Les temples deval

Les temples deval

Le paysage archéologique du Népal occidental est ponctué par des temples médiévaux en pierre, érigés en groupes ou de manière isolée. Localement connus sous le nom de deval (prononcé dewal, de Skt. devālaya, temple), ces monuments sont aujourd’hui conservés dans des états très variables. Alors que de rares temples sont encore utilisés pour le culte (temple de Śivandai Kalika à Chilkhaya, KLK25), la plupart d’entre eux ne le sont plus.

Ils se trouvent soit « protégés » par le DoA (protection qui consiste principalement en l’établissement d’un grillage en interdisant l’accès) soit livrés à l’abandon, voire utilisés comme lieux d’aisance. Dans cette partie je décrirai les caractéristiques architecturales de ces deval et leurs origines. L’établissement d’une chronologie de ce type de bâtiment sera néanmoins compliqué par la rareté des inscriptions ainsi que par une relative uniformité stylistique.

Éléments constitutifs des deval de la Karnali

Les temples deval (Fig. 4.1) sont bâtis sur un plan quadrangulaire de forme généralement rectangulaire. Les dimensions au sol ne dépassent pas 2,20 m X 2 m avec une élévation maximale d’environ 7 mètres (temple central de Manma, KLK06-01). Ils sont en général placés sur une base en pierre constituée de plusieurs blocs taillés. Des mortaises verticales sont aménagées aux bords des angles des blocs des murs.

Ces mortaises servent à insérer une agrafe métallique entre deux blocs mitoyens afin de leur apporter une stabilité accrue (Fig. 4.2). Le procédé est appliqué sur les bords internes supérieurs des blocs (dans le mur) et est invisible de l’extérieur. Des trous de queues d’arondes sont également relevés sur les sites d’Uku (DRC01, Fig. 4.3) et de Kakrevihar (SRK02).  La superstructure est constituée par une chambre unique, la cella (Skt. garbhagṛha), à laquelle on accède par une porte encadrée par des jambages et un linteau fréquemment ornés de décors en bas-reliefs (Fig. 4.5 et 4.6).

La partie centrale du linteau (Skt. lalāṭa) peut être laissée vide, ou accueillir une rosette ou une représentation de Gaṇeśa. Une projection de piliers quadrangulaires (Skt. antarāla) précède la porte. Dans certains cas un vestibule à deux piliers (Skt. ardhamaṇḍapa) peut être aménagé. La chambre du temple est en générale très petite, ne dépassant que rarement le mètre de largeur et de profondeur. Le plafond est couvert par une dalle simple ou sculptée d’un motif de rosette soutenue aux angles par des dalles triangulaires (Fig. 4.7).

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En façade, les premiers niveaux de plinthes (droites ou à moulures) sont groupés sous le terme de vedībandha. L’organisation des plinthes est très variable sur un même site. La partie horizontale médiane est nommée jaṇghā (Fig. 4.4). Les façades des murs latéraux et arrières comportent chacune une projection centrale (Skt. bhadra). Au-dessus des murs de la cella se dresse une tour curvilinéaire (Skt. śikhara, Fig. 4.8). Une projection centrale (Skt. ratha), en continuité du bhadra inférieur, divise la tour en trois plans verticaux (Skt. triratha). Les angles sont décorés par deux à cinq niveaux de motifs d’āmalaka264 (Skt. bhūmi-āmalaka).

La porte est surmontée, au niveau de la tour śikhara, par un fronton (Skt. śukanāsikā). La tour du temple est coiffée par un empilement généralement constitué par un ou deux disques āmalaka surmonté par une sommité en pointe (Skt. stūpi, Nep. gajur, Fig. 4.9)265. Les dimensions des deval népalais sont très variables. Les plus grands temples (entre 5 et 7 mètres de hauteur) se rencontrent principalement sur les sites où les monuments sont organisés par paires ou par groupes de cinq, dans les districts de Baitadi, Dadeldhura, Kalikot et Dailekh.

Dans ces contextes les proportions semblent inférer un rapport direct au pouvoir et aux régnants. Aujourd’hui encore le site des cinq deval de Kirkisen (KLK28) est localement appelé « l’ancien palais royal » (purano darbār). Ces ensembles ont en effet une emprise physique et visuelle marquée sur le territoire. À l’opposé, des temples aux dimensions plus réduites, ne dépassant pas parfois 1,50 mètre de hauteur, sont trouvés en contexte solitaire, mais pas seulement (Fig. 4.11 et 4.12).

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