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DELIMITATION DU CHAMP D’ETUDE
Le Cam Pénal de Liberté 6, l’un des établissements pénitentiaire les plus anciens du Sénégal, à été créé en 1948. Elle accueillait en moyenne cinq cent (500) personnes sur une capacité maximale de cinq cent treize (513)55. Situé dans l’extension localité dont il porte le nom, il est encerclé par la cité CANASSAP56. A quelques de la prison il y a le Camp militaire Sémou Malo, puis le télé centre et la boutique57. Derrière nous avons la maison d’arrêt des femmes.
Les Camps pénaux ont été créés en 198658. Le Camp Pénal de Liberté 6 (CPL6), ancien hôpital psychiatrique59date de 1948. C’est en 1986 que le nom de Camp pénal de Hann et devient le CPL6. A partir de 1989 la politique de réinsertion sociale est initiée, mais ce n’est qu’en 1993 que les travailleurs sociaux commencent à intervenir au CPL6 en accompagnant l’équipe médicale. En 1994, ces travailleurs se sédentarisent sur demande du régisseur de l’époque et mettent ainsi un service socio-éducatif 60.
En 1995, les locaux sont rénovés avec l’appui du programme « Prévention-Détention-Réhabilitation »61. Si en 1995 sa population s’élevait à cinq cent soixante dix (570) pensionnaires pour soixante dix (70) agents, à la date du 19 juillet 2004 elle était estimée à neuf cent treize (913) détenus pour soixante deux ( 62) avec un plafond budgétaire de six cent (600) condamnés. Cette situation ne manquera certainement d’avoir des répercutions sur la gestion du domaine. Il est subdivisé en trois niveaux : la cour administrative, la cour des métiers et la détention.
LA POPULATION CIBLE
C’est l’ensemble de la population du CPL6 composée de sénégalais et d’étrangers (des guinéens, gambiens, français, …). Nous avons décidé de ne travailler qu’avec les sénégalais puisque les étrangers à leur sortie sont amenés au niveau de la police des frontières pour leur extradition vers leurs pays respectifs.
En plus même si la politique ne les met pas en quarantaine, elle privilégie les nationaux. Parmi les prisonniers sénégalais, venu de différentes régions, les délits et crimes sont nombreux : viol, détournement de deniers publiques, faux et usage de faux, escroquerie, détention de chanvre indien, coups et blessures, vols à main armées, assassinat, atteinte à la sûreté de l’Etat …
Quant aux peines elles vont d’un (1) an à la perpétuité. Nous avons travaillé avec cette population sans tenir compte du délit et de la durée de la peine puisque tous les pensionnaires doivent être traités de la même manière et ont le droit de profiter des prérogatives mises en place pour leur prise en charge effective.
C’est ainsi d’ailleurs que nous les avons divisés comme suit :
les détenus qui font des corvées aussi bien à l’extérieur ( à la Médina …) qu’à l’intérieur (au niveau de la cour administrative) ;
ceux qui travaillent soit dans les ateliers répartis dans les huit (8) sections ou qui prennent des cours de langues ( anglais, français, arabe)
les pensionnaires qui n’ont aucunes activités, hormis le sport de maintenance, dont est soumis tout détenu, et qui restent pour la plupart du temps dans la détention.
Ce sont les détenus âgés de dix huit (18) ans et plus qui sont emprisonnés dans cette prison..
METHODES ET TECHNIQUES UTILISEES
LA RECHERCHE DOCUMENTAIRE
Elle constitue la première partie de ce travail, après le choix du sujet ( sa validation par les autorités académiques concernées) et l’obtention de notre autorisation d’accès au Camp Pénal de Liberté 6.
Nous avons effectué cette étape dans les différentes centres de documentation, les bibliothèques de Dakar en commençant par celle du département de Sociologie, celle d’Histoire, celle de la Faculté des Sciences Juridiques et la bibliothèque centrale de l’U.C.A.D. Les centres de documentation que nous avons visité sont les suivants : le CESTI, l’E.N.T.S.S, le CODESRIA, l’ENDA TIERS-MONDE, le R.A.D.I et celui de la RADDHO
La documentation électronique n’a pas été laissée en rade. En effet, nous y avons tiré beaucoup de documents qui nous ont permis de prendre connaissance des différents écrits qui sont faites sur le thème. Il faut noter que la problématique de la préparation à la réinsertion a été abondamment traitée contrairement aux questionnements sur la vie carcérale.
Les réflexions sur notre sujet sont abondantes et toutes les facettes sont abordées, notamment sur le plan juridique, historique. En bref, nous n’avons pas eu de problèmes de documents, c’était plutôt le contraire.
CONSTUCTION DE L’ECHANTILLONNAGE
Notre présente étude est une enquête par sondage avec un échantillon tiré de l’ensemble de la population cible selon des critères bien définis. Le type d’échantillonnage que nous allons utilisé est celui non probabiliste par quota, avec les détenus, et par boule de neige avec les anciens. A la date du 19 juillet la population était de neuf cent treize ( 913) 62pensionnaires. Nous avons pris un dixième (1/10) de toute la population sans distinction. Ainsi nous avons travaillé avec quatre vingt douze (92) individus. Pour vérifier notre postulat nous avons confronté cette échantillon avec celui d’anciens condamnés du CPL6 dont l’effectif dépend de nos contactes qui nous organisent les rencontres avec ces individus.
LES INTRUMENTS DE LA COLLECTE
C’est à l’aide desquels nous avons collecté les informations auprès des personnes ressource et de notre population cible. C’est le questionnaire et le guide d’entretien .
Le questionnaire
Nous l’avons administrer aux détenus sur les thèmes suivants : identification, vie carcérale et les politiques de préparation à la réinsertion socio-économique. Mais l’administration a été de type direct ou indirecte selon le niveau d’étude de notre enquêté. Ainsi, si nous sommes devant un détenu qui sait lire et écrire en français nous lui demandons de répondre direct sur la feuille, dans le cas contraire nous traduisons les questions en Wolof63 et nous remplissons au fur et à mesure.
Le guide d’entretien
C’est lors de notre quête d’information et de vérification que nous en l’avons utilisé. C’est notamment, auprès de régisseurs, du personnel du CPL6, des agents d’ONG qui s’activent dans ce domaine( le R.A.D.I, la RADDHO, CI BITI AIR LIBRE)
HISTOIRE DE LA COLLECTE DES DONNEES
LA PRE-ENQUETE
Après nos lectures nous avons effectué une descente sur le terrain pour une reconnaissance du milieu et aussi avoir les premiers contactes. Cela c’est fait au mois de février. A la suite de cette phase nous avons mis sur pied notre premier échantillon de guide d’entretien et de questionnaire puisque c’est à ce niveau que s’éclaircit la plupart du temps nos objectifs
LE PRE-TEST
Cette partie nous l’avons faite au mois de mai au CPL6 avec un échantillon de quinze (15)détenus que nous avons choisi au hasard pour tester la pertinence et la clarté de nos questions, mais aussi vérifier si elles nous permettront d’avoir les informations que nous cherchons à obtenir au près de nos enquêtés.
A la suite de cela nous avons reformulé beaucoup de questions soit parce que leur clarté laissait à désirer, soit elles reprenaient une question sous une autre forme ou tout simplement qu’elles soient incomplètes. Ainsi, nous avons éliminer certaines et ajouter d’autres. Mais surtout nous en avons reformuler plus de la moitié.
Ce questionnaire nous l’avons, toutefois administré aux détenus durant seulement une journée grâce à la collaboration du chef de cour et de l’assistant social qui nous avait prêté son bureau pour l’occasion.
Cette phase, qui a été d’une importance capitale pour la suite de ce travail, s’est déroulée durant tout le mois de mai.
DIFFICULTES RENCONTREES
Le milieu carcéral est très sensible du fait des conditions de vie qui heurtent parfois la conscience humaine. Ajouter à cela, la forte médiatisation et les différents organismes de lutte pour la défense des droits de l’homme, l’accès aux prisons et la possibilité de s’entretenir avec les détenus sont réglementés. Ainsi il faut faire une demande manuscrite adressée au directeur de la Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP) accompagné d’une photocopie de notre carte d’identité nationale et une note de notre chef de département. C’est l’obtention de cette dernière pièce qui nous a le plus retardé.
Mis à part ces quelques inconvénients dus aux lenteurs administratives, d’autres difficultés plus épineuses n’ont pas manqué de nous décourager tout au long de notre travail. Nous les répartirons en deux (2) groupes :
les difficultés rencontrés au sein du CPL6 peuvent être résumé comme suit :
impossibilité de visiter la détention pour des raisons de sécurité. En effet, selon les autorités, la présence d’une femme dans ces locaux risquerait de provoquer des troubles dans la gestion de ces quartiers. Par conséquent, nous avons dû nous contenter des descriptions que nous ont faites certaines de nos personnes ressources et des détenus.
obligation de prendre rendez-vous à chaque fois que nous voulions venir au CPL6 et avoir d’abord l’aval du régisseur et spécifier notre but, pour leur permettre également de se préparer en conséquence.
incompréhension totale due à l’antagonisme de nos intérêts. En effet, ne comprenant pas notre soucis d’objectivité, à la suite de notre pré-test le régisseur croyait que nous avons terminer nos entretiens avec les détenus alors que nous n’avions travaillé qu’avec quinze (15) individus. Nous aussi de notre côté nous ne parvenions pas à comprendre cette excès de prise de précaution qui parfois n’avaient pas sa raison d’être.
Nous n’avons pas pu avoir les statistiques du CPL6 de 1993 à 2003 parce que le système n’est pas informatisé. Alors que nous avons celles sur l’ensemble du territoire. Cela entraîne du coup des problèmes d’appréciation sur les chiffres et la récidive.
les entretiens avec les personnes ressources ont été très compliqués. En effet, les Sénégalais ont cette fâcheuse habitude de faire courir ceux qui ont besoin d’eux. Par conséquent, il fallait prendre des rendez-vous à ne plus en finir et le plus paradoxal c’est que certains d’entre eux ne prennent les appels téléphoniques émis à partir de télécentres64. Ainsi, nous avons été obligé de profiter des relations de parents, comme c’est de coutume dans ce pays ou tout simplement d’y renoncer.
Nous avons également été contraint de limiter le nombre d’anciens détenus à enquêter parce qu’ils étaient très difficile à contacter ou parfois ne prennent pas au sérieux ce que nous faisons. Notre statut de femme nous a aussi posé beaucoup de désagréments que se soit avec les détenus qu’avec les personnes ressources.
Mais les difficultés n’ont pas été aussi insurmontables que nous le prédisions. Cela s’explique par la collaboration de l’ensemble du personnel de la DAP, du CPL6, et surtout de l’O.N.G CI BITI AIR LIBRE. Le fait aussi que nous avions déjà travaille dans le milieu nous été d’un grand apport.
Nous avons, toutefois, été surprise par la disponibilité totale des pensionnaires qui n’ont ménagé aucun effort pour répondre à nos questions. En effet, il n’y a eu qu’un seul détenu qui semblait être contrarié par le fait d’avoir à nous répondre.
HISTORIQUE ET EVOLUTION DE LA POPULATION CARCERALE DE 1993 à 2003
La Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP) a été érigée comme telle en 197165. Elle est restée rattachée au Ministère de l’Intérieur jusqu’en 1998, date à la quelle elle est placée sous l’autorité du Ministère de la Justice. Cette direction est chargée d’assurer la garde des détenus et le bon fonctionnement des établissements pénitentiaires du Sénégal. Ces derniers, au nombre de trente sept (37) datent pour la plupart de l’époque coloniale. En ce temps, d’ailleurs, la garde des détenus et la sécurité des prisons étaient assurées par la gendarmerie nationale qui était, déjà, présente en 185166.
Le système carcéral sénégalais semble respecté les conventions et les traitées reconnus sur le plan international ( ONU, OIP) pour la gestion des prisons. Mais, contrairement, au régime carcérale actuel, dans la société traditionnelle les criminels étaient forcés à l’exiler. Durant la colonisation c’était surtout les opposants qui subissaient l’incarcération et tous ceux qui troublaient l’ordre publique. Il y avaient alors une séparation entre les prisonniers européens, les citoyens et les indigènes.
La population carcérale sénégalais évolue en étroite relation avec le niveau d la criminalité. Nous allons présenter dans le tableau suivant cette évolution de 1993 à 2002.
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
CHAPITRE I: PROBLEMATIQUE ET CONSTRUCTION DE L’OBJET D’ETUDE
I-1: Problématique
I-2 : Les objectifs de l’étude
I-2-1 : L’objectif général
I-2-2 : Les objectifs spécifiques
I-3 : Les hypothèses de travail
I-3-1 : L’hypothèse générale
I-3-2 : Les hypothèses spécifiques
I-4 : Revue critique de la littérature
I-5 : Définition des concepts-clés
I-6 : Modèle d’analyse
I-7 : La justification du choix du sujet
CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE
II-1 : Cadre de l’étude
II-1-1 : L’espace d’étude
II-1-2 : Le lieu d’étude
II-2 : Délimitation du champ de l’étude
II-3 : La population cible
II-4 : Méthodes et techniques utilisées
II-4-1 : La recherche documentaire
II-4 –2 : Les instruments de l’enquête
II-4 –3 : Construction de l’échantillonnage
II-4 -3-1 : Le questionnaire
II- 4 –3-2 : Le guide d’entretien
II-4 – 4 : Histoire de la collecte
II-4 – 4 – 1: Pre-test
II- 4 – 4 –2: Pre-enquête
II-5 : Les difficultés rencontrées
DEUXIEME PARTIE : IDENTIFICATION DES DONNEES DE L’ENQUETE
CHAPITRE I : GENERALITES SUR LES PRISONS SENEGALAISES
I-1 : Historique et évolution de la population carcérale de 1993 à 2002
I-2 : Typologie des prisons
I-2-1 : Les maisons d’arrêt et de correction
I-2-2 : Les camps pénaux
I-2-3 : Les pavillons spéciaux
I-3 : Répartition et fonctions du personnel administratif pénitentiaire au Sénégal
I-3-1 : Répartition
I-3-2 : Fonction des agents pénitentiaires
I-3-2-1 : Le régisseur et son adjoint
I-3-2-2 : Le chef de cour
I-3-2-3 : Le greffier en chef et son adjoint
I-3-2-4 : Le comptable des matières
I-3-2-5 : Les gardiens
I-3-2-6 : Le médecin (ou l’infirmier major) et les infirmiers
I-3-2-7 : Les travailleurs sociaux
CHAPITRE II : MONOGRAPHIE DU CAMP PENAL DE LIBERTE
II-1 : Les locaux
II-1-1 : La cour administrative
II-1-2 : La cour des métiers
II-1-3 : La détention
II-2-1 : Les acteurs physiques
II-2-2 : Les acteurs moraux
II-3 : Les statistiques
TROISIEME PARTIE : ANALYSE ET INTERPRETATION DES DONNEES DE L’ENQUETE
CHAPITRE I : IDENTIFICATION DES DETENUS
I-1 : Age et niveau d’étude
I-2 : Situation matrimoniale
I-3 : Catégories socio-professionnelles/ délits ou crimes
CHAPITRE II : LA VIE CARCERALE
II-1 : Les relations humaines
II-1-1 : A l’intérieur du Camp Pénal de Liberté6
II-1-1-1 : Entre détenus
II-1-1-2 : Entre détenus et agents de l’administration
II-1-2 : Avec l’extérieur
II-1-2-1 : Les visites
II-1-2-2 : Les corvées extérieures
II-2 : Les conditions de détention
II-2-1 : L’alimentation
II-2-2 : L’hygiène
II-2-3 : La santé
CHAPITRE III : LES POLITIQUES DE PREPARATION A LA REINSERTION SOCIO-ECONOMIQUE
III-1 : Les moyens
III-1-1 : Les moyens techniques
III-1-2 : Les moyens humains
III-2 : L’action des partenaires
III-2-1 : Le moniteur sportif
III-2-2 : Le prêtre
III-2-3 : L’O.N.G Ci Biti Air Libre
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
1 : Récit de vie de deux anciens détenus
2 : L’autorisation d’accès au CPL6
3 : Le questionnaire
4 : Le guide d’entretien