Les Systèmes Financiers
La croissance d’une économie exige la réalisation de gros projets dont les investissements ne sont rentables qu’à long terme ; or les épargnants ne sont généralement pas prêts à s’engager dans de tels investissements ; donc il est évident que les intermédiaires financiers sont la seule solution pour coïncider les besoins en financement long des producteurs et l’épargne à moyen et à court termes des individus. Hicks (1969) juge que l’apport du système financier en matière de réduction des risques de liquidité a été l’une des causes majeures de la révolution industrielle en Grande Bretagne ; il avance comme preuve la fabrication à grande échelle de produits inventés bien longtemps avant.
Donc, l’innovation technologique n’était pas le noyau de la révolution (les nouvelles inventions ont été gardées en prototypes) mais c’est plutôt le développement du secteur des finances qui a permis de transformer les prototypes en fabrication à grande échelle.1 A travers cette section, nous allons essayer de comprendre le fonctionnement des systèmes financiers comme un ensemble, et puis le fonctionnement des principaux intermédiaires qui les composent. On essayera par la suite de comprendre les différences qui caractérisent les mêmes intermédiaires à travers les différents pays ; dans ce sens, on suppose que la structure financière d’une économie et le niveau de l’innovation atteint sont les déterminants les plus importants.
Les Fonctions du Système Financier
On peut définir le système financier comme “l’ensemble des marchés, des intermédiaires, des sociétés de services et toutes les autres institutions qui mettent en œuvre les décisions financières des ménages, des entreprises et des gouvernements” 2 , ou “l’agencement des dettes et des créances, répartis entre banque centrale, système bancaire au sens large, entreprises et particuliers”.3 L’évolution des systèmes financiers durant les cinq derniers siècles s’est manifestée principalement à deux niveaux : l’apparition de nouveaux intermédiaires, et l’élargissement de la gamme des produits et services offerts par chacun d’entre eux.
Les banques ont été pendant très longtemps les seuls établissements financiers à fournir leurs services aux marchands, et à moindre degré aux individus ; leurs activités se sont développées en fur et à mesure de l’évolution de la demande, des innovations technologiques ainsi qu’en réponse à l’apparition des nouveaux intermédiaires tels que les compagnies d’assurance. Par contre, à court et à moyen termes, Levine (1997) estime que les fonctions de base des systèmes financiers sont constantes à travers le temps et à travers les pays ; c’est plutôt la qualité de leurs services, le type des instruments et des institutions financières qui varient.
Donc on peut considérer qu’un système financier, quelle que soit sa composition, remplit les fonctions majeures suivantes : * Le transfert des ressources : Tout flux financier implique l’abandon de quelque chose aujourd’hui (ou ici) pour obtenir quelque chose d’autre dans le futur (ou ailleurs), ou vice versa. Prendre un crédit immobilier, épargner dans un compte retraite, investir dans du nouveau équipement ou escompter une dette sont de différentes formes de transfert intertemporal de ressources qu’un système financier peut permettre. D’un autre coté, le système financier peut faciliter la mobilité des ressources entre les villes d’un même pays, ou à travers les pays et les continents. Une chose est certaine, plus l’économie est complexe, plus est la demande sur les services des intermédiaires financiers.
L’acheminement des ressources des épargnants aux investissements les plus rentables
La liquidité est la facilité et la vitesse avec laquelle les agents peuvent convertir leurs actifs en pouvoir d’achats aux prix voulus ; pour cela on peut dire que les actions sont plus liquides que les biens immobiliers. Donc, les risques de liquidité sont associés à l’incertitude de la conversion des actifs. Supposons qu’un individu choisit d’investir dans des actifs à haut rendement, mais à liquidité réduite, il prend le risque ne pas pouvoir convertir ses actifs en autres plus liquides s’il en a besoin avant que l’investissement ne soit productif