LES RESULTATS SUR LA PERCEPTION DU RISQUE (ANNEXE 10A)
LE NIVEAU DE CRAINTE DECLAREE
Le niveau de crainte déclarée en fonction de la durée de la période de formation en entreprise Nous allons examiner comment varie le niveau de crainte déclarée des élèves en fonction de la durée de la période de formation en entreprise. Pour nous permettre de déterminer un niveau de crainte en relation avec l’ordre hiérarchique des rangs de citations, nous appliquerons un coefficient de pondération de 4 pour le rang 1, de 3 pour le rang 2, de 2 pour le rang 3 et de 1 pour le rang 4. Le tableau ci-dessous reprend, pour chaque événement, le niveau de crainte déclarée pour chacun des sous- échantillons T0, T1 et T2. On note p le seuil de signification statistique atteint par le test. Si ce seuil est inférieur au seuil de signification (α = 0.05), les résultats seront considérés comme significatifs. Tableau 22 : Niveau de crainte déclarée par événement pour les sous-échantillons T0,
La signification statistique est déterminée au moyen du Khi-deux. Les résultats font apparaître une différence statistiquement significative entre le niveau de crainte déclarée et la durée de la période de formation en entreprise. Le tableau montre que les élèves du sous-échantillon T0 déclarent craindre moins les accidents au travail que les autres événements (sida, accidents de la route, cancer dû au tabac, accidents domestiques). On peut donc avancer que les élèves qui n’ont pas effectué de période de formation en entreprise ont un niveau de crainte déclarée pour l’événement accident au travail inférieur aux autres événements. Il semble donc que les élèves du sous échantillon T0 ont tendance à sous-estimer le risque professionnel par rapport aux autres risques. On constate également que les élèves du sous-échantillon T0 déclarent craindre moins les accidents au travail que les élèves du sous-échantillon T1.
On peut donc dire que les élèves qui n’ont pas effectué de période de formation en entreprise ont un niveau de crainte déclaré inférieur à celui des élèves qui ont effectué une période de formation en entreprise. Il semble donc que les élèves du sous-échantillon T0 ont un niveau de crainte sousestimée par rapport aux élèves qui ont une expérience professionnelle en entreprise. Pour les élèves du sous-échantillon T1, le tableau montre qu’ils déclarent craindre moins les accidents domestiques que les autres événements. On peut donc dire que les élèves qui ont effectué une première période de formation en entreprise ont un niveau de crainte pour l’événement « accident au travail » qui augmente par rapport aux autres risques.
Le tableau montre également que les élèves du sous-échantillon T1 déclarent craindre plus les accidents au travail que les élèves du sous-échantillon T0. Cette comparaison des niveaux de crainte déclarée nous permet de constater que pour l’événement accident au travail le niveau de crainte déclarée augmente avec la première expérience en entreprise. Ceci peut être expliqué par le fait que l’apprenant est confronté pour la première fois à des situations professionnelles pouvant présenter des risques et qu’il ne dispose pas à ce stade du cursus de formation d’un niveau d’expertise (compétences ou pouvoir de contrôle) lui permettant d’y faire face. On peut donc dire que cette première expérience professionnelle tend à montrer que les situations inconnues et l’absence d’aptitudes des élèves augmentent le niveau de crainte des élèves pour l’événement « accident au travail ».
Le niveau de crainte déclarée en fonction de la présence d’un enseignement HPS
Nous allons regarder comment varie le niveau de crainte déclarée des élèves avant et après apprentissage spécifique dans le cadre de l’enseignement de l’HPS. Pour nous permettre de déterminer un niveau de crainte en relation avec l’ordre hiérarchique des rangs de citations, nous appliquerons ici aussi un coefficient de pondération de 4 pour le rang 1, de 3 pour le rang 2, de 2 pour le rang 3 et de 1 pour le rang 4. Le tableau ci-dessous reprend, pour chaque événement, le niveau de crainte déclarée pour chacun des sous-échantillons T3 et T4. 156 Tableau 23 : Niveau de crainte déclarée par événement pour les sous-échantillons T3 et T4 T3 T4 Total domestique 212 117 329 Sida 686 351 1037 travail 237 147 384 tabac 315 201 516 route 546 333 879 1996 1149 3145 p = 0,20979681
La signification statistique est déterminée au moyen du Khi-deux. Les résultats ne font pas apparaître de différence statistiquement significative entre le niveau de crainte déclarée avant et après enseignement de l’HPS. Ce constat de non significativité nous permet d’envisager qu’un enseignement spécifique d’HPS, inscrit essentiellement dans une démarche d’évaluation des risques objectifs, n’influence pas le niveau de crainte déclarée des élèves. En effet, pour faire prendre conscience aux élèves des risques professionnels liés à leur secteur d’activité, les enseignants proposent généralement des tâches d’analyse des statistiques de l’accidentabilité au travail et des coûts financiers directs ou indirects pour l’entreprise et pour la victime des accidents et des maladies professionnelles.
On peut donc inférer que la connaissance du risque objectif par une évaluation quantitative du risque n’influence pas le niveau de crainte déclarée des élèves. Ce décalage entre le risque objectif et le risque subjectif montre qu’une évaluation quantitative des risques proposée par les experts en prévention ne coïncide pas forcément avec l’évaluation plutôt qualitative des élèves (profanes, individus ordinaires). En effet, là où l’expert voit méthodes statistiques, évaluation des risques avec le modèle du risque qui naît mathématiquement de la multiplication de la fréquence d’exposition au danger et de la gravité des conséquences de l’accident, l’élève perçoit comme plus risqués les événements inconnus ou peu familiers, non contrôlables, subis avec des conséquences graves immédiates.