CONSEQUENCES DE LA PHARMACIE PAR TERRE ET APPRECIATION DE LA POLITIQUE PHARMACEUTIQUE EN REPUBLIQUE DU MALI
Dans ce chapitre voir clicours.com, nous allons faire apparaître dans un premier temps les nombreuses conséquences de la « pharmacie par terre ». Nous porterons ensuite une analyse critique sur quelques parties de la politique pharmaceutique nationale. .:
CONSEQUENCES DES MEDICAMENTS PAR TERRE
La multiplication des points de vente des médicaments par terre dans le district de Bamako pose de sérieux problèmes à la sauvegarde de la santé publique due à la consommation de ces produits. Ces conséquences sont d’ordre sociales, économiques, sanitaires ou politiques. Le diagramme ci-dessous représente les liens relatifs à la vente des médicaments par terre..
CONSEQUENCES SOCIO-ECONOMIQUES
La vente des médicaments par terre dans le district de Bamako est assurée généralement par des jeunes ruraux venus de la campagne à la recherche d’un emploi. A ceux-ci, il faut ajouter les femmes ménagères qui deviennent vendeuses pour soit compléter le prix de condiments ou soit assurer les frais d’entretien de la famille. Ces vendeurs ou vendeuses proposent des prix intéressants qui détournent de plus en plus les clients des pharmacies légalement constituées. Cela va en demeurant engendrer une réticence à l’investissement qui aura pour conséquence un taux de chômage élevé dans le secteur. Cette concurrence déloyale réduit considérablement les recettes des structures autorisées à opérer dans ce secteur : Officines, Dépôts Pharmaceutiques, Multi-M, Laborex, Asaco-Furaso. Il existe peu de données accessibles sur le véritable volume de ce marché mais de tous les responsables chargés de la mise en œuvre de la politique pharmaceutique, il ressort que la vente illicite des médicaments a un impact certain sur le chiffre d’affaire du secteur formel. Ce marché constitue également un manque à gagner pour les mairies des communes de Bamako dans le domaine de la fiscalité. En effet, dans une étude menée par la division laboratoire pharmacie (DLP), il ressort que le chiffre annuel réalisé par les vendeurs ambulants de médicaments s’élève à environ 78.852.200fcfa contre 55.000.000fcfa pour une pharmacie. Dans l’enquête intitulée « L’étude descriptive de la vente informelle des médicaments dans quelques marchés de Bamako » de Adrienne Samaké, on apprend que le bénéfice journalier réalisé par un vendeur est environ de 135fcfa à 675fcfa soit 49.275fcfa à 246.375fca par an. Ces chiffres échappent à l’impôt et constituent du coût un manque à gagner pour le trésor public. Le marché des médicaments par terre occasionne l’introduction des substances interdites par la loi. Il s’agit des drogues qui ont pour effet d’accentuer la toxicomanie voire la délinquance dans le district. L’accentuation de la « pharmacie par terre » à Bamako contribue à la marginalisation des couches les plus défavorisées. Le schéma de prise en charge complète des problèmes de santé des pauvres ne peut être assurée efficacement que lorsque l’état engage une lutte acharnée contre le fléau.
CONSEQUENCES SANITAIRES
La dévaluation du franc CFA et la crise économique des dernières années ont contribué à réduire les chances des couches défavorisées à prendre en charge leur santé. La conséquence première de la prise des médicaments par terre est l’abandon progressive des structures de santé. Les patients se tournent alors vers ces « poisons » entraînant des conséquences sanitaires comme les infirmités souvent irréversibles, les malformations congénitales, les intoxications avec actions néfastes sur certains organes vitaux (Yeux, foie, rate, pancréas, le cœur, le cerveau, les reins), les infirmités et les accidents souvent mortels. Les conseils thérapeutiques et posologiques ne sont généralement pas adéquats même quand ils sont donnés par le vendeur, lui-même ignorant totalement les informations réelles sur le médicament. Il est clair qu’avec des médicaments sans principe actif ou contenant un principe actif différent de celui attendu, des médicaments périmés ou détériorés par les conditions de conservation, les conséquences ne peuvent être que désastreuses. Cette mauvaise utilisation des médicaments oblige le consommateur, une fois dans une structure hospitalière pour un problème quelconque, à acheter des antibiotiques plus chers pour essayer de trouver celui auquel les bactéries ne seront pas résistantes.
CONSEQUENCES POLITIQUES
Le fondement de la politique sectorielle de santé du Mali est basé sur le concept de l’initiative de Bamako dont les objectifs sont entre autres l’élaboration d’une politique pharmaceutique nationale à travers une politique de promotion des médicaments essentiels et génériques. Donc, le médicament est un élément essentiel pour la lutte et la prévention des maladies. Sa qualité, son efficacité et sa sécurité doivent être assurées pour donner confiance aux malades. Le contraire aura forcement une incidence sur la mise en œuvre de la politique pharmaceutique. L’effet de la vente illicite des médicaments sur la santé publique dans le district de Bamako se situe dans la facilité d’acquisition et de consommation de ces médicaments qui peuvent être obtenus sans restrictions majeures pour le patient dans le cadre de son traitement. Les efforts des pouvoirs publics à réduire le taux de prévalence des maladies sont alors réduits conduisant à l’échec de toute la politique pharmaceutique. Le recouvrement des coûts adopté en 1987 à l’Initiative de Bamako ne peut être efficace que lorsque la vente illicite des médicaments ne cesse de croître. A cela s’ajoute la non application des textes relatifs à la répression à cause des pressions sociales et partisanes.
VUE CRITIQUE SUR LA POLITIQUE PHARMACEUTIQUE NATIONALE
Le Mali est un pays continental, situé au cœur de l’Afrique occidental et partageant environ 7200km de frontières avec l’Algérie au nord, le Niger à l’est, le Burkina Faso au sud-est, la Cote d’Ivoire et la Guinée au sud, le Sénégal et la Mauritanie à l’ouest. Le Mali couvre une superficie de 1.240.192 Km2 avec une population de 9.790.492 habitants selon le recensement général de la population et de l’habitat d’avril 1998 avec un taux d’accroissement annuel de 2,2%. Les crédits affectés à la santé dans les pays en développement (principalement en Afrique), et notamment au Mali, ont été constamment diminués en raison du poids de la dette et de la chute des cours des produits à l’exportation (années 1980). Le très faible taux de croissance économique dans ces pays ne permet pas d’augmenter la part de la santé dans les budgets de l’État. De plus, les crédits sont parfois gaspillés (la « bouffeur-cratie » ou corruption …), en tout cas souvent mal répartis. Ainsi, dans certains pays, les dépenses de santé sont affectées aux infrastructures, équipements et surtout salaires de personnel, laissant peu de ressources aux actions concrètes de prévention et de soins. De plus, les crédits principaux sont souvent affectés à des structures lourdes (hôpitaux), dans des services coûteux et ne touchant qu’une faible partie de la population.
Sur le plan administratif, le système de soins est très hiérarchisé et les organes de gestion hyper – centralisés. Ceci se répercute sur la qualité des soins : les prestations sont très inégales entre les campagnes et les villes principales. Enfin, la gratuité des soins, droit fondamental inscrit dans la Constitution lors de l’Indépendance de bon nombre de pays africains, n’a amélioré en rien la situation financière des services de santé. Les programmes de santé mis en place dans les pays en développement sont souvent généraux, fragmentés, coûteux, peu efficaces et peu rentables. Les médicaments sont chers (spécialités), pas toujours adaptés aux besoins locaux. Leur approvisionnement se fait le plus souvent au niveau local et en petites quantités, ce qui augmente les coûts. De plus, un mauvais stockage occasionne des pertes parfois importantes. Il résulte de cette organisation : un manque douloureux de médicaments, une détérioration des structures sanitaires. En Décembre 1990, le Mali adopta des stratégies d’intervention sur la base des recommandations de l’Initiative de Bamako, le médicament essentiel occupant la première place. Il s’agit de : L’extension de la couverture sanitaire et l’amélioration de la qualité des prestations La disponibilité et l’accessibilité des médicaments essentiels La participation communautaire dans la gestion du système La mobilisation des ressources nécessaires au financement du système de santé y compris dans le recouvrement des coûts. La politique gouvernementale du médicament se voulait adéquate et adaptée mais, pour des raisons que nous évoquerons plus loin, elle semble avoir déviée d’objectifs.