Méthodologie mise en place
Présentation de la méthode et des outils mis en place
Dans ce projet de recherche, nous souhaitons vérifier si les programmes urbains de revitalisation de friches, bien que prônant une certaine mixité sociale, constituent un outil d’attraction d’une classe sociale plus aisée au détriment de l’identité historique du territoire. Aussi, de par l’étude de deux projets urbains de requalification de sites industriels en France et au Québec (Canada), notre méthodologie aura pour but de vérifier les trois objectifs suivants : Objectif 1 : Vérifier si le programme vise à densifier le tissu territorial existant. Objectif 2 : Vérifier s’il y a « gentrification » en cours (arrivée d’une classe sociale plus aisée) Objectif 3 : Vérifier si le programme contribue à améliorer la diversité (fonctionnelle, économique et sociale). Par l’étude de ces deux projets urbains en regard des indicateurs permettant de répondre aux objectifs fixés, nous pourrons ensuite comparer les évolutions pour déterminer les impacts directs du projet sur la structuration sociale. Mais aussi de comparer leurs caractéristiques dans le but de déterminer si un programme favorise plus qu’un autre l’attraction d’une classe sociale plus élevée. § Échelles et temporalités d’application de la méthodologie « Il existe des projets d’aménagement ou de planification à toutes les échelles : le bâtiment, l’îlot, le quartier, l’ensemble de quartiers, la ville, l’agglomération, le territoire ou la région. Chaque échelle de projet présente des spécificités intrinsèques très variées, qu’il s’agisse des possibilités d’aménagement, des acteurs impliqués ou de l’échelle de temps. Le choix de l’échelle de travail est la première étape clef qui oriente fortement le projet tant au niveau du type de données disponibles qu’au niveau des objectifs à définir » [Cherqui, 2006]. C’est pourquoi, nous avons choisi de retenir deux projets urbains s’inscrivant dans un projet de quartier. Cependant, notre méthodologie vise à répondre à trois objectifs, aussi une deuxième échelle d’étude sera présente au sein de notre méthodologie. D’une part, l’échelle du quartier, borné par des limites institutionnalisées. Aujourd’hui au travers de cette échelle, le quartier renvoie à une action sociale et/ou urbanistique. Aussi, les opérations d’aménagement (par exemple en France, ancienne zone à urbaniser en priorité, zone d’aménagement concertée, grand projet de renouvellement urbain, zones de requalification urbaine, etc.) concourent à former des ensembles souvent qualifiés de « quartier ». Il est alors un schéma technique d’organisation de l’espace urbain pour beaucoup de professionnels ou d’élus [Gérard, 1983]. D’autre part à l’échelle de la ville, nous prendrons alors comme limite, les données communales des territoires d’étude. Dans le but de répondre à chacun des objectifs précédemment énoncés, nous analyserons les données relatives au quartier d’étude ainsi qu’à l’échelle de la ville dans laquelle le projet urbain s’inscrit. Aussi, suivant l’objectif auquel nous tenterons d’apporter des éléments, nous analyserons les données relatives au territoire d’étude avant la réalisation du programme de requalification, pendant le déroulement du programme et si possible les caractéristiques prévues lorsque le programme sera achevé, on parlera alors de données de prospectives. § Les sources de données mobilisées Les sources de données mobilisées dans ce projet de recherche sont alors essentiellement des sources produisant des données d’ordre quantitative. Il s’agit de :
L’INSEE
Institut National de la Statistique et des Études Économiques. Il s’agit d’un institut dont les missions consistent à collecter, produire, analyser et diffuser des informations à caractère économique et sociale en France.
STATISTIQUES CANADA
Agence du gouvernement fédéral canadien qui a pour mandat de faire la collecte et la compilation de statistiques sur le Canada et ses habitants. Au Canada, les statistiques sont de responsabilité fédérale, ainsi, les statistiques des provinces sont prises en charge par l’agence. ü Sites des projets d’aménagements ü Sites des communes d’études § Choix des indicateurs A partir des trois objectifs énoncés pour confirmer ou infirmer notre hypothèse de départ, notre méthodologie va mobiliser un certain nombre d’indicateurs, qu’il est nécessaire de préalablement bien définir. Ces indicateurs sont des grandeurs spécifiques observables et mesurables qui peuvent servir à montrer les changements obtenus ou les progrès accomplis par un programme en vue de la réalisation d’un effet spécifique. Aussi, ces indicateurs peuvent être quantitatifs ou qualitatifs. Objectif 1 : vérifier si le programme vise à densifier le tissu territorial existant ü Nombre d’habitants : cet indicateur nous permettra de connaître l’évolution démographique induite par le projet d’aménagement (avant – pendant/ après). ü Densité de population : cet indicateur nous permettra de connaître l’évolution de la densité de population sur un territoire. Elle est calculée par le rapport du nombre d’habitants sur la surface du territoire à l’étude (habitants/km2).
LES STRATEGIES URBAINES DE DENSIFICATION ET DE RECONQUETE DES CENTRES VILLES
Objectif 2 : Vérifier s’il y a « gentrification » en cours (arrivée d’une classe sociale plus aisée) Afin d’établir les indicateurs nécessaires à cette évaluation, nous nous sommes appuyés sur un rapport produit par le Regroupement économique et social du Sud-Ouest (province du Québec) : « Construire un espace équitable ou comment gérer la revitalisation » (2006). Lequel a produit une liste d’indicateurs permettant d’identifier une gentrification en cours dans des quartiers de la métropole Montréalaise. En effet, « bien que les données à caractère socioéconomique ne soient pas à ce jour disponibles avant quelque temps, certaines données plus récentes sur le marché immobilier ainsi que certaines observations qualitatives permettent de distinguer des signes concrets de gentrification, tant du point de vue des nouvelles clientèles que de celui des modifications au caractère particulier des quartiers, sans toutefois que leurs conséquences ne se soient manifestées de manière brutale ». Ci-après la liste des indicateurs d’une gentrification en cours : ü L’arrivée de nouveaux ménages ü L’augmentation du nombre de propriétaires ü L’écart entre les revenus des locataires et propriétaires ü La demande de hausse des loyers ü L’augmentation du nombre de transactions ü La hausse des valeurs marchandes ü La demande de permis de rénovation ü La hausse de la spéculation ü L’implantation de nouveaux services et équipements En accord avec la liste des neuf indicateurs produits par le Comité nous avons sélectionné trois indicateurs que l’on pourrait aisément renseigner à l’aide de bases de données statistiques et comme nous apparaissant comme étant les plus marquants d’une gentrification en cours : ü Revenu moyen : cet indicateur nous permettra de déterminer si l’on constate sur un territoire, l’installation de ménages à revenu plus élevés, modifiant ainsi le caractère particulier du quartier et s’exprime en euros (dollars canadiens au Canada) ü Prix du loyer moyen : cet indicateur nous permettra de déterminer si l’on constate une augmentation du prix moyen du loyer entre deux dates, signe de l’installation de ménages à revenu plus élevés (euros ou dollars canadiens). ü Professions et catégories socio-professionnelles : cet indicateur permet de classer l’ensemble de la population présente sur un territoire en un nombre restreint de catégories présentant chacune une certaine homogénéité sociale. Cette nomenclature, élaborée par l’Insee est multi-dimensionnelle, en ce sens qu’elle est le résultat de la combinaison de plusieurs critères discriminants. Cet indicateur, typiquement Français n’est que peu présent dans d’autres recensements internationaux. Aussi, fonction des ressources disponibles pour l’étude de cas Canadienne, nous aviserons quant à l’utilisation de cet indicateur.