Les théories modernes sur l’origine de l’art dramatique
Aucun des nombreux ouvrages d‟Aristote n‟a eu autant d‟influence que son petit traité intitulé « Πεξί Πνηήζεσο » (Péri Piiseos) qui pourtant n‟a même pas été intégralement conservé. La Poétique est connue en Europe seulement en 1458 par la traduction latine de Giorgio Valla, qui a été éditée dans les imprimeries de Venise42. Dès le XIIIe siècle après J.-C. en Europe, les idées et les thèses d‟Aristote dans le domaine de la philosophie furent un champ d‟affrontements en même temps qu‟elles avaient valeur de postulat. À une époque, donc, où la conception aristotélicienne est dominante, l‟interprétation de La Poétique était un champ d‟affrontements littéraires. De la Renaissance à la fin de la période classique, l‟analyse et l‟interprétation de la littérature était basée sur La Poétique d‟Aristote, car elle était considérée comme la première étude complète et systématique sur la poésie. Une des conséquences les plus fâcheuses fut que l‟ouvrage fut considéré comme un livre obligatoire théâtre et du théâtre en général44. Le domaine de la littérature classique avec la théorie interprétative prépondérante de Wilamowitz-Moellendorff Ŕ qui s‟est centré principalement sur le genre dramatique de la tragédie avec pour critère l‟analyse d‟Aristote Ŕ s‟occupe de façon minime de l‟origine du théâtre. Les informations de Wilamowitz-Moellendorff ne se différencient pas de celles, très minces, que nous donne Aristote, c’est-à- dire que la tragédie provient du dithyrambe, tandis que la comédie trouve .
La tragédie naquit des poèmes dithyrambiques et la comédie des poèmes phalliques, qui subsistent encore aujourd‟hui dans de nombreuses cités. Wilamowitz centre simplement sa recherche sur l‟origine du dithyrambe, en soutenant que celui qui l‟a façonné et par extension le créateur de la accompagnement à la flûte, lors des fêtes dionysiaques. Le thème était initialement la naissance de Bacchus, mais par la suite le cadre devint plus large. On pense que le mot provient : a) du qualificatif « Γηζύξακβνο » donné à Dionysos, né deux fois, l’une de Sémélé et l’autre de la cuisse de Zeus, et b) de δηο-ζύξα-βαίλσ, venir de deux ouvertures. Son évolution a conduit à la naissance de la tragédie. Cependant, certains autres chercheurs soutiennent que le dithyrambe n‟était pas un chant en l‟honneur seulement de Dionysos, mais aussi d‟autres dieux, hypothèse basée sur le fait qu‟Aristote ne mentionne pas improvisées au contenu moqueur et grivois que chantaient les groupes d‟initiés (thiasotes) de Dionysos pendant la période de célébration des Dionysies champêtres, en portant un énorme phallus, symbole de fécondité. décembre à la mi-janvier54. Le noyau dur des manifestations festives était le cortège du phallus. Le meneur du cortège tenait une amphore pleine de vin et un sarment de vigne. Puis suivait un homme traînant un bouc, animal symbolique de la puissance de fécondation, qui était sacrifié au dieu Dionysos. Ensuite venait un autre portant une corbeille d‟osier pleine de figues sèches et enfin le dernier qui promenait en haut d‟une perche le phallus, symbole par excellence des forces de fécondation. Le cortège phallique désirait transmettre à la terre les forces de fécondité symbolisées par le phallus et activer ses forces productives pour une nouvelle année de bonne récolte. Les participants à la fête étaient déguisés, ils fardaient leur visage ou portaient un masque, couronnaient leur tête de lierre et portaient le phallus suspendu au cou ou à la taille. Ils se grisaient en buvant le vin nouveau de l‟année, chantaient des chansons obscènes et moqueuses, dites phalliques, et dansaient des danses comme celui de l‟αζθσιηαζκφο/askoliasmos56, un jeu à cloche-pied. Selon le dictionnaire de Souda, des outres en peau de bouc, gonflées et enduites d‟huile à l‟extérieur, étaient placées au milieu du théâtre. Sur ces outres, des pitres essayaient de tenir en équilibre sur une jambe, ce qui n‟était pas facile à réussir, et ils provoquaient le rire des spectateurs en tombant57. Selon l‟opinion classique comme selon Aristote, la naissance de la comédie est attribuée aux improvisations sur les chants phalliques, c‟est- à-dire aux chants improvisés et aux danses des thiasotes de Dionysos les jours de sa célébration. Ainsi, les premiers éléments de la comédie furent l‟humeur joyeuse et le caractère licencieux et obscène, dans le but En 1890 commence la publication de l‟ouvrage en douze tomes de James George Frazer (1854-1941), The Golden Bough/Le rameau d‟or, une très vaste étude des cultes, des rites et des mythes de l‟Antiquité. Ce livre marqua une étape dans le développement et le progrès des recherches anthropologiques et ethnologiques.