LES SAVOIRS DANS LES MODES DE CONSERVATION

LES SAVOIRS DANS LES MODES DE CONSERVATION

LES SAVOIRS DANS LA GESTION DES FORETS CLASSEES ET DU PARC

La gestion des forêts classées et du PNDS repose essentiellement sur les savoirs administratifs. Leur gestion est organisée par le code forestier et les plans de gestion conçus à cet effet. Pour ce qui est du code, il prévoit en sa partie réglementaire les dispositions relatives à l’accès, à l’usage et au contrôle des ressources se trouvant dans les aires protégées. Par exemple concernant le ramassage du bois mort pour l’usage domestique ou la commercialisation il est assujetti à une autorisation qui est délivrée par l’Inspection Régionale des Eaux et Forêts. Lorsqu’on obtient une autorisation, qui n’est d’ailleurs délivrée qu’à quelques rares individus après plusieurs démarches, on peut procéder à la collecte. Une fois celle-ci terminée, le collecteur repasse auprès de l’agent local des eaux et forêts pour que ce dernier constate que le bois est bien mort. C’est seulement après cela que l’exploitant peut partir avec son chargement. Depuis1999, un plan de gestion de la RBDS a été élaboré sous l’égide de la Direction des Parcs Nationaux (DPN) avec l’appui technique de l’UICN. Ce plan qui a été conçu avec le concours des populations locales a procédé à un état des lieux des ressources naturelles par une MARP (Méthode Active de Recherche Participative), à une identification des causes de la dégradation et enfin à la proposition de solutions pour la résolution des problèmes. Un plan de gestion est mis en branle à cet effet.

Ce dernier a procédé à un zoning de la RBDS en trois espaces distincts qui remplissent chacun une fonction bien déterminée : • une zone centrale constituée du PNDS qui bénéficie d’une protection et permet de conserver la diversité biologique, de surveiller les écosystèmes les moins perturbés, et de mener des recherches et autres activités peu perturbantes (éducation par exemple) ; • une zone tampon bien identifiée, qui jouxte l’aire centrale, constituée de forêts classées ou d’anciennes jachères, utilisée pour des activités de coopération compatibles avec des pratiques écologiquement viables, y compris l’éducation relative à l’environnement, les loisirs, l’écotourisme et la recherche appliquée et fondamentale ; • une zone flexible ou zone de terroir qui comprend un certain nombre d’activités agricoles, d’établissements humains ou autres exploitations dans lesquelles les communautés locales, agences de gestion scientifique, organisations non gouvernementales, groupes culturels, intérêts économiques et autres partenaires travaillent ensemble pour gérer et développer durablement les ressources de la région. Le plan de gestion élaboré selon la philosophie du programme MAB de l’UNESCO s’inscrit dans le cadre des objectifs définis par les conventions de Ramsar, Rio sur la diversité biologique et Paris sur la lutte contre la désertification (DPN, 1999).

Par ailleurs le Sénégal a élaboré plusieurs plans stratégiques pour la gestion des ressources naturelles qui influent directement sur la gestion des aires protégées. C’est le cas du Plan National d’Actions Environnementales (PNAE), qui constitue un cadre stratégique qui permet d’identifier et de hiérarchiser les priorités environnementales, afin de constituer la base d’un 5 système efficace de planification et de gestion des ressources naturelles et de l’environnement dans la perspective d’un développement durable

LES SAVOIRS DANS LA GESTION DES RNC ET DES AMP

Les savoirs conçus pour la gestion des RNC et des AMP sont presque identiques. Ils reposent sur une approche participative qui fait appel à la fois aux savoirs administratifs et aux pratiques locales. Ce sont des savoirs administratifs qui ont été adaptés à leur contexte de mise en œuvre. A la place des lois et règlements on a des conventions locales et des codes locaux ou un règlement intérieur. Ces derniers sont élaborés sur la base d’un consensus entre les populations locales et les institutions. Dans la gestion de la RNC de Néma Ba et de l’AMP de Bamboung le savoir privilégié est fondé sur l’approche syncrétique, qui signifie l’élaboration et l’utilisation d’une synthèse plus ou moins consolidée de connaissances et de pratiques de différentes origines historiques et culturelles. C’est une approche qui cherche à comprendre les racines culturelles et traditionnelles des activités à mettre en œuvre et s’appuyer sur elles.

C’est le cas de la fusion ad hoc de pratiques de gestion des ressources naturelles traditionnelles et modernes (BorriniFeyerabend et al, 2000). Par exemple dans la campagne de sensibilisation pour la mise en œuvre de l’AMP, l’OCEANIUM s’est beaucoup appuyée sur les savoirs locaux. La stratégie de communication qui a été mise en branle a cherché à faire le rapprochement entre certaines pratiques traditionnelles comme les interdits et les endroits sacrés comme une forme de gestion de la biodiversité. C’est ainsi qu’il a été dit aux populations que les AMP ne sont pas différentes de ce qui existait et existe encore ici et légué par les ancêtres. Le repos biologique qui sera instauré par l’entremise des AMP a toujours été pratiqué par les ancêtres mais sous des formes relativement différentes. Lorsque des endroits précis étaient désignés comme sacrés et que personne n’était autorisé à y pêcher sauf sur autorisation du conservateur, c’était parce que généralement c’est un site de fraie ou de croissance des juvéniles.

C’est le cas de Laga qui est un endroit constitué de bolons sacrés où personne ne pénètre sans l’autorisation du conservateur qui vit à Ndorong à côté du village de Soum. Le processus de la gestion de la RNC de Néma Ba et L’AMP de Bamboung s’est effectué dans une dynamique participative subdivisée en trois phases : 57 La phase une (1) qui a consisté à l’organisation du partenariat, la phase deux (2) à négocier les plans et les accords et la phase trois (3) à apprendre par l’action. Dans la phase une, il s’est agi d’identifier les informations et les outils sur les principales questions écologiques et sociales et les unités de ressources naturelles à gérer et les parties prenantes impliquées