Au moment de l’union en 1925, le Canada compte 4797 églises méthodistes et 4512 églises presbytériennes pour seulement 174 assemblées congrégationalistes . Cette différence marquée a sans contredit un effet majeur sur la façon qu’ont ces trois groupes d’orienter et de coordonner leurs activités. L’appareil administratif requis pour encadrer plus de 4 500 congrégations n’est assurément pas le même que pour moins de 200. En règle générale, plus la taille d’une organisation religieuse est grande, plus elle requiert une structure administrative complexe, ce qui se traduit souvent par une bureaucratisation . Les grandes organisations sont aussi plus susceptibles d’être centralisées par souci d’efficacité. Même s’il permet d’inférer quelques tendances générales, le critère de la taille ne suffit pas pour déterminer précisément à quel point les confessions qui participent à la formation de l’Église Unie sont centralisées. Afin d’y parvemr, nous procéderons donc ici à une analyse qualitative de leur hiérarchie supra-locale.
Le rôle des conseils supra-locaux: appareil hiérarchique ou lieu de collaboration
Les confessions méthodiste et presbytérienne sont relativement similaires sur le plan administratif. Elles sont toutes deux constituées de quatre niveaux d’instances qui s’imbriquent les unes dans les autres en fonction de l’étendue géographique qu’elles desservent. Ainsi, la General Conference des méthodistes, supervise les 12 Annual Conferences qui sont divisées en District Meetings (141 au total) qui à leur tour supervisent tous les Official Boards des églises locales du territoire qu’ils couvrent. Du côté des presbytériens, la General Assembly, regroupe les 8 Synods qui réunissent des Presbyteries (78 au total) qui eux-mêmes sont formés des Sessions des congrégations . Dans les deux systèmes, chaque conseil a autorité, bien que parfois de manière partielle, sur tous ceux qu’il chapeaute.
À l’inverse, les instances nationales et provinciales congrégationalistes constituent des structures de concertation visant à promouvoir la collaboration à l’interne et non des juridictions qui sont investies d’une quelconque forme d’autorité . Chacune des églises locales est représentée par son pasteur ainsi qu’un ou deux délégués laïques au sein de la Congregational Union au niveau national et dans une des associations provinciales. Elles choisissent d’en être membres de leur propre gré et elles n’y sont aucunement soumises . Cette souveraineté des églises locales constitue le plus important point distinctif de la politique interne des congrégationalistes. La loi qui encadre la Congregational Union of Canada adoptée en 1910 stipule par ailleurs que: The Union shall recognize the complete autonomy of the local churches, and shall have no power to assume, in relation to them, any legislative or administrative authority whatever, or to become a court of appeal, except at the request of a church or churches .
La seule décision coercitive qu’il est donné à cette organisation de prendre est celle d’exclure une congrégation ou un pasteur dont elle juge les actions inacceptables, mais ceci ne lui confère aucun droit de regard direct sur les activités de ses membres.
Des instances nationales toutes-puissantes
Le tout contraste fortement avec l’autorité dont disposent les instances supérieures méthodistes et presbytériennes. La constitution des presbytériens est on ne peut plus claire: «The General Assembly being the supreme court of the church, its decisions are final. » Quant à elle, la General Conference jouit de la capacité à se prononcer «upon any measure which may seem necessary for the general interests of the Church » et dispose de la pleine capacité d’établir les règlements qui régissent la confession . Ces instances ont toutefois une existence ponctuelle: les presbytériens tiennent leur conférence nationale une fois par année et les méthodistes tous les quatre ans.
Entre ces réunions qui durent quelques jours, les affaires des Églises sont laissées à divers comités exécutifs nommés par les conseils nationaux . La Congregational Union possède aussi une organisation chargée d’administrer le conseil entre les rencontres annuelles, mais son autorité est limitée aux affaires internes qui n’ont, en théorie, aucune influence sur les églises locales . De leur côté, les membres des comités méthodistes et presbytériens détiennent un levier de pouvoir considérable, car, selon l’historienne Phyllis Airhart, ils sont à l’origine de la grande majorité des propositions qui sont adoptées lors des assemblées nationales. Les délégués qui assistent à ces réunions disposent souvent de bien peu d’influence en dehors de leur capacité à voter pour ou contre les résolutions présentées . Cette centralisation exécutive est particulièrement marquée chez les méthodistes puisque, en dehors des réunions quadriennales, les affaires nationales tiennent essentiellement entre les mains des 12 pasteurs et des 12 laïcs du General Conference Special Committee qui ont la capacité de se prononcer sur tout ce qui « could not have been forseen at the meeting of the of the General Conference .
Ce comité exécutif est d’ailleurs sous la direction du General Superintendant qui prend des décisions en lien avec les questions qui ne sont pas suffisamment importantes ou trop pressantes pour être réglées dans le cadre d’une réunion. Le surintendant est celui qui dispose de la plus grande autorité personnelle dans l’Église méthodiste. Élu pour une période de huit ans par la General Conference et sans restriction quant au nombre de mandats auxquels il est éligible, le surintendant veille sur les dossiers qui touchent l’ensemble de la confession. Il préside la General Conference ainsi que tous les comités exécutifs qui y sont rattachés. Il supervise aussi les conseils inférieurs afin de s’assurer qu’ils respectent bien les résolutions adoptées par la General Conference. Les enjeux régionaux et locaux relèvent avant tout des Annual Conferences, mais le surintendant peut parfois être appelé à y intervenir.
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