COUP D’OEIL SUR L’HISTOIRE DE L’ENSEIGNEMENT ET ’ENSEIGNEMENT HISTORIQUE I. DANS LE MONDE
Selon l’histoire, nous avons vu que l’école vient des toutes premières civilisations. Certains archéologues ont trouvé des traces en Inde et l’ancienne Egypte aux environ de 5e siècle avant Jésus Christ. Dès cette époque, c’est-à-dire autour de 4000ans avant Jésus Christ, des grands prêtres égyptiens ont enseigné certains rudiments d’arithmétique et des cours de religions aux enfants des familles importantes ou riches. Les garçons ont été les plus privilégiés, ils ont possédé du papyrus pour écrire et de l’encre à base de lie de vin que l’on fait calciner. Quant aux filles, elles ont appris du chant, de la danse et apprennent à jouer des instruments de musique. Tandis qu’en Inde, des hommes religieux passent de villes en villages pour dispenser un enseignement de chants sacrés. De ce fait, enseigner est un acte fondamental qui relie les individus dans le temps et dans l’espace, les hommes ont pu se transmettre les connaissances indispensables au développement et à l’organisation de la vie en société : il apparaît ainsi comme la condition même de tout progrès technique, économique et social8.
En Asie Dans les sociétés anciennes, l’enseignement se résume à une formation spontanée, purement pratique. Il s’agit, pour l’enfant ou l’adolescent, de trouver progressivement sa place dans le groupe. Cette insertion sociale est dictée par deux principes : d’abord, l’imitation qui pousse l’enfant à faire les gestes et accomplir les actes quotidiens des adultes du clan. Ensuite, l’initiation est liée à un ensemble de rites et de cérémonies magiques, religieuses ou techniques au terme desquelles se produit l’accession complète et définitive à la vie sociale du groupe : c’est le passage à l’âge d’homme. Ces aspects primitifs se retrouvent dans les vieilles civilisations de la Chine ou de l’Inde comme en Egypte, où ils sont cependant tempérés par l’évolution de la culture9
En Inde Les systèmes d’éducation sont à peu près semblables à ceux des Égyptiens. Régi par un ordre social strict, l’enseignement, en grande partie réservé aux brahmanes c’est-à-dire aux membres de la caste sacerdotale, comprend les mêmes matières, complétées d’éléments littéraires. Son principal but est l’élévation de l’âme. Cet enseignement est effectué à partir d’un ensemble de textes ou le VEDA, qui, selon la tradition, a été révélé aux sages indiens nommés Rishi. Les Rishi sont les sages primordiaux mythiques qui écoutent, et entendent le, rythme du cosmos manifesté dans le cours régulier des étoiles et la succession régulière des saisons. La compilation de ces textes est attribuée au sage Vyāsa, et les parties les plus récentes des écritures du Véda dateraient du Ve siècle av. J.-C. Ce corpus littéraire, l’un des plus anciens que l’on connaisse, est la base de la littérature indienne. Ces textes, qui traitent du rituel et de philosophie, contiennent des passages qu’étudieront l’astrologie et l’astronomie10.
En chine L’enseignement spontané se substitue progressivement des rites et des usages. L’étude de la langue écrite ou idéogramme, de la philosophie et de l’histoire se développe. Confucius (vers 551-479 avant J.-C.), qui a prôné la vertu comme fin suprême, a eu une profonde influence sur l’enseignement chinois, pendant des siècles. Confucius est l’une des grandes figures de la civilisation de la Chine ancienne et le fondateur du système éducatif féodal. Sa pratique, tout comme sa réflexion sur l’éducation a exercé une influence considérable sur le développement de l’éducation aussi bien en Chine qu’ailleurs dans le monde. Dans l’Antiquité, Confucius était considéré comme le « premier des sages », et le « modèle de dix mille générations ». Dans le droit fil de ses objectifs, Confucius conçut l’éducation selon deux grands volets : l’éducation morale, qui serait privilégiée, et la transmission des connaissances.
Sa pensée éthique est indissociable de sa pensée philosophique et politique et se caractérise par une vitalité peu commune qui en fit le moteur du développement de la civilisation féodale pendant plus de deux millénaires. L’essence de sa doctrine éthique est l’« humanité » ou la « bienveillance », c’est-à-dire l’amour du prochain. Mais Confucius se préoccupait tout autant de la formation intellectuelle de ses disciples, c’est-à-dire de leur faire acquérir un bagage culturel, des compétences et des savoir-faire. Pour leur inculquer les valeurs morales de la société féodale, les bases d’une bonne culture générale et les compétences requises pour exercer des fonctions officielles, il mit au point six manuels. Ces écrits furent considérés comme les textes fondamentaux de l’enseignement et de l’apprentissage : le Livre des Odes (Shi), le Livre des documents (Shu), le Livre des rites(Li), le Livre de la musique (Yue), le Livre des mutations (Yi) et les Annales des printemps et automnes (Chunqiu). Ces ouvrages didactiques qui traitent essentiellement des rapports sociaux et l’éthique, abordent aussi de très nombreux autres domaines, entre autres la philosophie, l’histoire, la politique, l’économie, la culture ou l’art de la musique. Ils constituent les premiers manuels d’enseignement relativement complets de toute l’histoire de l’éducation chinoise11.
A MADAGASCAR
A Madagascar, décrire l’éducation, c’est évoquer les apports des influences extérieures qui ont considérablement marqué l’histoire de la Grande île, en particulier depuis le début du XIXe siècle. En effet, l’école est née avec l’arrivée des envoyés de la London Missionary Society dont l’oeuvre civilisatrice était « conçue et organisée dans un but religieux, tout en appuyant le « développement de l’impérialisme britannique » au sein d’une monarchie soucieuse au départ d’assurer « l’ouverture de Madagascar au travail et au commerce16». Après leur arrivée en août 1818, David Jones et Thomas Bevan missionnaires Britanniques ont ouvert à Manangareza, le 08 septembre 1818 la première école protestante de Madagascar qui a accueilli comme élèves des jeunes Betsimisaraka dont Berora (fils du chef d’Ivondro et frère de Jean René). David Jones est tombé malade et doit regagner l’île Maurice pour se soigner. Il ne reviendra à Tamatave que le 09 septembre 1820, mais pour prendre la route d’Antananarivo en compagnie de Hastie. Tous deux arrivent dans la capitale de Radama I le 03 Octobre 1820, Jones a ouvert la première école protestante d’Antananarivo le 8 décembre 1820 à Ifidirana, c’est l’école du Rova. Mais l’école a été réservée aux proches du Roi. Sur les quatre premiers élèves qui ont inauguré cette école, deux ont été des neveux du roi : Rakotobe et Ramasy17. L’année suivante, un second établissement a vu le jour après l’arrivée des époux GRIFFITHS et leur installation à Ambatomiangara.
D’autres missionnaires ont suivi leurs exemples et à partir de 1824, « les écoles de campagne » ont essaimé autour de la capitale18. A l’arrivée de D. JONES en Imerina en 1820, l’esprit dans lequel a été conçue et organisée l’instruction a été d’abord et surtout subordonnée au « prosélytisme religieux ». En d’autres termes, des connaissances ont été dispensées aux élèves afin de leur permettre de lire et de comprendre la Bible. L’écriture arabe a été connue des Malagasy, encore que n’a été pratiquée que par une poignée de « Katibo » ( « Katibo « : Scribe ) Antemoro appelés à Antananarivo par Andrianampoinimerina19. RADAMA Ier, quant à lui, entreprit de concrétiser la fixation de la langue malagasy. Concernant les disciplines enseignées, les missionnaires se sont adonnés à la traduction des écritures dans la matinée, après le petit déjeuner de 8heures. Ils se font aider dans ce travail par les élèves les plus avancés…Les écoliers doivent arriver au lever du soleil, à six heures ; la classe continue l’après-midi de 13h à 17h20.
La lecture, l’écriture, le calcul, l’histoire sainte ou le catéchisme ont constitué les matières fondamentales. A cela s’ajoutent, pour les grands élèves, la grammaire, la géographie, la musique. Des leçons de couture ont été dispensées aux filles21. Mais la reine Ranavalona I a détesté les missionnaires, qui ont voulu substituer à une religion nouvelle les croyances des ancêtres : elles les ont expulsés. De 1835 à 1862, il n’y a plus en Imerina que quelques écoles clandestines où des indigènes chrétiens ont appris aux enfants à lire le malgache par prosélytisme religieux. En 1862, Radama II, par simple tolérance, a rouvert aux missionnaires le royaume hova : dès 1863, la London Missionary Society ont ouvert 28 écoles avec 1735 élèves, la Friends’ Foreign Missionary Association 20 écoles avec 500 élèves, la Mission norvégienne une dizaine d’écoles, et la Mission catholique une trentaine. Après la conversion de la reine RANAVALONA III au protestantisme et la condamnation solennelle des vieux cultes malgaches, le nombre des écoles s’est considérablement accru.
La London Missionary Society à elle seule en eut 359 en 1870 ; elle a commencé, dès cette époque, à porter ses efforts hors de l’Imerina, en pays Sihanaka et surtout dans le Vakinankaratra et le Betsileo. Durant l’époque coloniale, les colonisateurs ont introduit l’enseignant dans le pays. Ils ont adopté le système d’enseignement français ayant le même programme scolaire, les mêmes matières et la même langue d’enseignement qu’en France. Ainsi, les élèves n’étudient seulement que l’histoire de France et les autres pays européens. L’histoire de Madagascar n’était pas encore mentionnée dans le programme scolaire à cette époque. Et surtout après le mouvement VVS en 1915, on a assisté à l’interdiction de l’enseignement d’histoire car cet enseignement était considéré comme matière subversive. Il est à noter que le système d’enseignement malgache calqué à celui de la France a duré jusqu’à la fin de la 1ère République22. Le 26 juin 1960, l’indépendance de Madagascar est solennellement proclamée à Mahamasina, la République Malgache conclut avec la République Française des accords de coopérations touchant plusieurs domaines : économique, social et culturel. Le Parti Social-Démocrate (PSD) est l’appareil politique du régime. Sur le plan culturel, le PSD lance une politique de promotion de l’école. Philibert Tsiranana a toujours vu dans l’éducation une condition nécessaire au développement. Ainsi, le gouvernement s’efforça de doter à chaque sous-préfecture d’un CEG et chaque préfecture importante d’un lycée. On créa une université pour la formation des cadres supérieurs destinés à remplacer progressivement les coopérants français.
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