La souffrance des patients âgés et leur surveillance à domicile
« Les graines d’un vieillissement en bonne santé se sèment tôt ». Cet extrait du discours prononcé par Kofi Annan à l’Assemblée mondiale sur le vieillissement le 27 septembre 2001 illustre l’objectif que doit relever la médecine face au vieillissement de la population. Cependant malgré les prouesses technologiques et les incroyables avancées en matière de santé, le vieillissement de la population est inéluctable. En 2050, 22,3 millions de personnes seront âgées de 60 ans contre 12,6 millions en 2005, soit une hausse de 80 % en 45 ans (1). L’accroissement a débuté en 2006, avec le vieillissement des générations issues du baby-boom, c’est-à-dire durant la période entre 1946 et 1975.
La gérontologie embrasse quatre aspects en interaction constante:
1. Le vieillissement physique: la perte progressive de la capacité du corps à retrouver ses moyens naturels .
2. Le vieillissement psychologique: la transformation des processus sensoriels perceptuels cognitifs et de la vie affective de l’individu.
3. le vieillissement comportemental: résultat des changements ci-dessus dans le cadre d’un milieu donné qui comporte les aptitudes, attentes, motivation image de soi, rôles sociaux, personnalité et adaptation.
4. le contexte social du vieillissement: c’est l’influence qu’exercent les individus, les uns sur les autres et sur la société. Cet aspect touche la santé, le revenu, le travail, le loisir, la famille…etc.
Les deux composantes de la gérontologie sont la gérontologie médicale et la gérontologie sociale :
La gérontologie médicale
La gériatrie est une spécialité médicale qui traite des maladies des personnes âgées. Elle est exercée par des spécialistes , le plus souvent dans des services hospitaliers ou dans des établissements de soins de suite ou de réadaptation (EHPAD). Il existe en effet de nombreuses maladies touchant principalement les personnes âgées, en raison du vieillissement des organes au fil du temps : cataracte, démence, surdité… Avec l’augmentation de l’espérance de vie, la gériatrie est une spécialité en plein essor et nécessite de plus en plus de praticiens. La gériatrie est une branche difficile de la médecine, car elle doit prendre en compte une multitude de paramètres pour une meilleure prise en charge : les différentes insuffisances d’organe notamment cardiaque, rénale ou hépatique, les troubles sensoriels (malvoyance, surdité, etc.), les troubles cognitifs (troubles du jugement, démences)… Elles requièrent une prise en charge globale, non seulement médicale et psychologique, mais aussi sociale. C’est pour cela qu’il ne faut pas confondre la gériatrie avec la gérontologie qui désigne, elle, l’étude du vieillissement et de ses effets sur tous les plans : physique, psychologique et social.
la gérontologie sociale
La gérontologie sociale étudie les causes du vieillissement des populations et ses conséquences économiques, psychologiques et sociales, tant au niveau des groupes humains qu’au niveau des individus, pendant la seconde moitié de leur existence. La condition matérielle et morale, le statut social, le rôle, l’influence des individus vieillissants ou âgés, la transformation de ces aspects, l’adaptation des individus et de la société à cette transformation, sont les principaux sujets d’étude de cette branche des sciences humaines, dont les premiers travaux systématiques remontent au début du vingtième siècle. L’accroissement de la proportion des personnes âgées (vieillissement démographique), soulève des problèmes dont l’ampleur et la complexité sont encore mal perçues du grand public, mais dont l’étude se développe rapidement depuis la guerre grâce à l’action des universités, des instituts, des fondations spécialisées, ainsi qu’à l’impulsion des organisations internationales et de l’association internationale de gérontologie. Dans les pays à fort degré de vieillissement, les gouvernements se tournent de plus en plus vers les chercheurs de cette discipline afin de leur demander les éléments dont ils ont besoin pour asseoir leur politique de la vieillesse. L’apparition puis l’extension d’une nouvelle catégorie sociale, les retraités, entraîne un nouvel examen de la place du travail et des loisirs dans la vie de l’homme, dans le système des valeurs et dans l’organisation économique. (3) La connaissance des besoins des personnes âgées et de leur entourage est le seul moyen pour rationaliser l’utilisation des aides technologiques visant à améliore la qualité des soins et la qualité de vie dispensés à cette catégorie. Ces besoins sont induits par la faiblesse de ces personnes âgées liés à la perte d’autonomie et à la fragilité qui accompagnent l’avancement en âge.
La dépendance et perte d’autonomie
En vieillissant, les soucis de santé sont plus fréquents et peuvent conduire à des situations d’invalidité. Certaines personnes ne peuvent plus réaliser toutes seules des actions simples mais vitales de la vie.( perte de l’autonomie , dépendance vis à vis des autres, surtout lors de maladies comme Alzheimer, Parkinson). Ces pathologies entraînent alors une altération des fonctions cognitives, de la mémoire, jusqu’à la perte de la maîtrise du corps.
La fragilité
La fragilité des personnes âgées est une notion biomédicale développée en Amérique du Nord. Puis reprise dans les autres pays industrialisés. Principalement fondés sur des recherches en épidémiologie (clinique et sociale), les travaux sur la fragilité commencent à fournir des instruments qui pourraient permettre de poser un diagnostic clinique sur la notion de fragilité. Des programmes de prévention primaire et secondaire apparaissent également. Les définitions et instruments de mesure de la fragilité sont multiples. De nombreuses incertitudes subsistent autour de la notion même de fragilité : ses relations avec le vieillissement, avec les maladies chroniques, le nombre de ses caractéristiques centrales, la place des facteurs sociaux. Du fait de ces incertitudes et en l’absence de consensus sur la définition et la mesure de la fragilité, il n’est pas facile d’appréhender cette notion. Pour tenter de cerner « cette constellation » il est possible de procéder par étapes en distinguant ses principaux éléments de définitions et instruments de mesure, avant d’évoquer quelques enjeux liés à cette notion.
Définition 1 : La fragilité est souvent présentée comme « un syndrome résultant d’une réduction multi systémique des réserves fonctionnelles, limitant les capacités de l’organisme à répondre à un stress, même mineur » (5).
Définition 2: Plus précisément la question se pose de savoir s’il s’agit d’un syndrome médical ou gériatrique, c’est-à-dire d’un ensemble de dysfonctions essentiellement physiques, avec des composantes réduites associées à un processus biologique identifié (syndrome médical) ou avec des composantes et des trajectoires multiples (syndrome gériatrique) (6). Pour aider les personnes âgées et minimiser leurs souffrances ,on a introduit les nouvelles techniques de l’information et de la communication au domaine social et médical.
La médecine favorisée par les TIC
Le développement des moyens de communication ces dernières années a permis le partage d’informations en temps réel dans de nombreux champs de notre vie quotidienne. La combinaison entre la médecine et les TIC donne un nouveau terme qui est LA TELEMEDCINE. Cette discipline, a pour but d’améliorer la qualité et l’efficacité des soins médicaux. La notion de distance signifie ici que le médecin et le patient ne sont pas à coté l’un de l’autre. Cette définition inclut l’utilisation de la téléphonie mobile et d’Internet, mais exclut la télécopie. On comprendra que, selon la définition même, la communication postale ne fait pas partie de la télémédecine. La télémédecine comprend la téléconsultation, la télé expertise, la télésurveillance et la téléassistance.
➤ La téléconsultation est une consultation médicale qui met en relation, à distance, le patient et un ou des médecins et, le cas échéant, d’autres professionnels de la santé.
➤ La télé-expertise est une forme de téléconsultation suivant laquelle un acte médical est posé à distance par un médecin sans la présence du patient à des fins diagnostiques ou thérapeutiques en réponse à une demande de consultation par un collègue médecin ou un tiers.
➤ La télésurveillance est le monitorage à distance par un médecin de données cliniques, radiologiques ou biologiques d’un patient transmises par TIC, qu’elles soient recueillies par le patient lui-même, un médecin ou un autre professionnel de la santé à des fins de diagnostic ou de traitement(3)
➤ La téléassistance est un acte médical posé par un médecin lorsqu’il assiste à distance un autre médecin ou un autre professionnel de la santé en train de réaliser un acte médical ou chirurgical. Toutes ces définitions impliquent une transmission d’informations ou une communication à l’aide des TIC.
Introduction générale et problématique |