Le trouble de personnalité limite selon le DSM-S
Prévalence du trouble
Selon Imbeau, Bouchard, Terradas et Villeneuve (2014), il appert que 3 % de la population souffre de ce trouble. Les femmes en sont particulièrement touchées, dans une proportion d’environ 75 %. Ceci confirme les statistiques présentées dans le DSM-5 (APA, 2013) à savoir que la prévalence du TPL est estimée à 1,6 %, mais pourrait probablement être aussi élevée que 5,9 %. Dans les établissements de soins primaires, la prévalence du TPL augmente à 6 %. Ce taux représente environ 10 % des individus rencontrés en cliniques ambulatoires de santé et de 20 % des patients psychiatriques hospitalisés (APA, 2013).
Séméiologie
Selon le DSM-5 (APA, 2013), le TPL se caractérise par une impulsivité marquée, commençant au commencement de l’ âge adulte et se manifestant dans divers contextes. Le mode de fonctionnement général du TPL est défini par l’ instabilité des relations interpersonnelles, de l’ image de soi et des affects. Les difficultés relationnelles, sous entendues par l’ angoisse d’ abandon, prédominent dans le trouble de personnalité. Par ailleurs, dans le modèle alternatif proposé par le DSM-5, un dysfonctionnement du Soi (identité et direction) de même qu’ un dysfonctionnement interpersonnel (manque d’ empathie et incapacité à l’intimité) sont les domaines privilégiés pour statuer sur un TPL .
De plus, l’ individu présente une instabilité sur le plan affectif (dysphorie, irritabilité, anxiété). L’ image de soi et les relations interpersonnelles sont marquées par l’alternance entre l’ idéalisation et la dévalorisation. La colère est difficilement contrôlée et les sujets peuvent présenter des symptômes paranoïdes ou dissociatifs transitoires liés au stress. De plus, 70 à 80 % des patients présentent des comportements auto agressifs : automutilations et tentatives de suicide (Bradley et al., 2005). La psychothérapie est un traitement de choix pour cette clientèle (Zanarini, 2009).
Les structures de la personnalité en psychanalyse
En psychanalyse, il y aurait trois structures de la personnalité: névrotique, limite et psychotique. La structuration limite diffère selon les auteurs en ce qui concerne le fait d’être véritablement une organisation stable (Kernberg, 2016a) ou plutôt une astructuration (Bergeret, 2004). Dans chacune des structures découlent des fonctions mentales qui organisent les comportements, les perceptions et l’expérience subjective d’une personne (Clarkin, Kernberg, & Ywomans, 2006). Afin de bien saisir les particularités de la structure de personnalité limite, les structures névrotique et psychotique seront tout d’abord résumées.
La structure névrotique
Selon la conception freudienne du développement psychosexuel, la personne de structure névrotique a relativement bien vécu les stades oral, anal, phallique et œdipien (Kernberg, 2016a). Cela rend possible l’ acquisition de l’identité sexuelle. L’Œdipe a été organisateur, c’est-à-dire qu’il y a eu un véritable deuil de la toute puissance narcissique à posséder l’ autre ou à être tout pour lui (Bergeret, 2004). Par l’ acceptation d’un tiers, qui est le plus souvent le père, le sujet met fin à la relation duelle avec la « mère ». Il y a alors une forme d’acceptation que l’autre existe en dehors de soi, ce qui contribue au développement de l’autonomie interne (Bergeret, 2004; Chabert, 2012). La structuration névrotique se caractérise par le développement de la capacité d’établir une relation objectale où l’autre et soi sont distincts (Kernberg, 2016a). Le sujet peut vivre des relations de type égalitaire et conçoit l’autre dans son altérité, étant différent de lui. Il possède suffisamment d’autonomie interne, car il a intégré l’ objet à l’intérieur de lui. En l’absence de l’objet, il ne ressent pas de manque et de vide. Son identité est suffisamment consistante pour interagir avec autrui sans confusion entre lui et l’objet (Bergeret, 2004; Kernberg, 2016a). Le sujet vit alors des relations lui permettant un échange avec l’autre sans se perdre. Ses affects sont modulés et ses relations interpersonnelles sont stables (Kernberg, 2016a) .
L’angoisse de la castration/punition caractérise le névrotique. Il lui est donc possible de ressentir de la culpabilité. La prohibition de l’inceste lui aura permis l’intégration des interdits parentaux et sociaux, d’où le fait que le surmoi soit l’héritier du complexe d’Œdipe. Le conflit psychique du sujet se situe entre ses pulsions et ses interdits et, le plus souvent, il pourra aménager un compromis par le refoulement. Les principaux mécanismes de défense pour lui sont le refoulement, l’intellectualisation, la rationalisation, la sublimation, l’humour (Bergeret, 2004). Le sujet de structure névrotique possède la capacité de transformer des processus primaires en processus secondaires. La spécificité de la névrose est l’ aspect intrapsychique du conflit avec le jeu de ses représentations inconscientes de l’objet.
Introduction |