LES STRATÉGIES D’ADAPTATION DE L’ÉCONOMIE AUX ALÉAS CLIMATIQUES
L’adaptation peut être définie comme « l’ensemble des évolutions d’organisations et de techniques que les sociétés devront opérer pour limiter les impacts négatifs du changement climatique et en maximiser les effets bénéfiques »1 .Par exemple, changer les modes de construction, déplacer les populations démunies par une inondation sont des exemples d’adaptation.
En effet, elle recouvre des formes d’action très variées, dans des très nombreux secteurs, avec des problématiques très différentes, selon les zones et les échelles géographiques et des instruments très divers. Ainsi, le choix d’une stratégie d’adaptation dépend non seulement des décideurs privés mais aussi ceux du public. Dans cette optique, les Comores propose le PANA (Plan d’Action National d’Adaptation aux changements climatiques).
Les modalités de l’action publique pour l’adaptation
D’après une version de KUMAR Pachaury (président du GIEC), l’adaptation au changement climatique est plus que nécessaire pour chaque nation. Dans sa déclaration, même si on arrive à stabiliser les émissions des gaz à effet de serre, tel est le protocole de Kyoto, cela n’empêche que le climat va changer, car les GES déjà libérés dans l’atmosphère sont suffisants pour soutenir le changement climatique. Dans ce sens, le rapport du conseil économique du développement durable en France expose le même scénario mais d’une autre manière : « même si les émissions des GES étaient stoppées net aujourd’hui, le climat va de toute manière continuer à changer par rapport à ce qu’il est aujourd’hui, du fait de l’inertie du système climatique.
Et si les émissions des GES continuent, ce qui est probable, le climat subira des changements supplémentaires dont l’amplitude dépendra, en revanche du niveau d’émission, et donc du succès ou de l’échec des politiques internationales d’atténuation »1 .Tout ceci revient à dire qu’on n’a pas malgré tout le choix. Il faut s’adapter. Du point de vue de la théorie économique, l’intervention publique pour l‘adaptation est justifiée pour des raisons d’équité et ou d’efficacité. Alors, dans ce sens, chaque pays a le devoir de spécifier les modalités d’action publique pour l‘adaptation. Quatre modalités principales sont souhaitées : la production et la diffusion d’information ; l’action sur les normes et la régulation ; l’action sur les institutions ; l’action sur les décisions des investissements publics.
La production et la diffusion d’information
La première responsabilité de l’autorité publique concerne la production, la publication et la diffusion des informations sur les changements climatiques, sur leurs impacts et sur les moyens de s’y adapter. Il est ainsi, puisque c’est l’Etat qui dispose de nombreux moyens pour inciter à la production de connaissances pertinentes. Alors, la recherche et les résultats de la recherche relève de l‘action publique. Seulement, l’enjeu reste de fournir à temps les éléments de recherche fondamentale suffisants pour que les méthodologies et les technologies utiles pour l’adaptation puissent se développer. Sur ce point, les Comores ont bénéficié un transfert de technologie via l’OSAD (Objectif de Solidarité et d’Aide au Développement). Tout simplement parce qu’étant un pays pauvre, il ne peut pas acquérir cette technologie sur le marché.
Raison pour laquelle, le pays est soutenu par l’apport des spécialistes du GIEC et d’autre ONG pour pouvoir produire et diffuser des informations. Sur ce, nous citons comme exemples la Communication Initiale Nationale pour la CCNUCC et le Plan d’Action National d’Adaptation aux changements climatiques publiés respectivement en 2002 et 2006.
L’action sur les normes et la régulation
L’adaptation des normes et règlements existants en fonction des changements avenirs du climat est une exigence assez évidente pour tout ce qui concerne l’adaptation du capital fixe à longue durée de vie (bâtiments, infrastructures de transport, grands ouvrages, …) Pour le capital fixe à longue durée de vie, la puissance publique fixe typiquement le niveau de risque acceptable, via, par exemple les normes de dimensionnement des grands ouvrages, les normes relatives aux nouvelles constructions, ou la délimitation des zones constructibles. Ces normes sont le plus souvent fondées sur la fréquence passée des catastrophes naturelles. Or, ces fréquences ne correspondent plus aux risques présents et encore moins aux risques futurs. Dans le cas des normes de construction dans le génie civil, par exemple, l’Etat fournit aux acteurs le niveau de résistance attendu. Ce niveau est en général calculé par les services de l’Etat à partir des données historiques. Avec le changement climatique, ces normes doivent toutefois évoluer. C’est la raison pour laquelle l’Etat doit mettre en place une procédure de réactualisation de ces normes de manière régulière. Sinon, l’Etat peut déléguer ce travail à d’autres acteurs privés.