Les ouvrages végétalisés pour le traitement à la source des eaux de ruissellement urbaines
Clarification de concepts relatifs à la gestion des eaux pluviales
La terminologie associée aux concepts de la gestion des eaux pluviales est devenue de plus en plus complexe et variée au cours des dernières décennies, résultat des évolutions importantes dans ce domaine. A travers le monde et dans différents contextes, une panoplie de termes est utilisée pour décrire les paradigmes et les ouvrages associés à ces nouveaux modes de gestion (Fletcher et al., 2014). L’objectif de cette section est d’explorer ces différents termes afin d’établir une compréhension claire des principes qu’ils décrivent.
La nouvelle génération de paradigmes de gestion des eaux pluviales
Low impact development (LID)
Le low impact development (LID), ou développement à faible impact, est un concept largement répandu en Amérique du Nord, développé par le Prince George’s County au Maryland aux Etats-Unis au début des années 1990 (US EPA, 2000). Cette approche, qui s’adresse uniquement aux eaux pluviales, a pour objectif de maintenir ou de se rapprocher du fonctionnement hydrologique initial d’un site. Des techniques de gestion des eaux pluviales permettent d’assurer une répartition entre les termes du bilan hydrique : ruissellement, infiltration, stockage, recharge de la nappe et évapotranspiration. Les techniques de LID limitent ainsi les impacts de l’urbanisation sur les milieux aquatiques naturels à travers des techniques de contrôle sur site (Prince George’s County, Maryland, 1999).
Water sensitive urban design (WSUD)
Le water sensitive urban design (WSUD), ou l’urbanisme attentif à l’eau, est un concept de gestion de l’eau en milieu urbain dont la première utilisation date des années 1990 en Australie et qui commence à trouver une utilisation internationale, surtout en Nouvelle Zélande et au Royaume-Uni (Fletcher et al., 2014). Cette expression fait référence au processus de conception, alors que le terme water sensitive cities, ou villes attentives à l’eau, fait référence à l’objectif. Le WSUD est plus large que le LID, car il prend en compte l’ensemble du cycle d’eau urbain et les services associés : la fourniture d’eau, l’assainissement, la protection contre les inondations, la protection de la santé publique, le respect de l’environnement, les utilisations ludiques et la durabilité des ressources (Wong and Brown, 2009).
La résilience d’un système de gestion de l’eau face aux chocs (sécheresses, inondations, dégradation de la qualité de la ressource) est un aspect important de cette approche qui est apparue dans le contexte d’une sécheresse importante en Australie. Le WSUD préconise la mise en oeuvre d’infrastructures multifonctionnelles et adaptatives, en lien avec une conception urbaine encourageant un comportement responsable des citoyens vis-à-vis l’eau.
Les trois piliers socio-techniques de l’idée de WSUD sont les suivants : la ville est un bassin versant pour la fourniture d’eau. Elle propose un accès à diverses ressources en eau ainsi qu’une variété d’infrastructures, centralisées et décentralisées ; Les ouvrages végétalisés pour le traitement à la source des eaux de ruissellement urbaines Etat de l’art 39 la ville assure des services écosystémiques; la ville est une entité attentive à l’eau qui encourage le développement durable et les comportements responsables vis-à-vis de l’eau. (Wong and Brown, 2009)
Integrated urban water management (IUWM)
L’integrated urban water management (IUWM), ou la gestion intégrée des eaux urbaines, est un terme utilisé pour décrire une approche où l’ensemble du cycle de l’eau est considéré parallèlement à l’ensemble des besoins en eau sur un territoire urbain. Il prend également en compte le contexte local et la durabilité du système. Ainsi, par définition, ce concept ne s’adresse pas uniquement aux eaux pluviales mais aussi à la fourniture d’eau, aux eaux souterraines et aux eaux usées. Ce paradigme est dérivé du concept de la gestion intégrée des ressources en eau, un paradigme analogue à l’échelle d’un bassin versant. Son usage est devenu courant au cours des années 1990 ; ce terme n’est pas associé à une région géographique en particulier (Fletcher et al., 2014).
Sustainable drainage systems (SuDS)
Développé et couramment employé au Royaume-Uni, le concept de sustainable drainage systems (SuDS) fait référence à des systèmes de gestion des eaux pluviales conçus en prenant en compte les idéaux de développement durable. Ce terme fait référence aussi bien au paradigme qu’aux dispositifs techniques mis en oeuvre. Les SuDS ont pour ont pour objectifs de minimiser les impacts quantitatifs et qualitatifs du ruissellement associé à l’urbanisation et prendre en compte l’amélioration de l’environnement en favorisant la biodiversité et les aménités du site. Comme le LID, la philosophie de SuDS est de reproduire le fonctionnement hydrologique d’un site antérieur à son aménagement (WoodsBallard et al., 2007)
Contrôle ou gestion à la source
L’expression française pour décrire la stratégie de gestion des eaux pluviales au plus près de là où elles tombent est le contrôle (ou la gestion) à la source. Ce terme désigne l’approche qui consiste à gérer les eaux pluviales au niveau de la formation du ruissellement par des approches structurelles et non-structurelles. En France, le contrôle à la source s’adresse surtout aux flux hydrauliques, alors que le terme équivalent aux Etats-Unis, source control, fait plus référence au contrôle des flux polluants (Petrucci, 2012). L’état français a introduit le concept de gestion à la source des eaux pluviales dans la réglementation (cf. par exemple l’arrêté du 21 juillet 2015).