LES ETUDES PILOTES
Comme précédemment mentionné (voir section 2.1.), pour crédibiliser notre manipulation du stéréotype dans l’étude 3, lorsque les participant.e.s étaient assigné.e.s à la condition contre-stéréotypique, ils/elles portaient un casque NIRS factice. Nous avons donc vérifié que l’utilisation de ce casque n’influençait pas la performance des participant.e.s. Pour cela, les participant.e.s ont réalisé le même protocole que dans l’étude 3, sans la manipulation de stéréotype. Après une première séance de familiarisation, les participant.e.s ont réalisé 15 CMV suivies d’une minute de repos et de nouveau 15 CMV. Une semaine plus tard, les participant.e.s réalisaient de nouveau ce protocole. La seule différence entre ces deux temps expérimentaux était que, lors d’une des deux sessions, les participant.e.s étaient équipé.e.s du casque NIRS durant la minute de repos. Nous avons alors analysé la chute de performance des 15 dernières contractions entre ces deux conditions (i.e., indicateur de performance). Aucune différence de performance n’était observée entre la condition où le casque NIRS était porté et la condition où la tâche était réalisée sans l’instrumentalisation, suggérant que le port du casque n’influencerait pas la performance des participant.e.s.
Dans l’étude 2, nous avons utilisé une tâche de cyclisme à intensité perçue constante. Cet effort se basant sur une perception subjective de l’effort, il était nécessaire de vérifier que la tâche était reproductible, c’est-à-dire que les participant.e.s puissent répliquer leur performance46 sur différentes sessions lorsqu’ils/elles sont placé.e.s dans les mêmes conditions. Pour cela, après avoir été familiarisé.e.s lors d’une session inaugurale (voir section 3.3.), les participant.e.s ont réalisé deux fois 20 minutes de cyclisme à une intensité perçue « modérée » lors de deux sessions espacées de sept jours (i.e., aucune manipulation de stéréotype n’était réalisée). Aucune différence de performance n’était observée entre les deux sessions, suggérant une bonne reproductibilité de la tâche. De plus, le coefficient de variation entre ces deux sessions était inférieur à 4% démontrant également une reproductibilité élevée.
LES SEANCES DE FAMILIARISATION
Dans l’étude 2, la première session était une séance de familiarisation durant laquelle les participant.e.s ont réalisé la même tâche que lors des séances expérimentales (i.e., deux séries de 15 CMV séparées par un temps de repos d’une minute). Cette tâche se basant uniquement sur des CMV, une familiarisation des participant.e.s à ces contractions apparaissait comme primordiale (Gandevia, 2001). Selon cet auteur, une des précautions à prendre lors de l’investigation de CMV est de s’assurer que les participant.e.s soient capables de réaliser des contractions maximales afin d’assurer une mesure fiable et reproductible lors des sessions expérimentales. Si la CMV des participant.e.s n’était pas réellement maximale, cela influencerait, en plus de la performance, la mesure d’activation volontaire (AV ; indicateur majeur d’une fatigue centrale). En effet, si la stimulation électrique délivrée par l’expérimentateur/trice survient à un niveau de force sous-maximal, l’AV est alors sous-estimée et inutilisable (Gandevia, 2001 ; Shield & Zhou, 2004). Enfin, cette session avait également pour but de familiariser les participant.e.s avec les stimulations électriques utilisées dans le but de définir l’origine de la fatigue induite par la tâche. En effet, ces stimulations pouvant paraître déplaisantes vis-à-vis des participant.e.s, les familiariser avec cette mesure apparaissait comme nécessaire.
Les tâches utilisées dans les études 2 et 4 étaient basées sur une perception de l’effort subjective que les participant.e.s devaient maintenir pendant l’intégralité de la tâche. Lors de l’investigation ou l’utilisation de la perception de l’effort (RPE), Pageaux (2016) a établi une liste de recommandations visant à améliorer la qualité de la mesure. Une séance de familiarisation est notamment conseillée pour s’assurer que les participant.e.s comprennent et évaluent correctement leur RPE (Pageaux, 2016). Il est de surcroit primordial de familiariser les participant.e.s lorsque la RPE est utilisée pour définir l’intensité de la tâche (i.e., tâche à intensité perçue constante). Pour ce type de protocole, le/la participant.e doit rester à une intensité perçue fixe pendant toute la durée de la tâche. Pour s’assurer que les participant.e.s sont capables de correctement gérer leur effort produit en se basant sur leur RPE, une visite de familiarisation est primordiale. Deux techniques ont été utilisées dans la littérature scientifique pour s’assurer que les participant.e.s soient capables de correctement gérer leur effort : (1) familiariser les participant.e.s aux différents échelons de l’échelle d’effort utilisée (e.g., Lander et al., 2009) ou (2) vérifier la reproductibilité de la tâche sur la RPE établie (e.g., Roussey et al., 2018). Dans les études 2 et 4, nous avons couplé ces deux méthodes pour augmenter la reproductibilité de la tâche. Cette combinaison de techniques permettait de s’assurer que les participant.e.s étaient capables de gérer leur effort à la cible fixée, tout en étant aptes à déterminer à quels moments ils/elles devaient adapter leur effort pour maintenir la même RPE, dans le cas où une adaptation était nécessaire.
Dans l’étude 2, lors de la séance de familiarisation, des instructions standardisées sur la RPE ont été données aux participant.e.s (Pageaux, 2016). Ils/elles ont ensuite réalisé 5 minutes de cyclisme à différentes intensités perçues, sous une forme pyramidale, dans l’ordre suivant : RPE 11, RPE 13, RPE 15, RPE 13, RPE 11, basée sur l’échelle 6-20 de Borg (1970). Il était demandé aux participant.e.s de pédaler à une intensité représentant la valeur choisie de RPE. Les participant.e.s pouvaient adapter leur effort si nécessaire et avaient pour principale consigne de maintenir l’effort perçu sélectionné constant. Entre chaque intensité perçue, les participant.e.s disposaient de 5 minutes de repos, durant lesquelles l’expérimentateur redonnait des consignes sur la RPE et des feedbacks aux participant.e.s, pour d’éventuelles adaptations lors des futurs essais. L’objectif de ces différents essais était de permettre aux participant.e.s de se familiariser avec l’intensité qui était utilisée lors des sessions expérimentales (i.e., RPE 13) mais également aux perceptions situées autour de cet échelon (i.e., RPE 11 et RPE 15). A la suite de cette pyramide d’essais, les participant.e.s devaient réaliser deux fois 7 minutes de cyclisme à RPE 13 avec 15 minutes de repos entre les deux essais (Figure 23). L’objectif était de vérifier si les participant.e.s étaient capables de réaliser deux fois la même tâche avec un coefficient de variation inférieur à 5% entre les deux essais (e.g., Roussey et al., 2018). Si c’était bien le cas, la session était terminée, sinon d’autres essais étaient réalisés jusqu’à atteindre ce seuil de reproductibilité.
Cette figure représente le protocole utilisé dans l’étude 2 pour familiariser les participant.e.s à gérer leur effort au travers de leur RPE. Dans un premier temps, ils/elles ont réalisé 5 minutes de cyclisme à différentes intensités perçues (i.e., RPE 11, RPE 13, RPE 15) (Borg, 1970). Puis, les participant.e.s ont réalisé deux tâches de cyclisme de 7 minutes à RPE 13 (intensité choisie pour les sessions expérimentales) dans le but de vérifier la reproductibilité de la tâche et la capacité du/de la participant.e à correctement gérer son effort en utilisant sa RPE.
Dans l’étude 4, le protocole de familiarisation a été adapté pour des tâches de contraction isométrique. Après avoir reçu les instructions standardisées, les participant.e.s ont réalisé 5 contractions de 5 secondes avec 5 secondes de récupération, à différentes intensités perçues dans l’ordre suivant : RPE 3, RPE 5, RPE 7, RPE 5, RPE 3, en utilisant l’échelle CR-1047 (Borg, 1998). La force produite par les participant.e.s devait toujours correspondre à l’effort perçu sélectionné. Entre chaque intensité perçue, les participant.e.s disposaient de 2 minutes de repos durant lesquelles l’expérimentateur leur donnait des feedbacks. A la suite de cette pyramide, les participant.e.s ont réalisé deux séries de 10 contractions de 5 secondes avec 5 secondes de récupération, séparées de 10 minutes de repos (Figure 24). Comme pour l’étude 2, l’objectif était de vérifier si les participant.e.s étaient capables de réaliser deux fois la même tâche avec un coefficient de variabilité inférieur à 5% entre les deux essais. Si le coefficient était bien inférieur à 5%, alors la session de familiarisation était terminée, sinon, des nouvelles séries étaient réalisées jusqu’à ce que ce coefficient soit inférieur à ce seuil.