Les outils d’évaluation dits conventionnels du développement de l’enfant :
Une évaluation dite conventionnelle du développement de l’enfant est définie, par Bagnato et al. (2010), comme l’ administration d’un outil standardisé utilisant une procédure et un protocole structurés. L’évaluation a pour objectif d’identifier les enfants présentant des risques développementaux ou d’émettre un diagnostic et non d’illustrer les compétences fonctionnelles de ceux-ci. La nature, la gravité et le caractère, qu’ils soient temporaires ou persistants, sont documentés et guident la mise en place de stratégies d’intervention (Lemire et al., sous presse, OPPQ,2013).
Limitations. Les outils d’évaluation dits conventionnels présentent des limites en intervention précoce tant sur le contenu, la procédure et le processus (Bagnato et al., 2010; Lemire et al., sous presse). L’aspect fonctionnel dans les items de ces outils est questionné, car peu d’entre eux font référence aux compétences nécessaires pour faire face aux défis de la vie quotidienne. De plus, le nombre d’ items est parfois insuffisant ce qui pénalise les enfants ayant un rythme plus lent (Macy et Bagnato, 2010; Lemire et al., sous presse). Lemire et al. (sous presse) précisent qu’une sousévaluation des habiletés peut en découler tout comme l’impression d’une stagnation du développement de l’enfant. Bagnato et al., (2014) dénotent un manque de recherche sur la validité des outils, notamment sur leur capacité à orienter les interventions. Des insatisfactions sont également liées à l’absence ou au faible échantillon d’enfants présentant des incapacités dans les études (Lemire et al., sous presse; Neisworth et Bagnato, 2004). Macy et al. (2015) rapportent qu’ il existe peu d’outils standardisés couvrant l’ensemble des domaines du développement. Ainsi, le portrait de l’enfant risque d’être morcelé obligeant les évaluateurs à recourir à d’autres outils pour compléter le processus d’évaluation (Lemire et al., sous presse). Une des critiques de ce type d’outil est liée au contexte artificiel lors de l’administration, mais aussi que la démarche soit réalisée par un évaluateur inconnu de l’enfant prédisposant peu l’enfant à témoigner ses compétences (Bagnato et al., 2010; Gao et Grisham-Brown, 2011). Les enfants ayant recours à des moyens pour pallier à leurs particularités motrices, langagières ou émotionnelles présentent également un énorme défi lors de l’évaluation (de Sam Lazaro, 2017; Lemire et al., sous presse; Macy et al., 2015). Les incapacités, la culture ou même les différences linguistiques ne sont pas prises en compte dans les évaluations dites conventionnelles (Bagnato, 2005; de Sam Lazaro, 2017; Macy et al., 2015). En fait, le manque d’ajustement dans la procédure d’administration des outils oblige les intervenants à faire des modifications nuisant à l’interprétation des résultats normalisés (Lemire et al., sous presse). Les protocoles stricts et structurés utilisés pour recueillir les données restreignent également l’enfant dans la manifestation de ses comportements, ses réelles compétences ne sont donc pas mises en lumière (Gao et Grisham-Brown, 2011). L’ignorance de la perception des parents dans le processus d’évaluation est aussi une critique soulignée par Bagnato et al. (2010). Bagnato et al. (2010) ajoutent que les informations recueillies par ce type d’outil reflètent très peu le portrait des enfants, notamment de ceux présentant un retard global du développement ou une incapacité.
Évaluation authentique
Plusieurs auteurs recommandent l’utilisation de l’évaluation authentique (Bagnato et al., 2010; de Sam Lazaro, 2017). L’évaluation authentique est une démarche d’évaluation systématique permettant de documenter les apprentissages et le développement de l’enfant dans ses différents milieux de vie (Bagnato et al., 2010; Grisham-Brown, Hallam et Pretty- Frontczak, 2008). Elle se caractérise par l’observation des comportements naturels de l’enfant, durant une période de temps, à travers les activités et les routines de la vie quotidienne (Bagnato et al., 2010, Bagnato et al., 2011, de San Lazaro, 2017). Différents moyens sont utilisés pour documenter les compétences fonctionnelles. L’observation directe, les interviews ou même les enregistrements vidéo ou audio sont d’ailleurs des moyens soutenant la démarche (Bagnato et al., 2010,). Une préférence pour les méthodes misant sur l’observation, utilisées par les outils authentiques, est rapportée par Keilty, LaRocco et Casell (2009). Dans ce type d’évaluation, les personnes significatives sont impliquées afin de faire valoir leurs connaissances de l’enfant afin de compléter son portrait. Ainsi, les informations recueillies dressent un portrait réel des forces et des besoins de l’enfant guidant les professionnels ou les intervenants dans l’ élaboration d’un plan d’intervention individualisé (Bagnato et al., 2010; Gao, 2008; Thurman et McGrath, 2008). L’évaluation est d’ailleurs liée à un curriculum d’interventions soutenant directement les défis de l’enfant (Gao, 2008). L’évaluation authentique a pour but de déterminer et d’ orienter les objectifs d’intervention (Bagnato et al., 2010; Gao, 2008; Noh 2005). L’évaluation authentique fait principalement référence à l’utilisation d’une mesure basée sur un curriculum (Lemire et al., sous presse; de Sam Lazaro, 2017, Gao, 2008).
Introduction |