Une économie est généralement constituée de six secteurs institutionnels, à savoir: le ménage, l’entreprise, l’administration publique ou l’Etat, les établissements de crédit ou le système financier, l’administration privée, et le reste du monde. Ces six secteurs, déterminés par leurs ressources et fonctions principales, ont chacun leur importance dans la bonne marche de l’économie nationale. En tant qu’élément essentiel du circuit économique, la défaillance de l’un de ces secteurs peut entraîner une crise nationale voire mondiale.
Le système financier, présent sous diverses formes, a six fonctions principales. C’est de fournir à la société : un système de paiement, un système de collecte et d’agrégation de l’épargne, un système d’allocation du capital, un système de gestion des risques, un système d’information sur la valeur des actifs, et des mécanismes pour minimiser les coûts d’agence et ceux liés à l’asymétrie d’information. Ces diverses fonctions, ont chacun ses risques, et la maîtrise de ces risques constitue une des conditions de la viabilité du système financier.
La microfinance est une des formes du système financier. De son nom, précédé du préfixe « micro », elle est destinée pour des financements de petites exploitations donc pour les micro, moyennes et petites entreprises. La microfinance occupe une place de plus en plus importante dans le développement socio-économique. Elle est parée de nombreux atouts puisqu’on lui attribue tantôt des capacités en matière de financement d’acteurs économiques exclus des circuits financiers traditionnels, tantôt des avantages en matière de resocialisation et de lutte contre la pauvreté. Elle cible particulièrement les pauvres qui sont exclus du système financier, et c’est généralement cette raison qui constitue sa raison d’être. Dans son activité, la microfinance propose plusieurs services financiers tels que l’épargne et le crédit. Chaque service présente des avantages et des inconvénients tant pour l’institution de microfinance que pour l’emprunteur.
Les théories de l’asymétrie informationnelle
Les clients de l’institution financière sont multiples et ont chacun leur comportement propre. Une étude stricte de ces clients est indispensable avant tout octroi de crédit. A cet effet, on doit analyser leur solvabilité, leurs capacités de remboursement, afin de se prémunir contre les risques futurs. En fonction des renseignements fournis, les emprunteurs peuvent présenter des risques constatés d’avance, et des risques probables dans le futur (qui ne peuvent pas se définir au moment de l’octroi).
En se référant aux théories des jeux, la demande de crédit, la décision d’octroi ainsi que tout mécanisme après la signature du contrat se passent comme un jeu, où les joueurs sont le prêteur d’une part et l’emprunteur d’autre part et dont les règles sont les conditions du contrat de prêt.
Avant l’octroi de crédit, l’institution financière doit rassembler plusieurs informations concernant son client. Parmi celles-ci, on recense :
– les critères potentiels, regroupant les éléments à caractère qualitatif et personnel (âge, état civil, nationalité, réputation, compétence de gestion, statut légal de l’entreprise, compétence de gestion, position dans le cycle de vie de l’entreprise, dimension de l’entreprise et technologie de l’entreprise),
– les relations avec l’institution financière (la relation avec la banque et son historique, la qualité des relations avec la banque (absence ou présence d’incidents dans la relation tels des retards, des dépassements en compte, etc.), le nombre de services utilisés, les garanties détenues sur le client),
– les données financières quantitatives (les fonds propres de l’entreprise, l’endettement de l’entreprise, la liquidité de l’entreprise, la rotation des actifs (du portefeuille des créances, du stock), les actifs immobilisés, qui sont des moyens de production (leur valeur de productivité, ou leur obsolescence), le chiffre d’affaires (importance, évolution), la rentabilité des affaires existantes (mesurée par le cash flow, le résultat net et appréciés par les besoins de prélèvements privés de l’entrepreneur), la rentabilité d’entreprises nouvelles.
– le programme d’investissement et du plan de financement (le programme d’investissement (la clarté du projet, son caractère de plan global, la capacité de le réaliser), le plan de financement (l’autofinancement par rapport au recours à des capitaux empruntés) et la capacité de remboursement des crédits.
– les éléments qualitatifs liés à la gestion et au contrôle : la comptabilité (qualité, ponctualité, précision), l’organisation et la gestion de l’entreprise (division du travail, capacité de gestion), la stratégie de l’entreprise (connaissance des buts à long terme poursuivis, faisabilité du projet par les moyens de l’entreprise) et le contrôle de la gestion, (audit, existence d’outils de contrôle, surveillance des créances).
– les données externes à l’entreprise : le secteur d’activité, la conjoncture, et la présence de signaux d’alerte (signaux de faiblesse : procès en cours, maladie, divorce, changement significatif de la législation, retournement conjoncturel) .
A partir de ces renseignements fournis par l’emprunteur, l’institution financière peut décider les conditions d’octroi telles que le taux appliqué, l’échéancier, les conditions générales, etc. Elle peut même refuser si elle constate une probabilité élevée de survenance des risques dès le début. Or, il a été constaté que ces informations, pour débloquer le crédit, peuvent être transformées par le client lui-même. C’est à ce moment qu’on parle d’asymétrie d’information, c’est-à-dire que l’emprunteur détient plus d’information que le prêteur.
Notion sur la sélection adverse
Notion et Historique de la Sélection adverse
La notion de « sélection adverse», formalisée par Georges Akerlof en 1970, désigne une situation dans laquelle les acheteurs d’un bien ne peuvent observer que la qualité moyenne des biens. Les vendeurs de biens de bonne qualité se sentent insuffisamment récompensés par un prix moyen et se retirent du marché. Il ne reste sur le marché que les biens de mauvaise qualité qu’Akerlof appelle les « lemons ». Il fournit, entre autres, l’exemple du marché des voitures d’occasion et explique ainsi la grande différence de prix entre les voitures neuves et les voitures d’occasion. Ce modèle distingue deux parties : le principal d’une part, et l’agent (c’est celui qui détient l’information complète) d’autre part.
L’institution de crédit (le principal) se trouve devant une situation qui la rend dans une situation d’impossibilité de distinguer les bons projets des projets risqués parmi ceux proposés par le client (l’agent). Dès la première vision du projet proposé par l’emprunteur, la banque peut prendre des décisions sur le crédit : soit le refus d’octroi, soit la diminution du montant (discrimination par les prix), soit une demande de reformulation du projet par l’emprunteur (émission de signal). C’est à partir de ces points et à partir des actions que l’emprunteur entreprendra que le prêteur peut juger de l’importance du projet. On peut alors dire que l’asymétrie d’information est ici précontractuelle.
Plusieurs manières sont alors à choisir par le prêteur pour révéler les informations cachées par le client, ou le véritable intention du client :
– le scoring, c’est-à-dire qu’avec les précédentes relations du client avec le prêteur, on peut lui attribuer des points concernant les statistiques des respects des échéanciers, les retards de remboursements, etc.
– la théorie de l’agence : l’obligation indirecte de l’emprunteur à émettre des signaux (ou le marchandage des théories des jeux) pour révéler sa bonne foi suite à une décision de réduction du montant du prêt, ou le refus, ou une décision d’augmentation des garanties. Il lui est, par exemple, possible de transformer sa demande en une demande sous caution (c’est-à-dire que le projet nécessite la présence d’autres personnes qui peuvent garantir le prêt), de reformuler totalement le projet en insistant sur les points essentiels qui justifient la sûreté de la rentabilité, une révision du programme d’amortissement,
– le screening : le prêteur peut par exemple offrir des contrats de crédit qui exigent une participation de fonds propres légèrement augmentée (financement de 30% du projet par exemple). Les projets risqués pourraient ainsi être éliminés, car le client hésiterait à mettre plus de fonds propres dans un projet risqué, se retirerait du marché et révèlerait alors la vraie nature de son projet. Il lui est aussi possible d’essayer de cultiver une relation à long terme avec de futurs clients pour mieux les connaître avant de leur accorder des prêts .
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