Les perspectives de l’insémination artificielle ovine dans la commune de Saint-Louis.

PRESENTATION DU CADRE DE L’ETUDE

Le milieu physique

La ville de Saint-Louis est située dans la région du même nom. Elle occupe le nord du Sénégal et constitue une zone tampon entre l’Afrique arabo-berbère et l’Afrique noire. La région de Saint-Louis est au carrefour de l’océan, du désert et des régions sahéliennes et est traversée par le fleuve Sénégal sur toute sa longueur (Chamard P.C. et Sall, 1977). La ville est située dans un site amphibie du Delta du fleuve Sénégal et dans une zone de formation quaternaire particulièrement basse et plate. A l’ouest, nous avons un cordon littoral constituant la Langue de Barbarie qui donne une forme générale au relief et à l’hydrographie. Seules les terres situées à l’est du site se trouvent dans des zones exondées. La structure du site est tripolaire et est composée de :(i) la Langue de Barbarie dans le littoral, (ii) l’Ile de Saint-louis au centre, (iii) l’Ile de Sor qui est une cuvette.
Le climat est de type sahélien caractérisé par deux saisons :
– une saison de pluies chaude ;
– une saison sèche avec deux périodes : une froide et une chaude.
Deux types de sols sont rencontrés dans le territoire communal :
– des sols de type argileux communément appelés « sols du Waalo » ;
– des sols de type sableux dans la zone dite des « Niayes ».
La température, relativement douce, ne dépasse guère une moyenne annuelle de 25°C. Un tel environnement est propice au développement de l’élevage intensif notamment des petites espèces comme la volaille et les petits ruminants.
La pluviométrie est faible et mal répartie : elle est de l’ordre de 250 mm sur trois mois de pluies. La végétation est riche et variée, d’ailleurs, l’arboriculture et l’horticulture occupent une place importante dans les activités des ménages notamment dans le faubourg de Sor (l es quartiers de Ndioloffène, Khor et Bango). Le réseau hydrographique est déterminant dans l’architecture de la cité.

les aspects démographiques

Selon le recensement général de la population et de l’habitat (décembre 2002), la commune de Saint-Louis compte 154 555 habitants dont 76271 (49,35%) hommes et 78284 (50,65%) femmes. La commune compte 14 496 concessions pour 17 670 ménages, soit une moyenne de 8,8 personnes par ménage. La population est jeune : 58% des habitants ont moins de 20 ans avec une légère prédominance de filles. Toutes les ethnies du Sénégal sont représentées avec cependant une prédominance des Wolofs et des Toucouleurs. Du point de vue confession religieuse, les musulmans dominent avec 98,6% suivis de loin des chrétiens 0,4% et 1% de religions traditionnelles ou sans croyance (Diaw Y. 2005).
Les aspects socio-économiques : La pêche artisanale, le commerce et le tourisme, constituent les activités économiques les plus importantes.
Situation et importance de l’élevage au Sé négal : L’économie du pays repose sur le secteur  agricole. Le Sénégal compte un cheptel important et varié. Toutes les espèces animales y sont représentées.

L’élevage du mouton

Les systèmes de production

Système transhumant traditionnel : C’est le système prépondérant au Sénégal. Il est pratiqué par des éleveurs très attachés à l eurs valeurs socioculturelles (Lô MB., 1989). L’alimentation est assurée exclusivement par les pâturages naturels pendant l’hivernage mais pendant la saison sèche le troupeau transhume vers les régions agricoles pour profiter des résidus de récoltes. L’abreuvement se fait au niveau des mares temporaires en saison pluvieuse et autour des puits et forages pendant la saison sèche (Landais E.et al, 1990). Les animaux bénéficient de peu de soins médicaux et l’utilisation de méthodes traditionnelles est le premier traitement en cas de manifestations de signes clinques d’une pathologie (Diop M., 1987). Systèmes semi intensif périurbains et urbains : Pour des raisons variées d’ordre climatique (climat doux) ou économique (proximité du marché), l’élevage s’est développé autour des grandes villes. L’urbanisation et les problèmes qu’elle pose pour l’entretien des animaux n’ont pas dissuadé les citadins à élever des animaux dans leurs maisons et particulièrement le mouton.
Types génétiques élevés au Séné gal : Les races élevées au Sénégal appartiennent au mouton à poils que Doutressoule, cité par Lô MB.(1989), a classé en trois catégories ( i) mouton du Sahel ou mouton à poils ras (ii )mouton nain du Sud ou Djallonké (iii )mouton Métisse ou Waralé.
La passion des éleveurs de mouton au Sénégal et leur manque d’organisation, notamment dans le domaine de l’amélioration génétique, ont eu des conséquences évidentes sur les races locales pures. En effet, aujourd’hui il est très difficile au Sénégal de dire que tel mouton appartient à telle race ; c’est pourquoi il est plus simple de parler du mouton sénégalais. Néanmoins, d’autres races sont importées et exploitées par des éleveurs privilégiés. Il s’agit des races Ladoum, Bali-bali et Azawak.
Contrôle et régulation : Contrairement au mâle, le comportement sexuel de la femelle est spécifiquement hormono-dépendant. Les facteurs sociaux tels que la présence du mâle peuvent être perçus comme des stimuli. (Baril G. et al. 1993).

Rôle des sécrétions hormonales

Chaque ovulation se produit après une sécrétion d’oestrogènes qui provient du follicule pré-ovulatoire ovarien. La croissance folliculaire terminale suit la diminution brutale de la progestérone au moment de la lutéolyse. Chez la brebis, la sensibilisation du système nerveux central par la progestérone pendant le cycle, est essentielle pour faciliter l’action inductrice des oestrogènes sur la réceptivité sexuelle, lors de l’oestrus suivant. Une telle observation explique partiellement que, chez les races saisonnées, il existe des ovulations silencieuses (des ovulations non associées à un c omportement d’oestrus) au début de la saison sexuelle annuelle et lors de la puberté, puisqu’elles ne sont pas précédées d’une période de production de progestérone (Cognie Y., 1977).
Rôle de l’environnement social : Le comportement d’oestrus n’est pas un phénomène simple. Il a, en effet, été établi qu’en plus de l’acceptation de la monte (réceptivité), la brebis exerce une véritable attraction envers le mâle (proceptivité). (Orgeur P et al. 1984).
Les manifestations de l’oestrus : La femelle, au moment de l’oestrus, est sensible à l’odeur du mâle et répond à sa cour par l’immobilisation posturale, nécessaire à l ‘accouplement. Outre la recherche active du mâle, les brebis manifestent d’autres signes externes qui sont plus ou moins perceptibles, selon les races ou les individus. Il s’agit de: (i) l’agitation de la queue, (ii) la tête tournée vers le mâle, (iii) des bêlements plus fréquents si le mâle est absent etc.
Ces signes apparaissent et disparaissent progressivement avec le début et la fin du comportement d’oestrus.

Physiologie sexuelle du bélier

Activité sexuelle chez le bélier

Variations saisonnières de l’activité sexuelle : Comme celle des femelles, l’activité sexuelle des béliers est saisonnière dans les pays de l’hémisphère Nord. Pendant l’ »anœstrus » saisonnier, on observe une régression du comportement sexuel mais qui n’est jamais nulle.
Production de spermatozoïdes : La puberté survient à l’âge de 18 mois. Chaque 24 heures, 4.5 à 8 milliards de spermatozoïdes sont produits par bélier. La durée de production de ces spermatozoïdes dépasse 2 m ois. (Élaboration dans le testicule 49 jours et maturation et stockage dans l’épididyme 15 jours).

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Contrôle et régulation

Chez le mâle adulte, le comportement sexuel (motivation et efficacité) dépend directement des sécrétions hormonales et des événements « sociaux. Des stimulations externes, comme l’alimentation ou le climat, peuvent également interagir avec ces facteurs (Boukhliq R. 2002).
Rôle des sécrétions hormonales : Le comportement sexuel des mâles est sous le contrôle de la testostérone ou de ses métabolites.
Rôle de l’environnement social : La motivation et l’efficacité sexuelle des béliers peuvent être modifiées par la compétition et la hiérarchie existant dans un groupe de mâles. La présence de femelles en oestrus facilite la pleine expression du comportement sexuel du mâle.
Caractéristiques du c omportement sexuel : Organisés en séquences de durées variables, les différents éléments locomoteurs du comportement sexuel sont caractérisés par des actes stéréotypés. (la figure 3).

MATERIEL ET METHODES

La zone d’étude : Notre étude concerne l’ensemble du territoire communal de St-Louis : la partie urbaine et périurbaine. Nous avons retenu quatre sites naturels qui sont :
• Site 1 : Langue de Barbarie (Guet-Ndar, Ndar- Toute, Goxu-Mbac) ;
• Site 2 : Ile de Saint-Louis (Nord, Sud) ;
• Site 3 : Faubourg de Sor (D iameguène, Corniche, Balacosse, Darou, Khor, Léona), Eaux- Claires, HLM, Djoloffène, Cité Niakh, Diawling, Bayal) ;
• Site 4 : Banlieue du faubourg de Sor (Pikine, Diaminar, Guinaw Rail, Sor Daga, Sor Diagne, Bango, Ngallèle).
Matériel : Le matériel est composé des fiches d’enquête destinées aux éleveurs de moutons (annexe n°1) et du matériel informatique pour le traitement des données. Les logiciels Access, Excel et Word ont été utilisés.
Méthodes : L’unité d’étude retenue ici est la concession. Ce choix est guidé par la conduite de l’élevage des petits ruminants pratiquée par les populations qui considèrent cet animal un peu comme un animal de compagnie donc très intégré dans la maison.
Technique d’échantillonnage : Il n’existe pas à ce jour de recensement officiel permettant de connaître le nombre d’éleveurs résidant dans la commune de Saint-Louis. Pour déterminer notre échantillon, nous nous sommes basé sur des estimations de l’Inspection Départementale des Services Vétérinaires de StLouis (Rapport annuel de la campagne de prophylaxie 2006). L’effectif estimé des petits ruminants (ovins et caprins) ciblés pour l a campagne est de15500 sujets. Les caprins sont estimés à 4000 ; ce qui donne pour les ovins 11500 têtes.
Des résultats de travaux comme ceux de Diaw y. et al (2005) ont donné une moyenne d’environ 5 têtes par exploitation. Ainsi, nous estimons le nombre d’élevages ovins de la commune à 2300.
Notre échantillon est de 180 unités d’enquête soit 7,80% de l’effectif total estimé des éleveurs de la commune. Les exploitations sont choisies au hasard dans chacune des quatre sites, mais le nombre de personnes enquêtées par site, tient compte de la densité des élevages au niveau de chaque site.
Méthodes d’entretien : Les enquêtes ont été conduites par quatre enquêteurs, élèves de troisième année (fin d’étude) de l’école d’élevage de St Louis. Chaque enquêteur s’est occupé d’un site. Le questionnaire a été élaborée en partie pour les besoins d’une étude de caractérisation de l’élevage ovin dans la Commune de St Louis, étude menée par Diaw y. et al (2005) sous notre supervision. Le questionnaire a été complété et réajusté et ensuite nous l’avons testé sur un échantillon de 10 élevages par site.

RESULTATS ET DISCUSSIONS

Présentation des résultats

Données sociodémographiques

Sexe et âge : Les éleveurs enquêtés sont pour l’essentiel (68%) des hommes contre seulement 32% de femmes (tableau 3). 71% des éleveurs enquêtés sont âgés de 25 à 60 ans. Les jeunes de moins de 25 ans sont tous des garçons et représentent 5% de l’échantillon. Les personnes du troisième âge, quant à elles, sont de l’ordre de 24% et sont à 17% des hommes.
Activités professionnelles des éleveurs enquêtés : Plus de la moitié des éleveurs enquêtés, soit 61.93 %, ont une activité professionnelle libérale, voire informelle (commerçants, marchands, transporteurs, ouvriers). Les salariés représentent 26,70 % et sont en majorité des enseignants. Les éleveurs restants (11,34%) sont surtout des retraités et personnes du troisième âge. Les éleveurs enquêtés sont en général d’origine citadine (81,36%). Ceux qui sont originaires du monde rural représentent quand même 18,64%. Les éleveurs de moutons de la commune de Saint-Louis sont à 90% non m embre d’une organisation professionnelle contre 10% membres d’une association d’éleveurs. La figure 5 donne le niveau d’instruction des éleveurs enquêtés

Données techniques

Composition et structure du cheptel ovin de la commune :Les élevages enquêtés sont composés d’ovins (41,6%), de volaille (36,51%), de caprins (14,21%) et de bovins (1,40%) (Tableau 5)

Les « Races » élevées

Les « races » élevées se répartissent comme suit : Touabir (26,43%), Ladoum (22,86%), Peul-Peul (19,29%), Bali-Bali (12,14%) et enfin croisés et non définis (19,28%). Dans le site 2 (centre ville) la fréquence relative cumulée du Touabir et du Ladoum atteint 45%.
La conduite du troupeau : Les résultats montrent une grande diversité de stratégies de conduite des animaux. En effet, 64,57% des ovins sont logés dans la concession, 22,86 prés de la maison (souvent devant) et 12,57 loin de la famille.
Le type de logement varie également : enclos sommaire (64,57%), bergerie bien aménagée (22,86%) et enfin sans abris (12,57%). Dans le logement, 70,24% des pensionnaires sont entravés et 29,76 % sont en stabulation libre.
La conduite de l’alimentation : Les animaux sont alimentés sur place dans 98,25% des élevages enquêtés. Pour l e reste, les éleveurs laissent les animaux divaguer, ou les conduisent aux pâturages avec une complémentation le soir. La fane d’arachide est utilisée comme ration de base dans seulement 3,85%.Tous les élevages enquêtés utilisent une ration complémentaire à base de concentrés d’origine industrielle ou artisanale, de tourteaux d’arachide, de grains de céréales, de graines de haricot (« niébé »), de mélasse, de son de céréales, mais toujours aussi avec des restes de repas des ménages. La ration de base, ainsi que la ration complémentaire, sont généralement distribuées deux fois par jour (le matin et le soir). L’abreuvement se fait à la mi-journée pour profiter de l’eau qui a servi au rinçage du riz utilisé pour préparer le repas de midi.
La conduite de l’hygiène et de la santé des animaux :Tous les éleveurs enquêtés déparasitent leurs animaux. La moitié (50,8%) le fait deux fois par an et près du quart (21,6%) le fait plus de deux fois dans l’année. La vaccination est faite dans 87,6% des élevages contre la pasteurellose ovine et dans 47,2% des cas contre la peste des petits ruminants.
Le taux de mortalité moyen est de 9,57 par an. Les symptômes observés chez les animaux malades sont assez variés (tableau 8).

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