LES REPRESENTATIONS PSYCHO-SOCIOLOGIQUES CHEZ LES PATIENTS
SENEGALAIS VIVANT AVEC LE VIH
GENERALITES SUR L’INFECTION A VIH
Définition
L’infection à VIH est une maladie infectieuse, virale, chronique due aux virus de l’immunodéficience humaine (VIH-1 et VIH-2) [7]. Elle est caractérisée par une diminution des moyens de défense de l’organisme qui, lorsqu’elle est significative, entraine la survenue de nombreuses maladies opportunistes. L’infection à VIH impacte également sur le bien-être psycho-social.
Rappel épidémiologique
L’infection à VIH a été décrite comme un problème de santé publique depuis ses origines à nos jours. Grmek en 1989 décrit le germe de façon empirique tel un germe diabolique, malin dans tous les sens du mot, qui dérègle d’abord les défenses immunitaires de l’organisme, désorganise sa police interne, puis perturbe par ricochet les relations sexuelles et, enfin, il envenime les rapports sociaux d’une manière inédite, plus subtile et plus insidieuse que la lèpre médiévale, la syphilis de la renaissance ou la tuberculose du début de la civilisation des machines. De nos jours d’après les estimations, en 2012, 35,3 (32,2-38,8) millions de personnes vivaient avec le VIH dans le monde. On constate une augmentation par rapport aux années précédentes due à l’augmentation du nombre de personnes sous thérapie antirétrovirale. À l’échelle mondiale, 2,3 (1,9-2,7) millions de nouvelles infections à VIH ont été signalées, soit un recul de 33 % par rapport aux 3,4 (3,1-3,7) millions de 2001. Les décès liés au sida enregistrent également une baisse, passant de 2,3 (2,1-2,6) millions en 2005 à 1,6 (1,4-1,9) million en 2012. Au Sénégal, les premiers cas de sida sont apparus en 1986. La prévalence dans la population générale est restée basse et stable grâce à des efforts soutenus combinés de prévention, de traitement et de soutien .L’analyse de la situation épidémiologique et la triangulation des différentes données, montre que le profil de l’épidémie de VIH au Sénégal est de type concentré, avec une prévalence basse dans la population générale (0,7% : EDS 4, 2005 et EDS-MICS, 2010-2011, 0,5% en 2012 selon les données de l’ONUSIDA) et élevée dans les populations clés les plus exposées au risque du VIH. On note d’importantes disparités dans la distribution de l’épidémie selon les régions. En effet, Il ressort de l’EDS-MICS, 2010-2011 que les régions les plus touchées sont les régions du Sud et du Sud Est : Kolda (2,4%), Kédougou (1,7%), Tambacounda (1,4%), Sédhiou (1,1%), Kaolack (1,1%), Ziguinchor (1%). La dynamique des nouvelles infections, montre une tendance a la baisse du VIH depuis l’année 2001, estimée à environ 70%. Cette baisse est liée à la précocité et à la régularité des programmes de prévention et d’accès aux soins [23]. Selon les dernières estimations [4], 39 000 personnes vivent avec le VIH (PVVIH) au Sénégal en 2013 dont 5 400 enfants de 0 à 14 ans. Les femmes infectées représentent 61% des adultes. Les décès liés au sida sont estimés à 1800. Le taux de couverture actuel des patients sous traitement ARV est de 56% chez les adultes et 26% chez les enfants selon les critères de 2010 de l’OMS. Le taux de survie à 12 mois des patients inclus en 2012, est estimé à 71% et la couverture du co-traitement de la TB/VIH est passée de 34% à 70% entre 2010 et 2013. Les populations clés les plus exposées au risque d’infection à VIH au Sénégal : – les professionnelles du sexe ; – les Hommes ayant de rapports sexuel avec des Hommes et 5 – les Consommateurs de drogues injectables. L’analyse de la situation épidémiologique en 2012 actualisée en 2014[PSN 2014] et le Plan stratégique VIH 2014 – 2017 montrent des populations qui continuent à être exposées au risque VIH avec une prévalence VIH relativement faible mais 2 à 3 fois supérieure à la moyenne nationale. Ce sont les populations en contexte de vulnérabilité ou populations vulnérables. Ce groupe est constitué par : les populations en situation de mobilité : leur situation se caractérise par d’importants flux migratoires internes et transfrontaliers, notamment un « exode rural », une migration inter pays (liée au travail, aux conflits, etc.), une mobilité professionnelle (personnels de forces de sécurité, camionneurs, pécheurs, populations fréquentant les marchés hebdomadaires, etc.). Les facteurs qui exposent les populations mobiles sont liés d’une part à la mobilité elle-même et les prises de risque durant le parcours migratoire, la situation de célibataire géographique et d’autre part aux facteurs socioculturels (statut matrimonial, instruction, faible accès à la prévention et aux soins).
La lutte contre l’infection à VIH
En 2000, la communauté mondiale a franchi un pas historique en reconnaissant, dans la Déclaration du Millénaire des Nations Unies, l’importance de mener une riposte au VIH/sida efficace et en intégrant celle-ci au programme de développement. Les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) définis à cette occasion couvrent de nombreuses cibles relatives à la santé. L’objectif 6 en particulier vise une mobilisation sans précédent afin d’enrayer et d’inverser l’épidémie de sida [23]. Au fil des ans, la morosité et les déceptions reflétées dans les premières éditions du Rapport ONUSIDA sur l’épidémie mondiale de sida ont laissé place à des avancées encourageantes, notamment la baisse importante du nombre des décès liés au sida et des nouvelles infections, et la mobilisation sans précédent de 6 financements destinés à la lutte contre le VIH dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Le rapport mondial de l’ONUSIDA en 2013 souligne les progrès continus vers l’objectif mondial « zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination et zéro décès lié au sida ». Le nombre annuel de nouvelles infections à VIH continue de reculer, en particulier chez les enfants. Le nombre de personnes bénéficiant d’un traitement est au plus haut, d’où une baisse régulière des décès liés au sida et un renforcement des efforts visant à prévenir les nouvelles infections. Le gouvernement du Sénégal s’est inscrit dans cette même vision internationale qui a été recommandée lors de la Réunion de Haut Niveau (HLM) sur le VIH tenue à New York en juin 2011. L’objectif de son plan stratégique national est de : – réduire de moitié les nouvelles infections VIH et – améliorer la qualité de vie des personnes infectées et affectées par le VIH. Les résultats obtenus sont encourageants [5] : Chaine des résultats 8 Comme le montrent ces résultats, on constate des avancées remarquables vers la réalisation de nombreux objectifs et engagements d’élimination d’ici 2015, mais des problèmes importants persistent. Ces péripéties constatées nous amènent à nous arrêter et à mener une réflexion profonde pour expliquer ces résistances notées dans la lutte contre le sida. Grmek (1989) précise dans son livre « Histoire du Sida » que l’enquête historique aide à mieux comprendre le présent, en ce sens que le passé et le présent s’éclaire mutuellement. Ceci nous permet d’aborder le chapitre sur le Rappel historique de l’infection à VIH.
Historique
D’après les enquêtes officielles, l’épidémie de Sida a commencé aux Etats-unis en 1978. Par des recoupements épidémiologiques, on peut la faire remonter à 1976, année de la célébration du bicentenaire de l’indépendance. La maladie fut reconnue rétrospectivement chez des personnes soignées en Europe dès décembre 1976. Mais est-ce le vrai début ? [12] 9 Dès la fin de 1979, le docteur Joël Weisman, praticien de Los Angeles connu pour son attitude bienveillante à l’égard des homosexuels, avait remarqué parmi ses patients l’accroissement des cas du syndrome mononucléosique, avec poussées fébriles, amaigrissement et tuméfactions lymphatiques. Ces malades étaient des hommes jeunes. Ils appartenaient au mouvement gay, alors en pleine expansion dans les villes de Californie. En Aout 1979 des informations officieuses se répandaient selon lesquelles une maladie cancéreuse rarissime serait apparue dans la communauté gay de New York City. On parla du « gay cancer ». Vers 1980, les médecins s’aperçoivent brusquement et à leur grand étonnement de l’existence d’une maladie qui leur semble « nouvelle ». Nouvelle parce qu’ils pensent ne l’avoir jamais vue auparavant et parce que, pour la comprendre, ils doivent recourir à des modèles inconnus dans la pathologie et l’épidémiologie classiques [12]. La cause de ce mal est inconnue ; la preuve de la contagion manque encore. Friedman-Kien penchait déjà pour l’hypothèse virale. Celle-ci laissait septique James Curran. Selon lui, « la meilleure contre la contagion, c’est qu’à ce jour on n’a signalé aucun cas en dehors de la communauté homosexuelle ou chez les femmes ». Voilà qui était bien rassurant. Si danger il y avait, il paraissait restreint à un groupe aux mœurs douteuses [12]. La limitation de la maladie aux homosexuels suggère que la cause en est un agent infectieux transmis sexuellement. Gottlieb M. et al reconnaissent avoir rencontré tout ce syndrome aussi chez deux hommes exclusivement hétérosexuels [12]. Chez l’un de ces deux hommes on a trouvé le cytomégalovirus dans le sperme. Gottlieb soupçonne fortement le rôle étiologique de l’infection par ce virus. Ces auteurs conclurent que même si le cytomégalovirus n’est pas sa cause, ce syndrome représente une déficience immunitaire potentiellement transmissible.
DEDICACES ET REMERCIEMENTS |