Nous rapportons dans ce travail 11 cas de schizophrénie, hospitalisés dans l’Unité Neuro-Psychiatrie de l’Hôpital Joseph Raseta Befelatanana durant le premier bimestre de l’année 2006.
La schizophrénie a des appellations différentes (1), selon les auteurs et selon les époques :
✔ demence précoce(KRAEPELIN,1896),
✔ psychose catatonique degenerative (PARIS,1903)
✔ demence paratonique progressive(BERNSTEIN,1903)
✔ amblythymia et amblyonia symplex et catatonica(EVENSEN, 1903)
✔ dementia sejunctiva (GROSS,1904)
✔ ataxie intrapsychique (STRANSKY, 1904)
✔ adolescent insanity (CONAGHEY,1905)
✔ demence primaire (SOMMER,1906)
✔ dementia dessecans (ZWEIG,1908)
✔ dysphrenia (WOLF,1908)
✔ dysharmonie intra-psychique (URSTEIN,1909)
✔ folie discordante (Ph.CHASLIN,1912)) .
Le vocable « schizophrénie » est inventé par BLEULER pour définir 5 traits pertinents clairement repérables de cette maladie mentale (Il s’agit de la réunion de troubles mentaux unifiés au regard de la clinique mais hétérogènes du point de vue de leurs étiologies et sur le plan de leurs thérapeutiques. Ces troubles appartiennent à l’ensemble des psychoses et se distinguent des névroses, des oligophrénies et des démences, Leur évolution est souvent chronique mais avec la possibilité d’une intermittence d’arrêts, de retours à un stade antérieur de la maladie, sans véritable restitutio ad integrun, leur groupe s’individualise en propre par la présence de la dissociation ; cette dissociation prend des aspects sémiotiques divers et parfois très dissemblables) .
CONSIDERATIONS GENERALES
Généralités
Le signifiant schizophrénie est un néologisme de la psychiatrie allemande, apparu en 1911 sous la plume de E.BLEULER. Cet auteur , devant rédiger le chapitre dévolu à la démence précoce dans le traité d’ASCHAFFENBURG, estime que l’affection décrite communément sous cette locution ne débute pas toujours à la fin de l’adolescence, n’évolue pas vers un affaiblissement progressif des facultés intellectuelles et mérite d’être appelée « schizophrénie » .
Il reste difficile de donner aux schizophrénies une définition unitaire englobant tous leurs aspects. Néanmoins, celle de Henri EY a le mérite d’être clinique : « ensemble de troubles où dominent la discordance, l’incohérence idéo – verbale, l’ambivalence, l’autisme, les idées délirantes et les hallucinations mal systématisées et de profondes perturbations affectives dans le sens du détachement et de l’étrangeté des sentiments, troubles qui ont tendance à évoluer vers un déficit et une dissociation de la personnalité. » .
Abord pathogénique
Conceptions physiopathogéniques
Les théories physiopathogéniques des schizophrénies sont à la fois nombreuses et contradictoires :
➤ il semble qu’il y ait une prédisposition génétique, mais le pourcentage de concordance varie selon les auteurs (3) ;
➤ les travaux les plus marquants sont d’ordre biochimique :
● présence de la 3-4 diméthyl-1-oxy-phényl-éthylamine (DMPE) dans les urines des schizophrènes, non confirmée par d’autres auteurs (4),
● théorie dopaminergique des schizophrénies non validée par des données quantitatives
● trouble au niveau des acides- aminés, mais on ignore encore s’il s’agit d’un mécanisme causal ou d’un retentissement d’un désordre qu’on cerne mal.
Considérations psychopathogéniques
Les schizophrénies sont considérées comme la réponse à une situation intenable au sein d’une relation pathogène.
a.Conceptions sociologiques
On insiste sur des facteurs tels que :
– la prédominance des schizophrénies chez les célibataires,
– l’appartenance à une classe socio-économique défavorisée,
– l’isolement social
– les caractéristiques familiales .
Mais les facteurs évoqués soulèvent de multiples discussions et notamment, la question de pouvoir départager les causes des conséquences .
b.Conceptions phénoménologiques
On met l’accent sur l’autisme (et non pas sur la dissociation), sur la façon « d’être au monde ». Mais ces analyses n’expliquent pas pourquoi tel sujet choisit d’être coupé du monde des autres et de se réfugier dans un monde à lui.
c.Conceptions psychanalytiques
Le schizophrène n’a pas réussi à bâtir des relations satisfaisantes avec « l’objet ».
Quand il a besoin d’utiliser cette relation objectale « pilote », ne la retrouvant pas, il craque et revient ainsi à un stade très ancien, pré objectal, pré-génital, préoedipien et se bâtit un monde imaginaire qui est une défense contre l’angoisse (c’est le concept de Freud « d’une névrose narcissique ») Ces considérations, loin d’emporter la conviction ou de permettre de renoncer à tout traitement biologique, aident à mieux comprendre la personnalité et la façon d’ « être au monde » du schizophrène et, partant, à mieux l’aider .
Clinique
Les modes d’entrée dans la schizophrénie
Les modalités cliniques par où passent les sujets dont l’évolution ultérieure se fait vers la schizophrénie, paraissent assez nombreuses. Mais, en pratique, on peut les séparer selon leur temporalité.
➤ certains aspects se montrent insidieux et progressifs, sans qu’on puisse facilement en assigner le commencement
➤ d’autres éclatent de façon abrupte, à la surprise de tous.
Sur le plan épidémiologique :
➤ l’âge de début des épisodes initiaux de la schizophrénie de l’adulte se situe entre :
❥ 35 ans (car au-delà, il s’agit plutôt d’une variété différente de délires chroniques) et
❥ 15-18ans, c’est-à-dire dans le milieu et la fin de l’adolescence (car on n’envisage pas ici le développement des psychoses infantiles) ;
➤ il existe habituellement une certaine corrélation entre l’âge de début des troubles et la forme clinique qui y fait suite :
❥ les débuts plus précoces correspondent :
– surtout à l’hébéphrénie et,
– un peu moins à la catatonie.
❥ les débuts plus tardifs installent surtout les délires paranoïdes
➤ La schizophrénie peut :
❥ s’observer :
→ soit sur une personnalité prépsychotique :
– caractère schizoïde avec son humeur renfermée,
– sa froideur,
– son inhibition allant de pair avec une très vive sensibilité et une certaine impulsivité,
→ soit sur un état limite qui, alors, décompense, ou
❥ apparaître comme une rupture avec la personnalité antérieure.
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