Les robots dans la société
Les robots ont pris une place importante dans notre vie quotidienne allant du simple robot jouet à des robots beaucoup plus sophistiqués dotés de capacités bien spécifiques. Les robots ont depuis bien longtemps suscité énormément d’attention pour l’homme, débouchant parfois sur des films captivant l’intérˆet du spectateur. Ces oeuvres qui mˆelent fiction et réalité, incarnent la vie future o`u le robot a sa place à part entière dans la vie quotidienne. Les robots sont à l’image de l’humain tant sur le plan physique que sur le plan des compétences (raisonnement, mémoire, conscience …) possédant mˆeme des émotions. Une harmonie se crée entre l’homme et le robot laissant suggérer une parfaite cohabitation. L’imaginaire du téléspectateur voyage dans le futur laissant supposer la possibilité d’une coopération entre ces deux entités l’une biologique et l’autre mécanique. Le retour à la réalité est souvent brusque, des dizaines de laboratoires de recherche travaillent Fig. 1-1 – Robot humanoide ayant des caractéristiques physiques très proches de celles de l’humain. d’arrache pied au développement de capacités ”cognitives” tandis que d’autres essaient de créer des robots ayant une ressemblance physique avec l’homme (Figure 1-1). Cependant, le robot ”intelligent” n’appartient pas à la majorité des utilisations. De nombreux robots existent dont les utilisations et les finalités sont aussi diverses que variées.
Les robots dans la société La première distinction importante est la capacité du robot à interagir avec un expérimentateur humain. Dans une perspective développementale, certains robots agissent sans l’aide de l’humain (Oudeyer et al., 2007; Hasson and Gaussier, 2010) tandis que d’autres sont contrˆolés soit en partie soit totalement par ce dernier (Calinon et al., 2007). En général, lorsque les tˆaches sont peu complexes et répétitives, le robot est programmé pour agir seul, comme par exemple les robots travaillant à la chaine dans les usines. Néanmoins, les robots qui sont utilisés dans l’armée (drones) ou ceux utilisés dans les centrales nucléaires sont télé-opérés par un expert humain (le droit à l’erreur n’est pas permis). Ce premier aspect insiste sur la capacité du robot à ˆetre autonome vis à vis de l’humain. La deuxième distinction met l’accent sur l’adaptation comportementale du robot. Il s’agit de comportements non stéréotypés qui sont généralement fonctions des changements environnementaux. Le robot s’adapte en permanence aux flux d’entrée. En revanche, les robots travaillant à la chaˆıne ne s’adaptent pas aux perturbations de l’environnement, contrairement aux robots explorateurs qui ont la capacité à éviter plusieurs types d’obstacles (Brooks, 1986) (Figure 1-2). L’adaptation est une capacité primordiale pour le robot afin qu’il se mouvoit dans son environnemen
Pourquoi utiliser des robots?
Certains robots sont utilisés pour remplacer l’homme dans des tˆaches contraignantes (les usines automobiles), dangereuses (navigation dans des zones radioactives ou manipulation de produits toxique) ou les zones o`u l’homme n’accède pas (les planètes du système solaire). D’autres robots commencent à apparaˆıtre pour le grand public, ils sont utilisés dans les maisons réalisant des tˆaches simples comme nettoyer le sol ou tondre la pelouse comme par exemple le Roomba (société IRobot de Rodney Brooks). Les avancées technologiques ont permis leur introduction dans la vie quotidienne, ils sont dotés de capacités relativement simples (évitement d’obstacles, se déplacer dans des environnements nouveaux et inconnus). Une dernière catégorie de robots est celles des robots ludiques dont certains annoncent qu’ils constituent une nouvelle révolution comparable à celle de l’automobile.
L’AIBO (Figure 1-3) et plus récemment le NAO représentent ce type de robot nouvelle génération, utilisés dans les laboratoires d’intelligence artificielle et possédant des capacités d’interactions sociales pour attirer l’attention de l’homme lorsqu’il est en manque ”d’affection”. Fig. 1-3 – Le célèbre robot AIBO de sony utilisé dans les expériences de Kaplan et Oudeyer. Enfin, les robots sont aussi considérés comme un outil dans les laboratoires de recherche. Notamment, en psychologie du développement o`u l’utilisation du robot peut faciliter l’interaction (médiateur). Le robot est considéré comme un outil pour tester certaines compétences cognitives. Cependant, de plus en plus de laboratoires considèrent le robot comme une vie artificielle à part entière ayant un cerveau et un corps.
Les recherches qui en découlent, essayent de comprendre comment une vie artificielle peut-elle se développer? Les différents comportements qui sont acquis par le robot, sont le produit d’une interaction complexe entre controlleur, corps et environnement. Les modèles développés essaient de prendre en compte des interactions complexes entre le robot et l’environnement tant physique que social. Ces robots sont le substitut du jeune enfant permettant de tester certains modèles psychologiques et en retour d’aider les psychologues en leur faisant part des résultats robotiques par exemple en réalisant des lésions dans le modèle afin de voir les effets sur le comportement du robot. Le comportement du robot peut ˆetre comparé à celui du jeune bébé pour une fonctionnalité ou un ensemble de mécanismes donnés.
Le robot vu comme un enfant
Les bébés peuvent ˆetre comparés à des ordinateurs extrˆemement puissants o`u les neurones sont des éléments indispensables afin de développer des capacités cognitives. L’enfant est fa¸conné au travers l’évolution contrairement à l’ordinateur qui est programmé par un ingénieur expert 15 dans un domaine spécifique. Les bébés ont à leur disposition des mécanismes d’apprentissage extrˆemement puissants leurs permettant de modifier, d’adapter et de restructurer leurs connaissances contrairement à l’ordinateur qui est dans l’incapacité de développer ce type de faculté extraordinaire faisant du bébé un enfant, de l’enfant un adolescent et de l’adolescent un adulte. Le bébé est capable de s’imprégner du flux de données complexes venant du monde extérieur et de lui donner sens en agissant sur l’environnement. Le travail des psychologues du développement se situe à ce niveau là, ils travaillent à plusieurs niveaux d’abstraction qui sont les suivants: trouver quels sont les mécanismes utilisés par le bébé, déterminer comment ces mécanismes sont codés dans le cerveau et comment ils se développent.
Le travail de cette communauté tente de répondre à la question philosophique de la connaissance. Pour nous roboticiens, les questions sont similaires, à savoir: comment un robot est-il capable de se développer de manière autonome avec un programme (modèle) minimal. L’adaptation prend une place importante dans tous les modèles que nous développons aussi bien sur des aspects de navigation, de reconnaissance d’objets ou encore de reconnaissance d’expressions émotionnelles. Les modèles développés offrent la possibilité au psychologue du développement d’analyser la plausibilité de nos modèles ou bien mˆeme encore de réfuter leur propre modèle. Cependant, le bébé dispose du meilleur enseignant: l’adulte et plus particulièrement les parents. L’adulte lui mˆeme est con¸cu pour aider le bébé à apprendre.
Ce soutien joue un rˆole tellement crucial dans le développement du bébé qu’on ne peut pas dissocier les deux entités. De notre point de vue, le bébé et l’adulte ne forment qu’un seul système interagissant dans une harmonie perpétuelle. Les recherches tendent à montrer que l’immense finesse de l’homme concernant sa capacité d’adaptation, sa lutte pour la survie, est son extraordinaire facilité à apprendre lorsqu’il est bébé et à enseigner quand il est adulte. Jerome Bruner (Bruner, 1983; Wood et al., 1976) propose que la période d’immaturité du bébé pendant laquelle l’adulte le protége, permettrait à l’enfant de découvrir son environnement physique et social.