Rôle du pharmacien d’officine dans le sevrage des médicaments apparentés aux benzodiazépines chez la personne âgée
Le sommeil : architecture, troubles et évolution avec l’âge
Physiologie du sommeil
Le sommeil prend une place importante dans notre vie, non seulement parce que nous passons près d’un tiers de notre temps à dormir (à 60 ans vous aurez dormi 20 ans et rêvé 5 ans), mais aussi parce que le sommeil est un élément indispensable à notre équilibre physique et psychique. Le sommeil se découpe en phases identiques (sommeil lent, sommeil paradoxal, etc.) au cours de la vie mais l’organisation de ces phases diffère selon l’âge et les individus. Ainsi, nous ne sommes pas tous égaux face au besoin de sommeil. La société, depuis quelques décennies, ne favorise pas un sommeil de qualité (le rythme de vie s’est considérablement accéléré, le stress, etc.). Nous avons tous rencontré à un moment ou un autre des troubles du sommeil. De plus, lorsque nous prenons de l’âge, le sommeil subit des perturbations diverses et variées et nous avons tendance à rêver de moins en moins. En effet, 40% des personnes de plus de 75 ans déclarent avoir des problèmes de sommeil. [16] Si la retraite rime avec repos et abolition des obligations sociales, le vieillissement ne va pas toujours de pair avec un sommeil de plomb. Le sommeil est constitué de plusieurs cycles de 90 minutes environ qui se succèdent toute la nuit. Dans un cycle plusieurs stades s’enchaînent. Le sommeil normal comprend : • le sommeil à ondes lentes • le sommeil paradoxal (sommeil à activité rapide)
Sommeil à ondes lentes
Il comprend 4 stades (identifiés par des enregistrements EEG) : • la phase de sommeil lent léger (stades 1 et 2) : c’est le moment où l’individu passe d’un état d’éveil à l’endormissement. Sur cette période, le sommeil reste léger et manque de s’interrompre à la moindre perturbation extérieure. Le dormeur qui se réveille à ce moment-là n’aura pas eu la sensation d’avoir dormi. • le dormeur passe ensuite en sommeil lent profond (stades 3 et 4) : son activité cérébrale ralentit de plus en plus et sa sensibilité au bruit et à la lumière diminue. Le dormeur est alors profondément endormi et il sera difficile de le réveiller. C’est durant cette phase que le corps récupère de la fatigue physique accumulée durant la journée.
Sommeil paradoxal
Par la suite, le sommeil paradoxal remplace le sommeil lent profond. Le dormeur passe d’une activité cérébrale ralentie à une activité cérébrale intense pratiquement comparable à celle d’une personne éveillée. C’est d’ailleurs à cette période-là que nous rêvons. Si notre cerveau est en pleine activité, les muscles de notre corps restent paralysés et le corps inerte, à part nos yeux qui opèrent des mouvements rapides en saccades et les organes pelviens qui se dilatent. C’est pendant le sommeil paradoxal que nous récupérons de la fatigue psychique et nerveuse. Le sommeil paradoxal marque la fin d’un cycle de sommeil. Entre chaque cycle, le dormeur passe par une phase de sommeil intermédiaire, durant laquelle il est sujet aux micros-réveils dont il n’aura pas souvenir. Figure 4 : Le cycle du sommeil et ses différents stades La composition de chaque cycle évolue au cours de la nuit : en première partie de la nuit, le sommeil est majoritairement constitué de sommeil lent profond alors qu’en fin de nuit, ce sont les sommeils lents légers et paradoxaux qui prédominent. Nous dormons en moyenne entre 4 et 6 cycles par nuit, soit 6 à 9 heures. Cependant, ce nombre diffère d’un individu à l’autre : 3 cycles suffiront à un court dormeur alors qu’un long dormeur aura besoin de 7 cycles pour bien récupérer. La quantité et le rythme de notre sommeil dépendent de notre horloge biologique (située dans l’hypothalamus et déterminée génétiquement) qui régule l’alternance entre les phases d’éveil et de sommeil en 24 heures : c’est elle qui conditionne donc notre heure d’endormissement le soir et notre heure de réveil le matin. Au cours de notre vie, l’horloge interne est modulée par notre environnement et notre vie sociale : activités nocturnes, réveil matinal pour aller travailler, etc.
Troubles du sommeil [
Définition de l’insomnie
L’insomnie se définit comme étant la diminution de la durée habituelle de sommeil et/ou l’atteinte de la qualité de celui-ci avec un retentissement sur la qualité de la veille du lendemain. Il existe : • des insomnies par difficulté d’endormissement (anxiété, surmenage) ; • des insomnies par réveils fréquents dans la nuit ; • des insomnies par réveil précoce (dépression). Pour diagnostiquer une insomnie, la difficulté à dormir doit avoir un impact négatif sur la fonction quotidienne. [19] L’insomnie aiguë peut durer d’une nuit à quelques semaines. L’insomnie chronique est définie par des troubles apparaissant au moins 3 nuits par semaine pendant plus de 4 semaines, elle est souvent secondaire à un trouble anxieux et/ou dépressif qu’il convient de traiter.
Troubles bénins du sommeil
Il en existe plusieurs : endormissement difficile (supérieur à 30 minutes) ; réveils nocturnes ; insomnie occasionnelle ; nycturie (celle-ci augmente avec l’âge, 50% des PA de plus de 70 ans se lèvent au moins une fois la nuit) ; les parasomnies (somniloquie, crampes nocturnes des membres inférieurs, cauchemars).
Pathologies du sommeil
- les insomnies chroniques : c’est une maladie à ne pas prendre à la légère. Elle touche environ 40% des sujets de plus de 75 ans. C’est le trouble du sommeil le plus fréquent. Si l’insomnie n’a aucune cause identifiable, on parle d’insomnie primaire. Si elle découle d’autres pathologies somatiques et/ou psychiques (maladies cardiaques, démences, Parkinson, dépression, anxiété, etc.) ou de la prise de médicaments, on parle alors d’insomnie secondaire. Celle-ci est plus fréquente, elle ne suggère pas que d’autres affections « provoquent » l’insomnie, mais plutôt que l’insomnie et les autres affections coexistent, et peuvent chacunes justifier une attention et un traitement. [19] 24 • ronflement et syndrome d’apnées du sommeil : nous considérons le ronflement, bruit respiratoire émis pendant le sommeil en raison d’une réduction du calibre des voies respiratoires, comme un phénomène anodin. Cependant, la présence de ronflements s’arrêtant régulièrement pour reprendre bruyamment ainsi qu’une personne qui s’endort facilement la journée sont des éléments qui doivent amener à suspecter un syndrome d’apnées du sommeil et à consulter son médecin traitant. • syndrome des mouvements périodiques des jambes au cours du sommeil : ils sont à l’origine d’éveils nocturnes. Ce syndrome touche 45% des PA et plus particulièrement les femmes âgées. Sa fréquence augmente avec l’âge et le traitement par antidépresseur. • syndrome des jambes sans repos : il se traduit par des sensations désagréables au niveau des jambes et des bras qui surviennent le soir, au repos. Ces sensations peuvent prendre la forme de paresthésies (picotements, fourmillements, engourdissements, sensations de brûlures et d’électricité) ou de dysesthésies (augmentation ou diminution de la sensibilité). Ces sensations s’accompagnent d’un besoin irrésistible de bouger sans cesse ce qui retarde l’endormissement. Le syndrome des jambes sans repos touche 15% des PA. Pour apaiser ce syndrome, la personne peut prendre une douche fraîche ou passer un gant froid sur les jambes.
1) Introduction |