Les rôles des services publics sociaux dans la lutte contre l’exclusion sociale 

Définitions de l’exclusion sociale

Définitions de l’exclusion sociale

L’exclusion est un terme qui désigne des réalités fort diverses, des processus plutôt : exclusions sociales, les plus nombreuses ; exclusions culturelles, souvent les plus insidieuses ; exclusions au nom de sa propre identité, de son appartenance communautaire, ou nationale. L’exclu est ou devient l’étranger, celui que l’on ne connaît pas, que l’on ne fréquente pas, que l’on ne voit même pas. La société est d’abord riche de ses divisions, et nombre de personnes ne peuvent s’imaginer et affirmer leur identité que par refus des autres, qui va de l’indifférence au rejet affirmé et revendiqué.
La notion de l’exclusion sociale est une notion qui est source de motivation de plusieurs sociologues. Elle est liée au concept de lien social. De façon général et vague, on définit l’exclusion sociale comme le rupture de lien relationnel, professionnel, et culturel d’un individu.
Cette définition n’explique pour autant notre sujet ; il est important d’éclairer l’exclusion sociale selon les différentes approches, et selon les auteurs. Car, en général, il n’y a pas une définition unique de l’exclusion sociale. Selon le dictionnaire libre « Wikipédia », il la définit comme une relégation ou marginalisation sociale de personnes, ne correspondantpas ou plus au modèle dominant d’une société.

Le rôle des services publics dans la lutte contre l’exclusion sociale

Elle n’est généralement ni véritablement délibérée, ni socialement admise, mais constitue un processus plus ou moins brutal de rupture parfois progressive des liens sociaux. L’intérêt de cette définition est qu’on retrouve ici la notion d’une identité dominante dans une société. Les habitudes de pensées et d’agir d’une groupe de personnes dominants devient des contraintes pour les autres membres de la société. Toute personne qui n’a pas de capacité de s’adapter à ces habitudes risques d’être un exclu. On parle ici d’une exclusion par la culture. Elle peut être aussi définit comme un processus de stigmatisation1 , lorsque l’exclusion prive un individu ou un groupe d’une reconnaissance c’est-à-dire nie son identité. On parle ici d’un passage d’état de fait au statut. Cette définition est valable surtout lorsque cette exclusion touche des groupes très fragilisés économiquement, elle entretient leur stigmatisation. Par l’analyse de besoin2, l’exclusion sociale peut être défini comme la non satisfaction de besoin d’appartenance. Puisque l’homme doit vivre en société, les manques de relation sociale et communautaire est une situation où l’individu se sent dans un état d’inconfort et d’insatisfaction. La notion d’intégration est liée ici une notion subjective. C’est à partir des perceptions de l’individu qu’on identifie un exclu. Dans ce cas, un individu est intégré tant que son sentiment d’appartenance à une communauté est riche de lien social.
Pour les sociologues comme Durkheim, il définit l’exclusion sociale comme une manifestation de dérèglement social. Dans ce cas là, l’exclusion sociale est liée au concept de l’anomie. Plus précisément, elle est un cas particulier de ce dérèglement sociale comme la lutte de classe. L’anomie se définit comme une situation de dérèglement social. Il y a anomie lorsque les règles sociales, les normes en vigueur dans un groupe ou une société n’ont plus assez de force pour réguler l’activité des individus . Chez Durkheim, l’exclusion sociale se définit comme une rupture partielle de la solidarité organique. Cette solidarité est fondée sur la division de travail. Il définit un exclu comme un raté du système de division de travail c’est-à-dire ce qui est dehors du système.

Les formes de l’exclusion sociale

L’exclusion sociale peut prendre des diverses formes. Les prisonniers, les chômeurs, les handicapés, les plus démunis (…) peuvent être considérés comme des exclus dans un contexte donné. Le chômeur, par exemple, qui est écarté de la vie professionnelle peut être considéré comme un exclu dans ce sens.
De façon générale, on peut distinguer deux cas d’exclusion sociale. Elle peut être due à la volonté de l’individu. L’exclusion est ici un acte volontaire. Elle est un choix personnel. Même si on a droit d’opiner et d’agir comme on l’entend, la liberté d’opinion, et les actions sont limitées par des interdits officieux. La société impose à l’individu des règles de conduites qu’il doit respecter. La violation de ces règles amène le milieu auquel l’individu appartient à l’écarter. C’est le cas des prisonniers.
Elle peut être aussi involontaire. Comme l’exclusion consiste en un ensemble de ruptures affectant aussi bien les aspects matériels de la vie que sociaux, le cumul des handicaps sociaux risque toujours de déclencher le processus de désocialisation d’un individu.
La population la plus touchée par ce cas là est les membres les plus démunis de la société. Ces populations sont en état de fragilité et ils ont une forte chance de connaître le processus susceptible de les exclure de la vie collective, professionnelle et relationnelle.
Cette dernière illustration nous a permis devoir que à chaque phase du processus, on retrouve différentes formes d’exclusion sociale. Il est alors utile de recourir à une méthode d’analyse qui permet d’étudier ce processus pour en sortir les formes. C’est pourquoi, dans ce chapitre, on va retracer tout d’abord le processus de désocialisation à partir de l’analyse de parcours de désocialisation d’un individu. Pour ensuite, étudier deux formes analyser par la science économique : le chômage et l’exclusion sur le marché.

L’analyse de l’exclusion sociale par le parcours de désocialisation

Le parcours de désocialisation est un modèle décrit par A. Vexliard . Ce modèle montre les quatre phases du processus de désocialisation d’un individu. Différent des approches quantitatives traditionnelles, il permet de tenir compte les autres dimensions et formes de l’exclusion sociale comme les dimensions relationnelles et communautaires.Alexandre Vexliard est un psychologue et il a développé ce modèle en 1957

Le rôle des services publics dans la lutte contre l’exclusion sociale

Le modèle permet de situer toutes les trajectoires de l’individu tels la trajectoire résidentielle, la trajectoire professionnelle, la trajectoire relationnelle. A chaque phase du processus, on retrouve une forme de la manifestation de l’exclusion.
La première phase est presque toujours une phase agressive. Elle est déclenchée par un événement brutal comme le divorce ou la perte de l’emploi. Dans cette phase, l’individu tente de rétablir le cours de sa vie.Il est persuadé que sa vie va reprendre très vite une existence normale. Pourtant la vie de l’individu se fragilise, ses relations commencent à se détériorer, la personne commence à côtoyer d’autres personnes dans la même situation mais les rejette. Si l’individu n’a pas la chance de retrouver des conditions de vie favorables, une phase de replis’instaure.

Le chômage : une forme d’exclusion

La relation entre bonheur et travail s’enferme souvent dans une polémique entre deux concepts philosophiques. D’un côté, le travail revient à la notion d’esclavage. Et de l’autre côté, le travail est conçu comme une contribution au progrès de l’humanité, il est un fondement de lien social donc permettant d’intégrer un individu. En conséquence, le chômage étant défini comme l’inactivité d’une personne souhaitant travailler est donc source d’inconfort et d’insatisfaction.
Dans cette dernière conception,le travail crée des liens. L’identité au travail génère des liens sociaux. Ce rôle de travail, source de lien social, qu’on va essayer de dégager dans cette présente section avant de développer le chômage étant une forme de l’exclusion sociale

Analyse du travail comme facteur d’intégration

Dans cette sous section, on va développer l’importance que le travail occupe dans la formation de lien social et sa participation à la construction de l’identité personnelle. En effet un individu acquiert sa dignité en travaillant . La participation à la production de biens ou de services valorise le statut social de l’individu. Plus on est important, plus on travaille.
L’expérience des femmes révèle cette formule. Elles disent toutes qu’elles ont eu le sentiment que leur dignité personnelle et leur indépendance ont été pleinement reconnues le jour où elles ont eu un emploi salarié . Les cas des enfants montrent aussi que les relations entre parents et enfants deviennent différentes lorsque ces derniers entrent dans la vie active. Ils ont le sentiment qu’ils ont acquis leur indépendance et méritent le respect. Ces deux exemples illustrent l’importance de travail pas entant que source de revenu mais entant que source d’identité sociale.
D’une façon générale, le travail permet à un individu, d’une part, de participer à la production de richesse, et d’autre part d’intégrer celui-ci au monde social et professionnel. S’ajoutant à ces deux fonctions, il est aussi un moyen de répartir la richesse. A partir de ses trois fonctions, on va expliquer le rôle de travail dans l’intégration de l’individu.

Le travail permettant l’insertion sociale

Le lieu de travail, défini comme un regroupement organisé autour de la fabrique, permet la socialisation et la constitution de l’identité d’un individu . Une partie de l’apprentissage d’un individu est prise en charge par la sphère du travail. Le travail s’est constitué un champ d’intégration d’un individu en le faisant participer à la production de biens et de services.
Il permet aussi l’insertion d’un individu dans le milieu professionnel. De point de vue économique, l’individu est intégré dans la société en travaillant. Cette conception du travail est importante car elle a permis aux individus de »se libérer des tutelles traditionnelles » : par la formation d’un marché du travail, le travail devient une marchandise. On va libérer les individus de leurs particularismes. Cette conception du travail est cohérente avec la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » car on retrouve la même logique : émanciper les individus, les libérer de leurs particularismes (religion, culture, …) qui faisaient obstacle au développement économique et social.
Certes, le travail est un facteur d’émancipation des tutelles traditionnelles. Mais le lien social est d’abord un lien économique.
De point de vue social, le travail est aussi un pole d’insertion important pour un individu. Il est la base de la formation de lien sociale. Au-delà de la fabrique, le syndicat des travailleurs constitue un cadre institutionnel pour l’épanouissement d’un individu. Par le biais de ces regroupements que le mouvement ouvrier peut s’exprimer.
En bref, on peut le définir le travail par les trois composantes suivants : « c’est d’abord l’emploi comme source de revenu, c’est aussi une activité collective, source d’identité et de reconnaissance sociale. Enfin, il exprime aussi la potentialité de se réaliser soi-même, de développer ces capacités, d’affronter au réel, de construire ses projets ». Il permet donc d’insérer un individu du marché, du milieu professionnel, et du monde social. C’est en raison de ses fonctions d’insertion que l’absence de travail ou le chômage est vécue aujourd’hui comme une exclusion. Le chômage étant comme« une situation des individus qui remplissent des conditions suivantes : être en âge de travailler, être absolument sans emploi même occasionnel et de court durée, être disponible pour travailler, être à la recherche effective d’un emploi rémunéré».

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La manifestation de l’exclusion sur le marché

Suite logique du travail étant comme source de revenu, le marché permet ici la consommation. La conception telle que l’entend la théorie orthodoxe du marché suppose que chaque agent participe à la détermination des conditions de l’échange. Ces conditions résultent alors d’une discussion entre tous les agents, non une décision unilatérale de certains agents. Cette confrontation entre l’offre et la demande, dans une situation de concurrence pure et parfaite permet une allocation optimale des ressources détenues par le producteur et les consommateurs. C’est ces derniers qui peuvent être touchés par l’exclusion qui a un caractère économique. Pour le consommateur, la satisfaction de besoins est déterminée par la demande solvable. Ils peuvent satisfaire leurs besoins en fonction de leur préférence, du prix sur le marché. De ce fait, il y a exclusion sur le marché pour ceux qui n’ont pas de revenu à l’acquisition de biens et services marchands. Lanon gratuité des biens marchands ne permet pas à certaines personnes d’accéder sur le marché. De plus, la rivalité de consommation renforce cette exclusion sur le marché. Dans le cas où il y a sous production, les consommateurs sont en concurrence pour l’acquisition de ces biens.
En résumé, ces deux cas étudiés par la science économique- le chômage, l’exclusion sur le marché- sont une forme particulière dans le processus. Comme on la défini, l’exclusion sociale ne désigne pas un état ou une catégorie de personnes. Le processus de désocialisation, décrit par A. Vexiliard, l’a montré. Un individu n’ayant pas de travail n’a pas de revenu, il ne peut accéder à la consommation de biens marchands. Donc, le chômage peut être aussi considéré comme la cause de l’exclusion sur le marché. En claire le chômage est à la fois une forme et la cause de l’exclusion sociale.
Le chapitre suivant sera consacré à l’identification des causes de l’exclusion sociale.

Définition de la pauvreté

Selon Amartya Sen, la pauvreté est un concept absolu au sens où elle traduit l’incapacité de satisfaireun certain nombre de besoins essentiels et non des différences dans le degré de satisfaction de ces besoins, ce qui relève plutôt d’uneapproche en termes d’inégalité. Cela ne signifie pas que les moyensou les ressources nécessaires à la satisfaction de ces besoins restent fixes dans le temps. L’instance sur le caractère absolu du concept de pauvreté est donc utile pour distinguer la pauvreté et l’inégalité. Ce concept de pauvreté est pertinent surtout dans une économie de subsistance. Mais il faut souligner que la pauvreté est une notion relative car elle dépend de la façon dont on définit les besoins essentiels. C’est pourquoi, il est nécessaire de cadrer l’analyse de la pauvreté étant comme cause de l’exclusion sociale dans le concept de pauvreté d’accessibilité et celle de la potentialité.

Concept de pauvreté d’accessibilité et de potentialité

Les aspects multidimensionnels de la pauvreté sont largement reconnus. Il s’agit de cinq dimensions suivantes :
9 La dimension économique qui se décompose elle-même entre la pauvreté monétaire traduit une insuffisance du revenu. La pauvreté des conditions de vie désigne, dans ce cas, des manques dans des besoins fondamentaux
9 La dimension sociale se traduit par l’exclusion sociale et la rupture du lien sociale
9 La dimension culturelle se traduit par la non reconnaissance des identités souvent liée au déracinement
9 La dimension politique est liée à l’absence de démocratie ou de participation aux décisions
9 Quant à la dimension éthique, elle se traduit par une non reconnaissance des droits de la personne, la violence et la corruption
Pour chacun de ces dimensions, un individu va être confronté à deux problème : tout d’abord, à la difficulté d’accès à un certain nombre de biens, de services, d’informations ou à la participation aux décisions. Certains individus peuvent être privés de droits d’accès à certains biens ou à certains services. On parle alors de pauvreté d’accessibilité.
En outre, chaque individu dispose d’un stock d’actifs particuliers, qui est lié à son éducation, à son état de santé, au capital physique et financier qu’il possède, aux relations sociales qu’il entretient. On parle ces actifs de potentialités.

Table des matières

REMERCIEMENTS
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
INTRODUCTION GENERALE 
PREMIERE PARTIE : Approches théoriques de l’exclusion sociale 
Chapitre 1. Définitions de l’exclusion sociale
I. 1 Définitions de l’exclusion sociale
I. 2 Définitions de l’intégration sociale
I. 3 Définitions de lien social
I. 4 Cadre de référence
II. 1 L’analyse de l’exclusion sociale par le parcours de désocialisation
II. 2 Le chômage : une forme d’exclusion
II. 2 1 Analyse du travail comme facteur d’intégration
a. Travail comme fonction de production
b. Le travail ayant la fonction de répartition
c. Le travail permettantl’insertion sociale
II. 3 L’exclusion sur le marché : une autre forme de l’exclusion
II. 3 1 Le marché au sens d’Adam Smith
II. 3 2 La manifestation de l’exclusion sur le marché
Chapitre 3. Les causes de l’exclusion sociale
III. 1 Les contraintes sociales
III. 2 Les caractéristiques de l’individu
III. 3 La pauvreté et l’inégalité
III. 3 1 Définition de la pauvreté
III. 3 2 Concept de pauvreté d’accessibilité et de potentialité
III. 3 3 Inégalités d’opportunités et inégalités de rémunération
a. Inégalités de rémunération
b. Inégalités d’opportunité
III. 3 4 La pauvreté et exclusion
DEUXIEME PARTIE : Les rôles des services publics sociaux dans la lutte contre l’exclusion sociale 
Chapitre 4. Les services publics sociaux à Madagascar
IV. 1 Définition des services publics
IV. 2 L’éducation
IV. 2 1 L’analphabétisme facteur d’exclusion
IV. 2 2 La scolarisation comme processus d’intégration sociale
IV. 3 Le service de santé à Madagascar
IV. 3 1 Etat de santé de la population à Madagascar
a. La vaccination
b. Utilisation de contraception
c. L’espérance de vie
IV. 3 2 Les efforts du pouvoir public dans le domaine de la santé
IV. 4 Le système de sécurité sociale à Madagascar : moyen de renforcer l’insertion sociale
IV. 4 1 Le système de sécurité sociale privé
a. Les systèmes médicaux du travail
a. 1 Les Services Médicaux Inter-Entreprises (SMIE)
Le rôle des services publics dans la lutte contre l’exclusion sociale
a. 2 Les Services Médicaux Autonomes d’Entreprises (SMAE)
b. Les deux régimes du système de sécurité sociale privée
b. 1 Le régime complémentaire
b. 2 Le régime obligatoire
c. Les prestations fournies par le CNAPS
c. 1 Les régimes de prestations familiales
c. 1 1 L’allocation familiale
c. 1 2 L’allocation prénatale
c. 1 3 L’allocation de maternité
c. 2 Les régimes accidents du travail et maladie professionnelle
c. 3 Le régime de retraite
c. 4 L’action sanitaire et sociale
IV. 4 2 Le système de sécuritésociale du secteur public
a. Les bénéficiaires du système
b. Les prestations fournies par la sécurité sociale
b. 1 Soins Médicaux ambulatoires
b. 2 Les frais d’hospitalisation
b. 3 Evacuation sanitaire
IV. 4 3 Les lacunes du système de sécurité sociale malagasy
Chapitre 5. Les rôles services publics dans la lutte contre l’exclusion sociale
V. 1 la réduction de la pauvreté
V. 1 1 La lutte contre les dimensions non économiques de la pauvreté
V. 1 2 La lutte contre la pauvreté économique
V. 2 Le programme Progresa : « best practice » pour lutter l’exclusion sociale
V. 2 1 Le programme en question
V. 2 2 Les ménages bénéficiaires
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE 
REVUES 
REFERENCE INTERNET

projet fin d'etude

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