Les personnages bibliques et la ṣara‛at

 Les personnages bibliques et la ṣara‛at

Pharaon

Nous avons vu plus haut, dans le paragraphe consacré à la sexualité qu’un Pharaon avait été atteint à cause de Sarah, mais un autre Pharaon a été frappé1121 : Le roi d’Egypte mourut1122 : il eut la ṣara‛at et fut considéré comme mort comme il est dit  : qu’elle ne ressemble pas à un mort-né. Les enfants d’Israël gémissaient, car les magiciens avaient dit à Pharaon que pour guérir il devait se baigner matin et soir dans le sang de cent cinquante enfants juifs. Dieu entendit leurs gémissements et se souvint de son alliance  avec Abraham, avec Isaac, avec Jacob et Israël fut sauvé grâce au mérite des patriarches : nos Sages ont dit qu’un miracle a eu lieu et que Pharaon fut guéri de sa ṣara‛at. 

La fille de Pharaon 

Il s’agit de celle qui a recueilli Moise: Nos Sages ont dit que la fille de Pharaon était meṣora‛at, c’est pourquoi elle était descendue se baigner. Dès qu’elle a touché la corbeille (contenant Moïse), elle a été guérie. Pour cette raison, elle a eu pitié de Moïse et elle l’a aimé d’un grand amour. 3 – Goliath Goliath fait partie selon de Midrash des meṣora‛im : Nos Sages ont dit : Dieu frappa Goliath de la ṣara‛at comme il est dit : En ce jour, l’Eternel te livrera à moi. Les Rabbins font une gezerah shawa entre ce verset et Lévitique 13, 26 qui utilisent le même verbe (à des temps différents) : yesaggerekha dans le premier et we-hisgiro dans le deuxième . 4 – Aḥitofel. Aḥitofel, conseiller d’Absalon après avoir été celui de David, trahissant ainsi ce dernier, est cité brièvement dans une baraïta : En trois occasions, des hommes ont regardé mais n’ont pas vu (n’ont pas su interpréter leur vision). Ce sont Nebat, Aḥitofel et les astrologues de Pharaon. […]. Aḥitofel a vu la ṣara‛at apparaitre sur lui et il a pensé que c’était le signe qu’il règnerait. Mais il se trompait, il s’agissait de sa (petite) fille qui a donné naissance à Salomon. Aḥitofel s’est trompé sur l’interprétation de son atteinte qu’il considérait comme un heureux présage. Mais c’est sa petite fille, Bethsabée, qui a eu le destin royal auquel il prétendait. 

David 

Les Rabbins se sont posés le problème d’une incohérence dans la durée du règne du roi David et en ont déduit qu’il avait été frappé de ṣara‛at : Rabbi Yehudah a dit au nom de Rav  : David fut frappé de ṣara‛at pendant six mois, la Présence Divine le quitta et le Sanhedrin s’écarta de lui. Il eut la ṣara‛at, comme il est écrit  : Puisses-tu me purifier avec l’hysope, pour que je sois pur ! Puisses-tu me laver, pour que je sois plus blanc que neige. La Présence Divine le quitta, comme il est écrit  : Rends-moi la pleine joie de ton secours, et soutiens-moi avec ton esprit magnanime. Et le Sanhedrin s’écarta de lui, comme il est écrit  : Que tes adorateurs reviennent à moi, et ceux qui connaissent tes vérités. Comment savons-nous qu’il a été atteint pendant six mois ? Parce qu’il est écrit  : Le temps que David régna sur Israël fut de quarante années : Il régna à Hébron sept années, et trentetrois ans à Jérusalem. Mais, ailleurs, il est écrit  : Il régna dans Hébron, sur Juda, sept ans et six mois. C’est pendant ces six mois que David fut meṣora‛, tandis que la Présence Divine l’abandonnait. 

Cette différence de six mois entre les deux versets prouve, selon les Rabbins, que le roi David a été frappé par la ṣara‛at, car pendant cette période il est considéré comme mort. Ils attribuent cette atteinte à une punition pour l’attitude du roi David à propos de Bethsabée. 6 – Shevna Shevna, haut dignitaire à la cour du roi Ezéchias, profite de son statut pour préparer son tombeau, taillé dans le roc et sur une hauteur . Il s’attire la colère de l’Eternel qui envoie Isaïe lui annoncer son châtiment : Shevna fut frappé par la ṣara‛at : Il te roulera comme une boule se rapporte à : il (le meṣora‛) couvrira sa moustache . 7 – Le serviteur souffrant Le thème du serviteur souffrant du livre d’Isaïe a été abondamment étudié par les commentateurs, juifs qui y ont vu la figure du Messie, et chrétiens celle de Jésus. Il est présenté comme un homme accablé de douleur, portant les maladies des autres hommes et il reçoit le qualificatif de nagu‛a, frappé par Dieu . Ce terme, synonyme de meṣora‛ très employé dans la littérature rabbinique, a incité la plupart des commentateurs à considérer le personnage en question comme étant frappé par la ṣara‛at. Ces commentateurs s’appuient sur une discussion concernant l’identité du Messie au cours de laquelle quatre noms sont proposés, puis un cinquième basé sur le verset d’Isaïe : Les Sages disent : meṣora‛ de la maison de Rabbi est son nom, comme il est écrit : nagu‛a, frappé par Dieu. On ne peut s’empêcher de constater que le fait que le Messie soit porteur d’une impureté majeure ne semble absolument pas gêner les Rabbins.

Anecdotes et textes divers

Certains textes aggadiques sont difficiles à classer et même à comprendre, mais ils confirment l’importance accordée par les Rabbins à la ṣara‛at. 1 – Anecdotes On trouve de nombreuses anecdotes à propos de la ṣara‛at dans le Talmud et le Midrash, soit mettant en scène des rabbins, soit racontées par eux. Parfois il s’agit d’anecdotes plus ou moins vraisemblables : Ameimar, Mar Zuṭra et Rav Ashi se tenaient un jour à la porte du palais du roi, et le serviteur du roi entrait et sortait en portant de la nourriture. Rav Ashi, ayant remarqué que Mar Zuṭra ne se sentait pas bien, prit un peu de nourriture avec ses doigts et la mit dans la bouche de Mar Zuṭra. Le serviteur de roi lui dit : tu as souillé la nourriture du roi, pourquoi as-tu agi ainsi ? Il a répondu : celui qui a fait cette nourriture n’est pas digne de servir le roi ; j’ai vu quelque chose d’innommable  dans ce plat. Ils ont regardé et n’ont rien trouvé. Il leur a montré un endroit du plat et ils ont vu qu’il avait raison. Ils lui ont demandé : pourquoi as-tu compté sur un miracle ? J’avais vu le démon de la ṣara‛at au-dessus des aliments  . Les mêmes protagonistes ont discuté de rêves prémonitoires : Ameimar, Mar Zuṭra et Rav Ashi étaient assis ensemble. L’un d’eux a dit : si quelqu’un a fait un rêve dont il ignore la signification, il doit formuler un certain nombre de prières à Dieu dont : si mes rêves nécessitent une guérison (car ils comportent un présage menaçant) guéris-les, comme tu as guéri les eaux de Mara par l’intermédiaire de Moïse et comme tu as guéri Miryam de sa ṣara‛at . Dans d’autres cas, l’histoire est purement symbolique, par exemple de l’appropriation de la Torah par les hommes : Rabba bar Naḥmani étudiait sur le tronc d’un dattier. On discutait à la yeshivah céleste sur un cas de nega‛ : quelle décision prendre en cas de doute dans l’apparition du poil blanc avant ou après ? Le Saint, béni soit-Il, dit : pur, la yeshivah dit : impur. Le débat céleste porte sur l’absence de précision (dans Lévitique 13, 20 et Lévitique 13, 25) sur le moment de l’apparition du poil blanc dans un furoncle ou une brûlure, alors que M. Nega‛im 4, 1 considère que la présence d’un poil blanc (dans ces cas précis) est toujours signe d’impureté. L’histoire se poursuit : On considéra qu’il fallait demander l’avis de Rabba bar Naḥmani qui avait déclaré : je suis unique sur la ṣara‛at et les tentes1146. On envoya l’ange de la mort pour le faire venir afin de trancher le débat, mais l’ange de la mort n’arrivait pas à s’approcher de lui car il n’arrêtait pas son étude un instant. Alors le vent souffla et hurla entre les branches. Rabba bar Naḥmani pensa qu’une troupe de cavaliers venait s’emparer de lui. Il s’écria : je préfère mourir que d’être livré aux autorités. Il expira en disant : pur, pur. Une voix (céleste) s’éleva et dit : soit heureux, Rabba bar Naḥmani, car ton corps est pur et ton âme l’a quitté quand tu disais pur. Un message est alors tombé du ciel à Pumbedita : Rabba bar Naḥmani a été réclamé par la yeshivah céleste.

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