Les sols des sites d’accumulation
Sur les Hautes Terres et le versant oriental, les sites d’accumulation correspondent uniquement aux vallées (cf photo n°22) où sont déposés les dépôts alluviaux. En fonction du drainage, on peut observer sur la moyenne terrasse des sols allitiques rajeunis. Dans le premier cas, l’incision du réseau hydrographique et le changement des conditions de drainage, a provoqué le lessivage du fer et, à un moindre degré, de la silice dans les anciens niveaux de gley. On aboutit ainsi des sols à gley lessivés assez fortement allitiques. Tous les profils présentent les caractères suivants. A Horizon humifère généralement peu structuré, fortement désaturé. B ou Bg Horizon argileux où aucun minéral primaire altérable ne peut être reconnu. Gibbstique au sommet ( ), plus ou moins bien structuré, atteignant plus de 60cm de profondeur mais ne dépassant pas 1.50m – 2m, fortement désaturé. BC ou BCg Horizon kaolinique, argilo-limoneux, où l’on reconnait des minéraux primaires altérés (ex : squelettes de micas kaolinisés) avec l’absence de véritable zone tachetée. Même pour les sols ferralitiques rajeunis la présence de traces d’hydromorphie peut apparaître à ce niveau, fortement désaturé (BOURGEAT F., SOURDAT M., TRICART, Juillet-Décembre 1979, in revue de Madagascar n°35, pédogenèse et morphogenèse d’après des exemples malgaches). Source : Cliché de l’Auteur (Décembre 2017). Après l’accumulation, les débris sont transportés par des cours d’eau et déposé quelque part pour donner des éluvions. Mais ici, le dynamisme fluviatile lors d’une crue transporte des matériaux grossiers comme le caillou, sable, limon pour former ce qu’on appelle nappe de gravât. A l’état actuel, ce dépôt apparait sur la coupe du sol (cf photo n°23) le stone-lines.
Les sols associés à des remaniements
Sur les Hautes Terres, la présence de nappes de gravats dans les horizons superficiels des sols atteste l’existence, locale, des phénomènes de remaniement, de stone-line (cf photo n°23). Ces différentes couches sont marquées sur les pentes que sur les niveaux locaux d’aplanissement (PETIT M., BOURGEAT F., 1965). Source : Auteur (Decembre 2017). Dans la zone d’Ambohimanambola, les sols de site des remaniements se trouvent sur la plaine d’Ivovoka (partie Sud de la zone) (cf photo n°24). Tous matériaux sont transportés par la rivière provenant des hautes altitudes. Source : Cliché de l’Auteur (Décembre 2017). La dégradation de la végétation, la pédogénéisation déclenche l’action érosive dans cette zone en créant des formes d’érosion diverses sur les versants. Photo 24 : Forme de site de remaniement à Ambohimanambola. Photo 23 : Profil topographique sur la partie septentrionale de la zone d’Ambohimanambola (Tsarataona).
L’action érosive et les formes résultantes
L’érosion est l’ensemble des phénomènes qui façonnent les formes du relief terrestre. L’érosion tend à détruire ces reliefs mais elle le fait inégalement, plus rapidement dans les roches tendres. On dit que son travail est différentiel, c’est-à-dire différent suivant la résistance des roches. Ikopa, la principale rivière traverse la totalité de la plaine d’Ambohimanambola et à Bevomanga, reçoit les apports de ses propres affluents sur les rives gauche et droite juste en amont de l’exutoire. L’affluent de la rive droite est formé par l’Imamba, de direction Est-Ouest qui draine la partie Nord. Les affluents de la rive gauche drainent la partie Sud et sont formés par l’Andromba grossie de Katsaoka, de direction Sud –Nord, et le Sisaony qui prend source à Andramasina. Ils drainent la partie Sud (RAKOTOSOA H. A. H., Mars 2011). D’une part, les processus d’érosion dans la zone étudiée sont : l’érosion mécanique, l’érosion par l’eau, le ruissellement,… D’abord, l’érosion mécanique (cf photo n°26): il se produit sous l’action d’une force physique qui arrache des morceaux de roche plus ou moins volumineux : éclatement dû au gel ou à la chaleur, usure par frottement (écoulement d’eau ou vent), ce sont les débris charriés par les facteurs (rocher, gravier, quartz ou sable) qui sont efficace dans les processus d’érosion. Par exemple : à Ambohibato. Ensuite, l’érosion par l’eau, elle est mécanique et chimique avec principaux altérations : l’hydroclastie, l’effet splash (impact des gouttes d’eau qui tombe sur le sol) la reptation, la solifluxion. L’érosion par l’eau est renforcée par la pente (torrent) et est un facteur de transport à plus ou moins longue distance. Par exemple : à Ankatsaka. Après, le ruissellement est une érosion mécanique, quand le sol est saturé d’eau, l’eau ruisselle à la surface. Il peut être concentré (torrent, oueds) ou diffus. Par exemple : à Antanambola. D’autre part, ces processus d’érosion laissent des formes spécifiques paysagères sur les versants. Des phénomènes en surface et en profondeur créent ces formes. L’agression se fait de façon visible (éboulements,…) ou subtiles (action des vents, pluies, température,…). Les gouttes de pluies sont responsables de ce phénomène. Les différentes formes d’érosion résultantes se distinguent : l’érosion sur les versants comme le pied de vache (photo n°26), la griffure, le ravinement, l’érosion aréolaire et l’érosion en lavaka (photo n°29), le stade ultime de forme de dégradation. Le pied de vache évolue et donne de griffure, de ravin et de lavaka. L’encaissement de celle-ci peut aller de dizaine de mètre à 200 ou 300 m. A coup sûr, les vallées ont été ouvertes dans une topographie d’aplanissement antérieure, on est donc dans tous les cas, en face d’un relief polygénique fait d’héritage divers. Bien souvent, les topographies mollent des interfluves, aux altitudes concordantes de part et d’autre de gorge qui les incitent, sont elles-mêmes dominées par des reliefs isolées armées par des roches peu altérables (granulites, quartzite,…) auxquels on donne le nom de monadnocks. Comme la surface tangente aux aplanissements d’interfluves recoupe des roches et des structures variées, on parle d’une surface d’érosion et, compte tenu de ses irrégularités tout autant que les modalités supposées de son élaboration, on la qualifie de pénéplaine, terme acceptables si l’on ne retient que sa valeur descriptive (VIERS G. 1967). L’érosion aréolaire crée un abaissement et régularisation des versants qui prennent parfois la forme d’un plan incliné appelé 25glacis. Puis le ravinement crée un modelé de dissection appelé 26badland ou le paysage de roubimes ou de calanchi. Cela est caractérisé par des interfluves réduits à des crêtes étroites séparant des ravines. Le ruissellement se produit aussi sous couvert végétal après des séquences pluvieuses abondantes qui saturent les sols et les formations superficielles. Si le seuil de liquidité est atteint, les matériaux transformés en coulées boueuses ou pâteuses fluent sur le versant ; les coulées de 27solifluxion, quand elles sont généralisées, donnent aux versants un aspect bosselé. Ces formes sont présentés à l’aide des photos n°25, 26, 27, 28, 29, 30. Après, l’érosion aréolaire (cf photo n°27 et n°28); les pénéplaines des massifs anciens, elles juxtaposent des topographies de plateaux mollement ondulées où la roche saine n’affleure guère et des vallées aux versants raides et rocheux. Enfin, l’érosion en lavaka ; les lavaka sont des agents naturelles d’évolution des versants. Ils pouvaient apparaitre avec les systèmes de terrasse, coopérant à l’alimentation des formes d’accumulations. Les lavaka seraient des témoins de période d’instabilité climatique correspondant à un retrait de la forêt (RIQUIER J.). Par exemple : à Antanetibe Ambohimahatsinjo. Source : Cliché de l’Auteur (Décembre 2017). Glacis : C’est une forme d’accumulation des sédiments situés en bas de versant de plan incliné. 26 Badlands : Ce sont des terres meubles creusées de profondes rigoles par les eaux de ruissellement. 27 Solifluxion : Ce sont des formations superficielles qui se forment sur les versants et concerne les matériaux boueux ramollis par le teneur en eau liquide. Photo 29 : Erosion en lavaka d’Antanetibe Photo 26 : Erosion mécanique d’Ambohibato Source : Cliché de l’Auteur (Décembre 2017). Photo 30 : Glissement de terrain d’Antanambola Ambohimahatsinjo Photo 25 : Erosion linéaire d’Ankatsaka. Photo 27 : Erosion aréolaire d’Ambohibato. Photo 28 : Erosion aréolaire d’Ambohibato. 69 En général, le sous-espace d’Ambohimanambola est une zone instable. Face à l’action érosive comme le ruissellement, l’action mécanique et chimique, le sol devient instable et change d’aspect. Les actions sont accentuées surtout dans la zone de faible couverture végétale comme dans la partie Ouest d’Ambohimanambola. Les processus d’érosion constituent les 3 sites : le site d’ablation se situe au sommet des collines, le site de transport se déroule sur les pentes et le site d’accumulation se trouve en bas des versants, au bas-fond. Elle se manifeste par l’enlèvement, l’arrachement, la mise en solution, puis le dépôt des particules détachées de la surface du sol et des roches. Ce phénomène crée des modelés sur les versants, comme le ravin, le rigole, le lavaka. Mais sous l’action de la pesanteur, des éboulements, des débris transportés par l’eau sont déplacées. Ce transport à plus ou moins longue distance aboutit à des accumulations créatrices de modelés construits comme le cône de déjection. Son action s’exerce sur les matériaux meubles comme le sable, le limon, l’argile, …provenant des hautes altitudes. Sur les versants, la couverture végétale est discontinue et dégradée, elle protège mal le sol, alors que l’eau ruisselle tout de suite. En général, les eaux de pluies s’infiltrent moins facilement ; si elles surviennent sous formes d’averses brutales, elles ne peuvent être absorbées.