Les prédateurs ichtyophages de grandes tailles des milieux estuariens et lagunaires d’Afrique de l’Ouest
La lagune Ebrié La lagune Ebrié (Fig. 3) a fait l’objet de beaucoup de travaux de recherches dont la synthèse de Durand et Guiral (1994) mentionne que le système lagunaire Ebrié est le milieu saumâtre le plus étendu d’Afrique de l’Ouest. Il s’étire sur 125 km le long du littoral ivoirien (Tabl. 1) à environ 5° N. Il est représenté pour l’essentiel, par la lagune Ebrié d’une superficie totale de 523 km2 pour un volume de 2,58 km3 (sur 566 km2 et 2,72 km3 pour la totalité du système lagunaire). C’est une lagune ouverte en communication permanente avec l’océan par le canal de Vridi et de manière saisonnière par le Grau de Bassam. La lagune présente ainsi un caractère estuarien de part et d’autre du canal de Vridi. De plus, elle est soumise aux apports continentaux par un fleuve de régime soudanien, la Comoé à l’extrémité Est (4,1 km3 /an) et des rivières de type guinéen comme l’Agnéby et la Mé (0,9 km3 /an). Ces caractéristiques sont résumées au tableau
La lagune
Ebrié est étroite (1 à 7 km) et présente une profondeur moyenne faible (4,8 m). L’intrusion des eaux marines amortie ou amplifiée par les variations morphologiques locales, l’influence des eaux continentales et leur rythme d’arrivée conditionnent l’environnement lagunaire. Deux caractéristiques essentielles sont à l’origine de la zonation établie au niveau de la lagune Ebrié : le canal de Vridi et les apports d’eaux continentales. Le canal de Vridi (Fig. 3) s’inscrit à l’aplomb d’Abidjan. Contrairement à la passe de Bassam, il correspond à une ouverture pérenne et vaste qui permet une influence marine. L’effet de la marée, bien qu’atténué et déphasé, est ressenti aux deux extrémités de la lagune. N’étant pas situé au centre de la lagune mais au 2/3 est, le canal de Vridi crée ainsi une certaine dissymétrie entre les branches est et ouest de la lagune. Les apports d’eaux continentales sont constitués pour les deux tiers de ceux de la Comoé. Ce fleuve, débouchant à l’extrémité orientale de la lagune, renforce aussi la dissymétrie spatiale précédemment notée. En outre, les fluctuations très importantes du volume de la crue contribuent à une forte variabilité interannuelle. La lagune Ebrié a donc été découpée en six secteurs (Fig. 3) identifiés d’après des critères morphologiques, hydrologiques et physico-chimiques.
Le secteur II
De Bassam à Abidjan (87 km2), cette partie orientale (Fig. 3) de la lagune est au contraire très instable puisque soumise à la fois à une importante influence marine et aux crues du fleuve Comoé. Elle est caractérisée par son instabilité saisonnière : elle est soumise aux crues du fleuve Comoé qui la balaient entièrement d’août à novembre. Il en résulte des variations saisonnières de salinité très notables : de 0 à 20 PSU (eaux oligo- et mésohalines).
. Le secteur III
La région d’Abidjan (40 km2) est en communication avec l’océan par l’intermédiaire du Canal de Vridi (Fig. 3). Il est le secteur estuarien type caractérisé par des pulsions biquotidiennes de la marée. Les conditions du milieu y sont très variantes, résultant à la fois des rythmes océaniques et de l’importance de l’apport en eau continentale qui y transite (crues saisonnières). Des gradients verticaux de salinité y sont permanents et plus ou moins marqués suivant la saison, les eaux sont euryhalines ou oligo-halines suivant les cas. 2. 1.
Le secteur IV
D’Abidjan à Agnéby (107 km2), c’est le troisième secteur estuarien. Il présente des caractéristiques analogues aux deux précédents (secteurs II et III). Il est soumis à l’influence des crues de l’Agnéby (Fig. 3) et caractérisé par une propagation des variations de niveau océanique plus rapide. Les variations saisonnières de salinité sont appréciables quoiqu’un peu moins marquées (15 à 2 PSU).