ou seulement à moderniser ses cours magistraux en utilisant des diaporamas. Le béhavioriste s’intéresse donc surtout au savoir plutôt qu’au savoir-faire et savoir être ; à la transmission des connaissances qu’au processus d’apprentissage.
Le cognitivisme et les TICE
Le cognitivisme est « un ensemble des théories portant sur les processus d’acquisition des connaissances issues de l’intelligence artificielle et de la cybernétique. Le terme vient du latin cognitio, qui signifie connaissance » (Encyclopédie Microsoft Encarta 2014). C’est une théorie créée en réaction au béhaviorisme. Pour les cognitivistes, l’apprentissage est effectif lorsqu’il y a un changement dans les structures mentales de l’apprenant. Elle s’appuie sur quelques grands principes clés : ♦ « L’apprentissage est un processus actif et constructif ; ♦ L’apprentissage est l’établissement de liens entre les nouvelles informations et les connaissances antérieures ; ♦ L’apprentissage requiert l’organisation constante des connaissances ; ♦ L’apprentissage concerne autant les stratégies cognitives et métacognitives que les connaissances théoriques ; ♦ L’apprentissage concerne autant les connaissances déclaratives et procédurales que conditionnelles.»(Tardiff, 1992) Pour les cognitivistes, l’apprentissage et l’enseignement « portent sur l’analyse des conditions […] qui créent les probabilités les plus élevées de provoquer et de faciliter l’acquisition, l’intégration et la réutilisation des connaissances chez l’apprenant»(Tardiff, 1992).Ce qui est important pour cette théorie d’apprentissage c’est l’« engagement mental actif des élèves durant l’apprentissage afin qu’ils puissent traiter les informations en profondeur et non pas uniquement en surface » (Basque, Rocheleau&Winer 1992). Entre autres « la vie psychique est pour le cognitivisme constituée d’un certain nombre d’opérations logiques de contrôle, de régulation, de calcul et de mémoire, tout comme un ordinateur. L’esprit est constructeur de représentations symboliques qu’il organise, gère et manipule comme peut le faire un ordinateur : consultation de données, exécution d’opérations. »(Encyclopédie Microsoft encarta, 2014). Dans cette optique, une pédagogie liée au cognitivisme ne considère pas la possibilité de la construction mutuelle des connaissances et des savoirs faire entre les individus dans une classe mais comme une construction psychique des connaissances en faisant intervenir les connaissances antérieures ou prérequis aux nouvelles connaissances. L’enseignant cognitiviste sera porté à utiliser des TICE qui permettent une grande interactivité avec les élèves, telles que : • Destutoriels intelligents : « Logiciels intégrant des techniques I.A. (intelligence artificielle) et destiné à l’éducation » (Legendre, 1993). « Le tutoriel intelligent simule la démarche du professeur et réagit en tenant compte des réponses et des requêtes de l’étudiant » (Legendre, 1993). • Dessimulateurs « Logiciels qui présentent à l’utilisateur une représentation d’un phénomène appartenant au monde réel. Les simulations permettent d’acquérir des habiletés et des connaissances par des expériences de substitution. Le simulateur propose une représentation simplifiée et dynamique d’un système réel à partir d’un modèle. »(Legendre, 1993) A mon humble avis, le modèle cognitiviste impose encore beaucoup d’inconvénients aux élèves. Ces derniers sont mis dans une situation de passivité car les activités ne permettent pas réellement de faire appel à leur esprit critique.
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