Les crises sont fréquentes en Afrique. Parfois, elles sont d’origine politique comme celle qui sévit à Madagascar actuellement. Elles sont marquées par des problèmes économiques et sociaux. Par ailleurs, l’économie malgache n’est pas épargnée par la crise financière internationale qui a provoqué une récession mondiale.
La crise politique, qui est devenue cyclique dans le pays, ne permet pas une croissance durable et un développement économique. L’économie malgache est très fragile et encore dépendante de l’extérieur.
Cependant, cette situation permet aux acteurs économiques et politiques de réfléchir sur le devenir de la nation. Il n’est pas question de réformer le domaine politique uniquement ; mais surtout, la mise en place d’une nouvelle organisation économique pourrait assurer la relance de l’économie.
Les pays de l’Europe de l’Est ainsi que ceux d’Asie et d’Afrique ont fait l’expérience des réformes économiques. Certains voulaient adopter le modèle occidental de l’économie de marché. D’ailleurs, les bailleurs de fonds traditionnels exigeaient ces réformes pour pouvoir coopérer avec les pays en transition. Ces partisans du libéralisme soutiennent la thèse de la prospérité à travers une économie libérale. Cependant, leur aide n’a pas porté ses fruits. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cet échec.
D’autres pays sous-développés ont quand même atteint le statut de pays émergeants ou nouveaux pays industrialisés. Progressivement, elle a su adapter son économie aux contraintes de la mondialisation. Néanmoins, la libéralisation économique n’est pas totale.
Faisant référence aux expériences de ces pays en transition, le moment est opportun pour réformer l’économie malgache en choisissant les stratégies adéquates pour la réussite d’une relance économique et pour une croissance durable. De nouvelles voies devraient être explorées afin de sortir le pays de la crise. Il serait intéressant de chercher des politiques plus efficaces que celles dictées par les bailleurs de fonds.
Les stratégies de réformes économiques dans les économies en transition
L’histoire économique mondiale a été dominée par la pensée libérale. Les pays qui voulaient sortir des crises et de la pauvreté ont été convaincus, pour la plupart, d’abandonner leur ancien système pour le système capitaliste. Les réformes engagées font partie des conditionnalités du FMI et de la banque mondiale dans le cadre du programme d’ajustement structurel ou PAS.
Réformes structurelles
Ce sont des réformes engagées par les autorités publiques d’un pays souvent sous la pression d’élus. Elles visent à améliorer l’organisation des administrations publiques, ses règlementations, les dépenses publiques en vue d’atteindre une nouvelle meilleure situation : augmentation de niveau de vie de la population, liberté, etc.
Les coûts de la transition
La transition est coûteuse car de nouvelles institutions vont être mises en place. Surtout, elles engendrent des coûts sociaux. Des fonctionnaires sont en chômage ; certains services publics à caractère social, tels que les hôpitaux, ne sont plus accessibles. Mais la réussite des réformes et son coût dépendent aussi de sa rapidité. D’où l’existence de deux modes de transition : le gradualisme et la thérapie de choc. La thérapie de choc ou big bang est un processus de transition brutal et rapide.
Le big bang est soutenu par l’école classique de l’équilibre. Cette dernière soutient les réformes clés en main offertes par les pays développés aux ex-pays socialistes d’Europe de l’Est afin de limiter les coûts générés par la transition. En conséquence, la libéralisation et la privatisation devraient être rapides. Le gradualisme est un mode de transition en douceur. Il consiste à mettre en place progressivement les institutions nécessaires au marché. Pour procéder à des réformes modestes, il est conseillé de commencer par quelque chose qui semble faisable et raisonnable.
Selon la vision institutionnaliste, la transition se définit dans cette perspective comme une profonde modification de la structure de propriété. Elle est assimilable à un changement institutionnel.
Les faits historiques démontrent les avantages et inconvénients de ces types de réformes. On constate que chaque type de réforme a eu ses propres effets selon les pays. Ainsi la Pologne qui avait subi un traitement de choc est devenue le pays le plus avancé dans les réformes parmi les pays des PECO. En Russie, cette méthode de transition a entraîné une crise financière tandis qu’en Hongrie où on a adopté le gradualisme, une bonne performance économique a été enregistrée.
Les réformes structurelles préconisées par le FMI dans les pays en transition
Après la décolonisation, dans les années 50, les pays du Tiers-Monde se sont focalisés sur leur développement. A cette époque, les eurodollars et pétrodollars affluaient dans les banques internationales. Ces dernières ont eu l’idée de les utiliser en les prêtant aux PED. Les institutions de Bretton Woods ont commencé à jouer leur rôle de principal prêteur des pays sous développés à partir de la crise de la dette des années 80.
La crise de la dette dans les années 80
Origines et manifestations
La crise de l’endettement des PED a pour origine deux facteurs principaux : le contexte extérieur à savoir la récession mondiale et le choc pétrolier, et le contexte intérieur inhérent à la mauvaise gouvernance dans les PED.
La récession mondiale et le choc pétrolier
a) le choc pétrolier
Le pétrole est la principale source énergétique des pays. La hausse excessive du prix du pétrole entraîne donc une hausse des importations des pays non pétroliers, développés ou pauvres. Pendant les années 70, deux chocs pétroliers ont frappé le monde, l’un pendant la période 1973-1974 et l’autre en 1979. Ce dernier choc était caractérisé par la hausse du baril de 13,50 à 36 dollars entre 1979 et 1982.
b) La politique restrictive américaine
Les pays développés ont fait face à la fois à une récession et à une inflation (stagflation) à cette période. Pour lutter contre cette inflation, le trésor américain a adopté une politique restrictive. Ce qui a entraîné la hausse du taux d’intérêt provoquant un effet d’éviction sur l’investissement donc une contraction de l’activité économique. Avec la crise pétrolière, cette baisse concernait tous les pays.
Ces deux facteurs sont les origines externes des problèmes d’endettement des PED. La baisse de l’activité mondiale induit une baisse de la demande en matières premières, seules sources de devises pour les PED. Comme l’offre devient excédentaire, leurs cours chutent. Par ailleurs, la situation s’aggrave si les pays du Nord pratiquent le protectionnisme afin de limiter leurs importations. Donc, en 1979, la détérioration des termes de l’échange s’aggravait face aux importations incompressibles et la chute des exportations dans les PED. Le manque de devises a pour conséquence la difficulté de paiement du service de la dette extérieure.
La dette contractée par les PED était libellée en dollar et à taux variable or la hausse du taux d’intérêt étranger provoque une augmentation de la charge de la dette. Donc l’environnement économique international n’était donc pas favorable aux PED.
Problèmes structurels des PED
Le facteur de la crise d’endettement peut être d’origine interne. Cela est dû à la mauvaise gouvernance dans les pays pauvres. Les aides ont été gaspillées. C’était l’époque des investissements à outrance (implantation des usines clés en main) qui ne correspondaient pas au besoin des pays. Les dirigeants ont détourné les aides et la corruption a régné. La croissance économique n’est pas atteinte. Au contraire, le pays s’appauvrit ; d’où manque de moyens pour rembourser les dettes.
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