POURQUOI LES RÉCESSIONS IMPORTENT PEU AUX CAMBISTES
Etant donné que l’on échange les monnaies par paires en les comparant les unes aux autres, le fait que l’économie d’un pays, ou même que l’économie mondiale, soit en récession n’a aucune importance. Après tout, la baisse d’une devise au sein d’une paire de devises signifie que l’autre devise gagne automatiquement de la valeur.
Cela ne veut toutefois pas dire que les récessions n’ont aucun impact sur le prix d’une monnaie. Elles en ont un, incontestablement, mais cela ne change rien pour ceux qui tradent des devises. Quand la livre sterling baisse parce que le Royaume-Uni entre en récession, les traders sur le Forex vendent du GBP/USD et ouvrent des positions longues sur la parité EUR/GBP. La récession est encore pire dans la zone Europe ? Aucun problème, il suffit aux traders d’ouvrir des positions courtes sur l’EUR/GBP !
Bien entendu, on peut également ouvrir des positions courtes sur le marché des actions, bien que plusieurs gouvernements aient dernièrement limité cette pratique. Acheter des options permet aux traders de spéculer sur la baisse d’une action spécifique. Plus le contexte économique est incertain, plus les traders en bourse ouvrent de positions courtes. Mais plus cela dure, plus se rapproche l’inévitabilité d’une hausse du marché, tout simplement parce que les compagnies cotées en Bourse sont rentables et se développent. Lorsqu’elles perdent de l’argent sur de trop longues périodes, elles finissent par disparaitre de la Bourse.
La base du marché des actions est donc composée d’investisseurs qui ont acheté des actions afin de gagner de l’argent grâce aux dividendes annuelles et/ou au retour sur investissement qu’ils toucheront en revendant leurs actions. Une récession serait très mauvaise pour ces investisseurs, parce que les entreprises vendraient moins, feraient moins de bénéfices ou subiraient des pertes, et pourraient même fermer boutique, leurs actions perdant ainsi toute leur valeur.
Pas de règle de l’uptick
Comme nous l’avons dit plus haut, les autorités financières limitent bien souvent la possibilité d’ouvrir des positions courtes sur la Bourse, parce qu’elles considèrent que les fonds de couverture et compagnie pourraient détruire des sociétés en bonne santé financière en temps de crise, en pratiquant la vente à découvert jusqu’à ce qu’elles disparaissent. Durant les premiers mois de la crise financière de 2008, plusieurs pays, dont, entre autres, les Etats-Unis et l’Allemagne, ont interdit la vente à découvert pour un certain temps.
Jusqu’à 2007, la pratique de la vente à découvert était limitée aux Etats-Unis par la règle dite de « l’uptick », qui spécifie que l’on ne peut ouvrir de positions courtes que quand le cours d’une action a augmenté d’au moins un tick. Cette règle, très souvent critiquée, a depuis été remplacée par la Securities and Exchange Commission par le « Règlement SHO », qui régule ce que l’on appelle le naked short selling en anglais, ou la vente à découvert à nu en français. La SEC aurait toutefois pour projet de réintroduire la règle de l’uptick9.
Fort heureusement, vous n’aurez pas à vous soucier de ce genre de règles anticapitalistes si vous tradez sur le Forex. Personne ne dira quoi que ce soit si vous vendez à découvert sur le Forex en temps de crise, parce que, sur le marché des changes, les traders ouvrent tous régulièrement des positions courtes sur des paires de devises, et ce quelle que soit la santé de l’économie mondiale.
LES PARTICULIERS SUR LE FOREX
Comme nous l’avons vu plus haut, le Forex a ouvert ses portes aux traders individuels il y a peu de temps. Cela a tout à voir avec la révolution technologique déclenchée par internet, qui a permis à quiconque possède un ordinateur d’avoir accès à une large gamme de logiciels de trading sophistiqués, permettant ainsi aux traders en herbe de communiquer en ligne directement avec les terminaux de trading des banques et des courtiers.
Jusqu’à il y a quinze, ou même dix ans, le marché des changes était le terrain de jeu exclusif des banques, des gouvernements et des grands acteurs institutionnels. Les grosses banques internationales échangeaient les unes avec les autres directement via des systèmes de trading pointus, ce qu’elles font encore aujourd’hui, alors que les autres protagonistes, y compris les banques plus petites, achetaient et vendaient des devises par le biais de ces grosses banques.
LES PLATEFORMES DE TRADING EN LIGNE
Tout a changé quand les banques et les courtiers ont commencé à proposer des logiciels de trading en ligne aux traders individuels. Grâce à la rapidité croissante des connexions internet et des ordinateurs, il est devenu possible de transmettre de grandes quantités de données financières à des ordinateurs tout à fait ordinaires, et vice versa, ce qui a permis de connecter les traders individuels aux marchés financiers en temps réel.
L’augmentation des logiciels de trading technique gratuits a également été une évolution majeure de ces dernières années. Avant les années 1980, les indicateurs de l’analyse technique pouvaient seulement être calculés de façon manuelle par les traders. Par la suite ont été développés des logiciels qui automatisaient cette tâche, mais qui étaient uniquement disponibles aux professionnels dans les salles des marchés. Cependant, au cours de ces dix dernières années, ces logiciels se sont généralisés et sont désormais accessibles à tous.
Aujourd’hui, même si vous vous contentez d’ouvrir un compte démo chez eux, la plupart des courtiers sur le Forex mettront à votre disposition des instruments de trading sophistiqués qui étaient jusqu’à très récemment réservés à des traders professionnels grassement payés.
Un petit conseil, toutefois : ne vous perdez pas trop dans les indicateurs techniques. Il n’est vraiment pas nécessaire d’utiliser vingt indicateurs différents pour mettre au point une stratégie de trading efficace. Les traders expérimentés vous diront que maitriser quelques uns des indicateurs techniques les plus connus est suffisant pour bâtir une stratégie de trading qui fonctionne. Nous reviendrons sur ce point plus tard dans cet ouvrage.
COMMENCEZ AVEC UN PETIT CAPITAL DE TRADING
Quand le marché des changes a ouvert ses portes aux particuliers, la plus petite taille de lot disponible pour les traders étaient le lot standard, qui correspond à 100 000 unités. Avec un effet de levier de 100/1, ce qui était le maximum à l’époque, il fallait 1000 euros pour acheter un lot standard de la paire EUR/USD. Même avec un effet de levier de 400/1, l’effet de levier maximal offert par la plupart des courtiers basés hors des Etats-Unis, il fallait quand même 250 euros pour ouvrir une position sur un lot standard. Comme un pip équivaut à peu près à 10 dollars, le trading sur le Forex était souvent bien trop cher pour les petits traders.
Tout cela a changé avec l’introduction du lot mini, qui représente un dixième d’un lot standard. Un pip vaut seulement un dollar dans un lot mini ; avec un effet de levier de 400/1, 25 dollars suffisent pour ouvrir une position.
Il y a quelques temps, un lot encore plus petit a été introduit par de nombreux courtiers : le lot micro qui, vous l’aurez probablement deviné, correspond à un centième d’un lot standard, avec un pip d’une valeur de 10 cents de dollar.
Tout cela signifie que si vous voulez commencer le Forex sans prendre de risque, ce qui est très sage, quelques centaines d’euros vous suffiront pour trader des lots micro. Comme un pip vaut seulement 10 cents dans les lots micro, un capital de 200 euros vous permet de contrôler 2000 pips.
PETIT LEXIQUE DU FOREX
Lorsque l’on commence à s’intéresser à un sujet aussi vaste que le trading financier, on peut facilement se sentir submergé par l’avalanche de nouveaux termes, définitions et concepts. De ce point de vue, ce livre ne fait pas exception, et c’est malheureusement difficile de faire autrement. Non seulement il serait très peu pratique d’expliquer le sens de chaque terme au moment où il apparait dans le livre, mais cela ne vous préparerait pas à utiliser une plateforme de trading en ligne ou à lire d’autres ouvrages sur le trading, puisqu’ils utilisent tous la même terminologie.
Dans ce chapitre, nous allons passer en revue quelques-uns des termes les plus importants. Vous retrouverez cette liste à la fin du livre, ce qui vous permettra de la consulter facilement quand vous en avez besoin. Les termes ci-dessous sont utilisés si souvent dans cet ouvrage qu’il est recommandé de vous assurer que vous les avez bien compris avant de continuer la lecture.
OUVRIR UNE POSITION
Cela signifie acheter ou vendre un ou plusieurs lots. Par exemple, vous pouvez ouvrir une position sur le Forex en achetant un lot mini d’EUR/USD.
POSITIONS LONGUES ET POSITIONS COURTES
Quand vous voulez spéculer sur la hausse d’une monnaie, vous ouvrez une position longue sur cette devise (going long en anglais). A l’inverse, spéculer sur la baisse d’une monnaie s’appelle ouvrir une position courte (going short, ou shorting en anglais) sur cette monnaie.
STOP LOSS
Il s’agit d’un prix prédéterminé, qui se situe quelque part en dessous du seuil de rentabilité, et qui, une fois atteint, entraine la fermeture de la position, afin d’éviter des pertes plus importantes. Par exemple, supposons que vous achetiez un lot d’EUR/USD au prix de 1,6250 dollars en plaçant un stop loss à 1,6180 : votre perte maximale serait de 70 pips. En d’autres termes, un stop loss vous permet de déterminer à l’avance le montant maximal que vous pouvez vous permettre de perdre sur une position donnée. Les débutants, tout particulièrement, devraient toujours placer des stop loss.
PRISE DE BÉNÉFICES (TAKE PROFIT)
La prise de bénéfices, ou take profit en anglais, est un prix prédéterminé, fixé un peu au-dessus du seuil de rentabilité. Lorsqu’il est atteint, la position est fermée, afin de faire un bénéfice. Cela fonctionne de la même manière qu’un stop loss, sauf que dans ce cas, les choses sont en votre faveur. De nombreux traders placent des prises de bénéfices (ou des objectifs de rentabilité) pour éviter de fermer une position trop, par peur, ou de la fermer trop tard, par appât du gain. Placer une prise de bénéfices n’est pas aussi indispensable que de mettre en place un stop loss, mais cela peut s’avérer utile pour les débutants ; cela permet en effet de s’entrainer à trader en suivant un plan fixé à l’avance, ce qui est une des compétences les plus précieuses pour devenir un bon trader.
LES TAUREAUX ET LES OURS (BULLS & BEARS)
Traditionnellement, on surnomme les traders qui pensent que la tendance du marché est à la hausse « taureaux », ou « bulls » en anglais, alors que ceux qui estiment que le marché va baisser sont appelés « ours », « bears » en anglais. Le fait qu’il y ait une statue d’un gros taureau10 en bronze tout près de Wall Street à New York n’est donc pas un hasard : cet animal symbolise la « tendance haussière du capitalisme ».
LE BID ET L’ASK
Les courtiers donnent toujours deux cours pour une paire de devises, le bid et l’ask (ou l’offre et la demande). Le bid est toujours le plus bas des deux, et correspond au prix de vente, ou d’ouverture d’une position courte, sur la paire de devises. L’ask indique quant à lui le prix d’achat de cette paire de devises. La différence entre les deux est ce que l’on appelle le spread.
SPREAD
C’est la différence entre le bid et l’ask, avec laquelle les courtiers se rémunèrent en échange des services qu’ils fournissent, c’est-à-dire le fait d’ouvrir des positions pour leurs clients. Quand le prix de vente de l’EUR/USD est de 1,4000 et que le prix d’achat est de 1,4003, le spread est de 3 pips.
DEVISE DE BASE ET DEVISE DE CONTREPARTIE
Comme nous l’avons vu, on échange toujours les devises par paires. On peut échanger l’euro contre le dollar, la livre sterling, le yen, etc. La première devise qui apparait dans une paire s’appelle la devise de base. C’est la devise dont vous faites l’acquisition lorsque vous achetez un lot. Par exemple, si vous achetez un lot d’EUR/USD, vous achetez des euros, ou vous ouvrez une position longue sur l’euro. La deuxième monnaie, qui sert à donner la valeur de la devise de base, est appelée la devise de contrepartie. Dans le cas de la paire EUR/USD, le dollar est la devise de contrepartie, et la valeur de l’euro est exprimée en dollars.
DEVISES CROISÉES
Il existe des paires de devises dans lesquelles le dollar américain n’est ni la devise de base, ni la devise de contrepartie. C’est par exemple le cas d’EUR/GBP, d’EUR/JPY, ou de GBP/JPY. Comme ces paires de devises sont moins « liquides », c’est-à-dire qu’elles sont moins souvent échangées que les autres, leur spread est plus élevé.
GRAPHIQUE EN CHANDELIERS
La façon la plus commune de suivre les fluctuations des prix d’une paire de devises consiste à utiliser un graphique en chandeliers. Celui-ci est composé de « bougies » de deux couleurs différentes (habituellement rouges et vertes), une pour les moments où le prix monte, et l’autre pour celles où il baisse. Le point le plus bas de la bougie montre le prix le plus bas d’une période donnée, et le point le plus élevé correspond au prix le plus élevé. Une bougie verte signifie que le prix a clôturé à la hausse, sur la partie épaisse de la bougie, tandis qu’une bougie rouge indique que le prix a clôturé à la baisse, à la base de la bougie.
La légende raconte que le graphique en chandeliers a été inventé au XVIIe siècle par un marchand de riz japonais qui cherchait une façon efficace et rapide de se faire une idée des fluctuations des prix du riz.
On a énormément écrit sur les différents motifs qui composent les graphiques en chandeliers. Vous n’aurez donc aucun problème à trouver des informations sur les Trois soldats blancs, sur le nuage Ichimoku ou sur les autres types de motifs, dont les noms semblent tout droit sortis d’une version pour adultes de Pokemon11.
EFFET DE LEVIER (LEVERAGE)
L’effet de levier est le rapport entre la valeur sous-jacente d’une transaction et la somme mise de côté pour couvrir les pertes. Il permet de rendre la spéculation sur les instruments financières plus accessible aux traders qui n’ont qu’un petit capital, parce qu’ils n’ont alors besoin que d’une petite partie du total de la somme qu’ils contrôlent.
Exemple : avec un effet de levier de 400/1, qui est le levier maximal chez la plupart des courtiers sur le Forex, vous n’avez besoin que de 2,50 dollars pour acheter un lot micro d’EUR/USD.
1 lot micro = 1000 unités
Effet de levier 400/1
Fonds nécessaires = 1000/400 = 2,50 $
Comme un pip équivaut à 10 cents quand on achète un micro lot, 2,50 $ vous permettent d’avoir un capital « tampon » de 25 pips, pendant lesquels le cours de la paire de devises peut aller à l’opposée de la position que vous avez ouverte avant qu’elle ne soit automatiquement fermée. En d’autres termes, avec un effet de levier de 400/1, vous pouvez placer 1000 $ avec seulement 2,50 $.
L’effet de levier est bien entendu une arme à double tranchant, parce qu’il démultiplie aussi bien les pertes que les bénéfices. C’est aussi ce qui ouvre les portes du Forex aux petits traders, qui veulent adopter des stratégies agressives pour obtenir de plus gros profits.
LOT STANDARD
Une unité de mesure qui représente 100 000 unités d’une monnaie donnée. D’autres unités de mesure ont été introduites : le lot mini (10 000 unités) et le lot micro (1000 unités).
Il s’agit de la plus faible variation de prix d’une paire de devises. Cela correspond au quatrième chiffre après la virgule pour la majorité des paires de devises (par exemple, pour l’EUR/USD : 1,4522 $)
RÉSISTANCE ET SOUTIEN
Les prix qu’une paire de devises a eu du mal à dépasser par le passé ou qui forment une sorte de barrière naturelle, comme le seuil psychologique de 1,5000 $ pour l’EUR/USD.
Les points de résistance sont des prix qu’une paire de devises en hausse n’arrive pas à franchir. Plus le mouvement haussier d’une paire de devises est stoppé, plus on dit que le seuil de résistance est important.
Il en va de même pour le soutien, mais avec des prix en baisse.