LES PRO BL E M E S ET PERS P ECT IV E S DE
DEVELO P P E M E NT
Une population à croissance lente
Le mouvement naturel de la population dont il sera question ici inclue à la fois la natalité, la mortalité et l’accroissement naturel qui en découle. 29 A. Une population prolifique 1. Un taux de natalité élevé Le taux de natalité s’obtient en rapportant le nombre des naissances pendant l’année de référence, de janvier 2006 en janvier 2007 pour notre cas, au nombre total de la population, fois 1000. On entend par naissance, les enfants nés vivants. De ce fait les morts nés sont exclus. D’après nos enquêtes, durant la période suscitée, nous avons enregistré 17 naissances dont 09 filles et 8 garçons, parmi les 517 personnes des 100 ménages enquêtés. Ce qui donne un taux de natalité de l’ordre de 32.88‰63 qui est inférieur à la moyenne nationale 45‰64 Cela veut dire que sur 1000 habitants, il y a à peu près 33 naissances. Nous constatons donc que nous avons ici un taux de natalité élevé car il est supérieur au seuil de 30‰. Nous pouvons expliquer cette forte natalité par les faits suivants. La Commune rurale de Manjakandriana est parmi les Communes les plus peuplées du District de Manjakandriana. De plus, d’après notre enquête 50%65 des femmes enquêtées sont en âge de procréer, d’où cette naissance élevée. Comme nous le verrons plus tard, la majorité des ménages enquêtés sont pauvres or plus ils sont pauvres, plus ils ont tendance à beaucoup procréer. Cela va de paire avec la mentalité qui dit que les enfants sont des richesses. Certains enquêtés66 affirment que ce sont leurs enfants qui vont leur aider pour avoir une meilleure condition de vie plus tard. 63 Le taux de natalité est dit élevé ou fort quand il est supérieur ou égal à 30% 17 ÷ 517 × 1000 = 32.88‰ 64 MAEP : « Monographie de la région de Tananarive », juin 2003, p.23 65 D’après nos enquêtes, 130 sur les 260 femmes 66 07 des chefs de ménages enquêtés (ils ont plus de 06 enfants) 30 Nombre de naissance pendant l’année TN = —————————————————- x 1000 (‰) Nombre total de la population Le nombre de naissance est fonction de l’âge auquel on accède au mariage : généralement les jeunes femmes de Manjakandriana se marient entre 16 et 20 ans selon les responsables de la Commune. 2. Un taux de fécondité général ou TFG élevé Le taux de fécondité général indique le nombre moyen annuel de naissances vivantes pour mille femmes en âge de procréer (15 à 49 ans) Le taux de fécondité général est dit élever quand il est supérieur à 120‰. Il est faible quand il est inférieur à 80‰. Pour Madagascar, le TFG est de 155‰. Pour notre cas, il est de l’ordre de 130. 76‰67 . Ce résultat de nos enquêtes est largement inférieur à la moyenne nationale, mais il est élevé car supérieur au seuil de 120‰. Ce taux de fécondité élevé est dû à la mentalité nataliste des paysans qui considèrent les enfants comme une richesse.
Une mortalité moyenne
1. Un taux de mortalité global moyen La mortalité concerne les personnes décédées, c’est le nombre de morts68 . Le taux de mortalité s’obtient en rapportant le nombre de décès pendant une année, une période allant de janvier 2006 jusqu’en janvier 2007 pour notre cas, au nombre total de la population multiplié par 1000. 67 17naissances / 130 femmes en âge de procréer * 1000=130. 76‰ 68 Microsoft ® Encarta ® 2006 31 Nombre d’enfants nés vivants TFG = ———————————————– x 1000 (‰) Nombre des femmes de 15 à 49 ans Nombre de décès pendant l’année TM = —————————————————- x 1000 (‰) Nombre total de la population Le taux de mortalité est dit élevé ou fort quand il est supérieur ou égal 24‰. Le taux de mortalité est dit faible ou bas quand il est inférieur à 13‰ D’après nos enquêtes durant la période sus-citée, nous avons enregistré 07 décès. Ce qui donne un taux de mortalité de l’ordre de 13.53‰69 nettement inférieur par rapport à la moyenne nationale 15.5‰70 . Cela veut dire que sur 1000 personnes, il y a plus de 13 décès par an. Nous constatons donc que nous avons également ici un taux de mortalité moyen. Cela s’explique par le fait que certains des fokontany enquêtés sont mieux équipés en infrastructures de base que les autres, d’où cette mortalité classée moyenne. Concrètement, il y a la présence d’un hôpital avec une antenne chirurgicale et les CSB au service de la population. 2. Un taux de mortalité infantile moyen Le taux de mortalité infantile est parmi les meilleurs indicateurs de l’état sanitaire de la population71 . En effet, le taux de mortalité infantile s’obtient en divisant le nombre de décès de moins de un an par le nombre des enfants de moins an, le tout multiplié par mille. Le taux de mortalité infantile est dit élevé quand il est supérieur ou égal à 90‰ et faible quand il est inférieur ou égal à 20‰ Le TMI de la Commune est de l’ordre de 51‰ selon la donnée de la Commune, notamment du Service de Santé de Manjakandriana ou SSM. Cela signifie que pour 69 07 décès ÷ 517 personnes × 1000 = 13.53‰ Nombre de décès de moins de un an TM I= —————————————————- x 1000 (‰) Nombre des enfants de moins de un an 1000 enfants nés vivants, il y a environ 51 qui n’atteignent pas leur première anniversaire. Ce taux de mortalité infantile est également moyen car se trouve entre les deux seuils élevé et faible. D’après nos enquêtes, on a enregistré 01 décès de moins de 01 an sur les 17 naissances de janvier 2006 en janvier 2007, soit un taux de mortalité infantile de l’ordre de 58, 82‰72 . Ce qui veut dire que pour 1000 enfants nés vivants, il y environ 59 qui succombent avant leurs premiers anniversaires. On a ici donc un taux de mortalité moyen car il se trouve entre les deux seuils, faible et élevé. Notre résultat confirme donc les données de la Commune. Cela s’explique par le fait que les parents font très attention à la santé de leurs bébés surtout quand ils sont encore vulnérables et aussi parce que certaines maladies comme la grippe, le choléra et la fièvre typhoïde ne touchent pas les enfants nés vivants. C. Une croissance lente du nombre de la population Nous verrons que le taux d’accroissement de la population de la Commune est lent, avec un temps de doublement avoisinant 30 ans. 1. Un taux d’accroissement naturel moyen La connaissance des deux taux, respectivement natalité et mortalité nous permettra de calculer le taux d’accroissement d’une population donnée. Le taux d’accroissement naturel peut s’obtenir de deux manières : soit nous divisons le nombre de naissance au cours de l’année moins le nombre de décès au cours de l’année par le nombre total de la population, le tout multiplié par cent ; soit nous faisons la différence entre le taux de natalité et le taux de mortalité. ou 72 01 décès de moins de 01 an / 17 naissances x 1000 = 58. 82‰ 33 Nombre de naissance au cours de l’année – nombre de décès au cours de l’année TAN = ————————————————————————————- x 100 Nombre total de la population TAN (%) = TN (%) – TM (%) D’après les données de la Commune en 2004, la zone étudiée enregistre un taux d’accroissement naturel de l’ordre de 2.7%. Cela signifie qu’un effectif de 100 habitants augmentera d’environ 3 habitants en une année. Selon ces données donc la Commune de Manjakandriana accuse une croissance rapide car elle a un taux d’accroissement supérieur à 2.5%. Toutefois, la réserve est de rigueur, car ces données ne sont pas les résultats d’enquêtes scientifiquement bien conduites. Par contre, d’après nos enquêtes, le taux d’accroissement naturel est de l’ordre de 1.9% ce qui est relativement bas si nous tenons compte du fait que nous nous trouvons dans un milieu rural et mieux encore dans un pays sous-développé. Cette faible croissance est non seulement due à des problèmes socio-économiques que rencontrent la population, mais aussi à l’inégale répartition des infrastructures sanitaires au profit de certains fokontany qui causent une mortalité assez importante. Malgré le fait que les jeunes filles se marient tôt et que le taux de natalité est élevé, le taux d’accroissement naturel reste moyen car le taux de mortalité demeure important, une fois encore à cause des problèmes socio-économiques auxquels la population doit faire face. Cela illustre et explique bien les données suivantes : si la population de la Commune était de 17 833 en 1968 selon l’ Evolution de la population de Madagascar par Commune, 37 ans après, en 2005, elle n’était que 21 33273 , soit un surplus de 3 499 habitants seulement74 . 2. Un temps de doublement dépassant 30 ans Le taux d’accroissement naturel est donc un indicateur qui nous permet de mesurer la vitesse à laquelle augmente une population. Mieux encore, à l’aide de ce taux d’accroissement naturel, nous pouvons calculer le temps de doublement d’une population donnée. On peut donc avoir le temps de doublement d’une population donnée en divisant 72 par le taux d’accroissement naturel. Il est de l’ordre de 2775 ans selon le résultat du taux d’accroissement naturel de la Commune et de l’ordre de 3876 ans selon le résultat de nos enquêtes. Cela signifie donc, selon les deux données, que la population de la Commune 73 PCD de la Commune Rurale de Manjakandriana 74 Naturellement, il faut prendre en compte les erreurs dues au manque de rigueur des agents de l’Administration communale. Mais ce qui mérite d’être retenu ici, c’est que la croissance et visiblement faible. 75 72 / 2.7% = 26. 66ans 76 72 / 1.9% = 37. 89ans 34 de Manjakandriana doublerait en 2034 ou 2045. Notons que pour Madagascar, le temps de doublement est à peu près de 25 ans. D. Un mouvement migratoire à deux aspects (intra communal et vers la capitale) Par définition, les migrations77 sont des déplacements des individus à l’entrée ou à la sortie du territoire. Ce sont des événements démographiques qui traduisent la mobilité résidentielle des individus au sein d’une population. Ceux-ci concernent surtout les étudiants à la poursuite de leurs études. C’est le cas des nouveaux bacheliers qui vont poursuivre leurs études à l’Université de Tananarive. Ce mouvement peut être intra communale ou intra fokontany, mais aussi du chef-lieu vers la capitale. Il s’agit des marchands ambulants de Manjakandriana connus dans presque tout le marché de la région. Il y a aussi des travailleurs saisonniers qui partent vers le mois de mars vers Ambatondrazaka78 . En principe, l’individu ayant séjourné au moins six mois dans une localité est considéré comme résident de cette localité79 . Comme dans toute la région d’Analamanga, le peuplement de la Commune Rurale de Manjakandriana est essentiellement Merina (97.7%), puis viennent les Betsileo. Tableau n°7 : Origine des enquêtés Lieux d’origine Nombre des enquêtés Pourcentage La Commune même 89.96 89.96 Tananarive 4.24 4.24 Les Communes environnantes 3.08 3.08 Autres (Tuléar, Tamatave, Fianarantsoa,…) L’accessibilité de Manjakandriana y favorise les mouvements migratoires : d’après nos enquêtes plus de 10% des chefs de ménage enquêtés ne sont pas originaires de la Commune (ils viennent d’autres Communes, Districts, Régions …). La majorité des enquêtés sont originaires de la Commune même (89.9%) et le reste est constitué par des migrants venants de la Capitale, des Communes environnantes ou encore des autres régions. (cf. carte n°8) Généralement, le motif de migration est lié au lien familial (mariage, mise en valeur de l’héritage…) ou encore au travail (affectation, commerce,…). Pour ce qui est de la migration interne, notons qu’elle concerne le déplacement journalier des gens qui y travaillent ou des enfants des autres Communes (Sambaina ou encore Merikanjaka) qui y sont scolarisés. Cette migration interne s’intensifie le jour du marché durant laquelle des commerçants viennent dans le fokontany de Manjakandriana où se trouve le marché pour écouler leurs produits. Si c’est ainsi que se présente la migration, examinons maintenant la répartition spatiale de cette population.
Première partie : Un cadre physique peu favorable et une |