LE MOTIF D’HOSPITALISATION
L’unité de néonatologie du CHAN reçoit deux catégories de bébés : les nouveau-nés issus des femmes qui accouchent par césarienne et ceux qui présentent un problème dès leur naissance ou les 72 h après leur naissance. En effet, les bébés de toutes les femmes qui accouchent par césarienne au CHAN sont dès leur naissance pris en charge immédiatement par la néonatologie jusqu’à ce que leurs mères sortent de la réanimation et qu’elles soient l’installées dans l’unité des opérées récente. Cela est d’ailleurs positivement apprécié par les accouchées et leurs familles.
La répartition ci-dessous permet d’identifier les différentes causes d’hospitalisation des bébés et leurs fréquences.
Le tableau indique que le motif majeur d’hospitalisation est la prématurité. Il représente 37,5% des motifs d’hospitalisation. C’est un phénomène général dans les pays en développement, plus particulièrement en Afrique subsaharienne.
Ce constat avait déjà été fait par E.ALIHONOU et Al en 1991 dans l’une de leur recherche sur la « Prise en charge du nouveau-né malade en milieu tropical : expérience de l’unité de néonatologie de Cotonou ».
Les détresses respiratoires occupent la deuxième place avec 18,8 %, puis viennent les infections néonatales avec 15,6%. Les autres motifs d’hospitalisation représentent des pourcentages plus faibles.
Comme nous l’avons si bien élucidé ci-dessus, les informations qui ressortent de ce tableau justifient aisément notre assertion selon laquelle les conditions liées à l’accouchement seraient responsables des pathologies qui affectent le nouveau-né.
LA PROVENANCE DES NOUVEAU-NES HOSPITALISES
En dehors des nouveau-nés nés au CHAN (Inborn), le service de néonatologie de l’hôpital reçoit également les nouveau-nés provenant des autres structures sanitaires de la Région de Dakar (Outbom).
LA PRISE EN CHARGE DU NOUVEAU-NE
La majorité des nouveau-nés hospitalisés provient de la maternité du CHAN, plus précisément de la salle d’accouchement. La prise en charge du nouveau-né commence à la naissance. C’est dans cette optique qu’en abordant ce chapitre, nous présentons brièvement la prise en charge du nouveau-né dans cette unité avant de nous appesantir sur celle pratiquée en néonatologie comme le précise le thème de notre étude.
PRISE EN CHARGE DU NOUVEAU-NE EN SALLE D’ACCOUCHEMENT
A la naissance, la prise en charge commence par la section du cordon ombilical. Elle se fait en utilisant deux pinces et une paire de ciseaux stériles. Lorsqu’il y a plus d’un accouchement à la fois, la Sage-femme utilise deux clans de bar et une lame de bistouri pour la section du cordon parce qu’il n’y a pas assez de boîtes d’accouchement. Puis, la Sage-femme clampe le cordon avec un clan de bar. A défaut du clan de bar, elle attache le cordon avec du fil.
Elle nettoie et sèche rapidement le bébé à l’aide d’un linge sec et propre. Par la suite, elle le pèse et fait le soin du cordon. Après cela, elle enveloppe le nouveau-né dans un autre linge sec ou une couverture. Elle le garde à la température ambiante dans une salle appropriée sans courant d’air, afin d’éviter les déperditions de chaleur. Il y reste jusqu’à la descente de la mère de la table d’accouchement. Ceci concerne un bébé dont l’APGAR est à 10/10.
PRISE EN CHARGE DU NOUVEAU-NE EN NEONATOLOGIE
La prise en charge comporte plusieurs étapes et consiste en l’accomplissement des différents actes. Dans cette partie, nous faisons une description de ces actes sous forme de thèmes qui constituent des éléments essentiels dans la prise en charge du nouveau-né. Il s’agit des soins, de l’alimentation, de l’habillement du nouveau-né et de la communication. Mais avant, nous affichons le protocole concernant la préparation et la réanimation établi par le service de néonatologie.
Préparation d’une réanimation néonatale :
Recueillir les données obstétricales ;
➢ Vérifier le matériel disponible.
■ Table de réanimation :
– Elle doit être réchauffée ;
– Vérifier l’éclairage ;
– Prévoir un deuxième lange sec.
■ Matériel d’aspiration :
– Vérifier la source de vide ;
– Vérifier le bon fonctionnement de l’aspirateur ;
– Elle doit être immédiatement nettoyée et aseptisée après utilisation ;
– Sondes d’aspiration : il faut prévoir 3 calibres (n°6-8-10).
■ Matériel de ventilation :
– Vérifier le bon fonctionnement de l’insufflateur (ambut) ;
– Vérifier la source d’oxygène (rupture possible).
■ Matériel d’intubation :
– Vérifier le bon fonctionnement du laryngoscope, s’il est disponible ;
– Prévoir des sondes d’intubation de calibre 2,5-3 3,5
■ Matériel de KTVO : pinces, ciseaux, sondes cannelées, seringues, etc.
■ Vérifier les médicaments nécessaires :
– Adrénaline1/1000-Bina 42% ;
– Sérum glucosé 5 et 10% 6 SSI.
Les soins du nouveau-né
Lorsqu’un nouveau-né arrive en néonatologie, le Médecin en formation de CES de pédiatrie le place sur la table chauffante. Il procède à l’examen clinique général qui comprend l’examen somatique, neurologique, la prise des mensurations (taille, périmètre crânien, thoracique et brachial) et le poids. Il cherche auprès des accompagnants les informations se rapportant au suivi, à l’évolution de la grossesse, aux conditions de l’accouchement et à l’évolution néonatale immédiate. Pour ce faire, il interroge les accompagnants, consulte le carnet du suivi prénatal de la mère ou le dossier de l’accouchement. A l’issu de cet examen, il pose un diagnostic en fonction duquel il demande un certain nombre d’examens de laboratoire à faire. Il prescrit le traitement et une ordonnance. A la fin, il mentionne toutes les observations et tous les actes dans différentes fiches. Les différentes pathologies diagnostiquées sont traitées au cas par cas. En fonction de l’état du bébé, il peut procéder à la réanimation de ce dernier. La réanimation est souvent pratiquée sur les nouveau-nés provenant de la salle d’accouchement ou issus des césariennes. Le Médecin réanime le bébé en respectant les étapes et en appliquant le TARCIM sur la base du protocole recommandé plus-haut. Lorsqu’il s’agit d’une césarienne en cours, on prévient le personnel du service qui prépare le plateau de réanimation. Il commence par les mesures de protection thermique en mettant le nouveau-né sur la table chauffante. La tête du bébé doit être neutre.
L’habillement des nouveau-nés hospitalisés
Les nouveau-nés internés en néonatalogie sont rarement habillés. Ils sont couverts d’un petit drap ou d’une couverture. Chacun porte une couche. La quantité de drap est parfois insuffisante par rapport à l’effectif des bébés. Le personnel a déclaré ne pas habiller les bébés parce que les parents n’ont pas apporté de vêtements.
Le service de néonatologie dispose de deux appareils chauffants et de trois lampes chauffantes. Il accueille beaucoup de bébés de faible poids. De plus, ces nouveau-nés sont séparés de leurs mères et ne peuvent bénéficier de leur chaleur. Il est donc recommandé que l’on porte des vêtements adaptés au climat et à la température ambiante aux bébés, afin de prévenir l’hypothermie.
Selon l’OMS (1999), les nouveau-nés sont victimes d’hypothermie dans le monde entier sous tous les climats. Elle est plus courante qu’on ne le croit. Elle est plus fréquente pendant la saison froide et dans les régions où existe un grand écart thermique entre le jour et la nuit. Mais les hypothermies n’ont pas obligatoirement besoin d’une température ambiante basse pour s’installer. On a noté une forte incidence dans des endroits où il faisait entre 26 et 30 °C. Dans un hôpital en Ethiopie25 , une étude sur 8 ans a montré que 67 % des nouveau-nés, de faible poids de naissance et à haut risque, étaient en hypothermie lors de leur admission dans le service des soins spécialisés. L’habillage devrait toujours comprendre un bonnet ; car 25 % des pertes thermiques se produisent par la tête si elle est découverte. Mais, il doit porter également des chaussons.
L’alimentation des nouveau-nés hospitalisés
La quantité de lait et le nombre de repas sont prescrits par le Médecin sur la base d’un protocole de prise en charge de l’alimentation de l’enfant établi par les responsables des services de pédiatrie et de néonatologie. Cette prescription est fonction du poids et de l’état de santé du nouveau-né. Ainsi, le nombre de repas varie entre douze (12) et huit (8) repas par 24h. Pour les bébés qui n’arrivent pas à téter, les infirmières utilisent les pousse-seringues électriques
lorsqu’ils sont fonctionnels. Cependant, il est difficile de respecter le nombre de repas à cause de l’effectif insuffisant du personnel, malgré sa bonne volonté. Il y a cinq (5) biberons et les tétines ne sont plus, pour la plus part, de bonne qualité. Toutefois, nous notons la disponibilité des différents types de lait adaptés aux différents cas des nouveau-nés admis en néonatologie.
Concernant l’allaitement maternel, toutes les mères interrogées ont affirmé venir allaiter leur bébé une fois par jour (midi) à la demande des infirmières. Quant à ces dernières, les mamans devraient venir allaiter deux fois par jour. Mais, elles ne le font pas parce qu’elles habitent loin.
En effet, parmi ces mères, neufs (9) seulement résident dans les quartiers proches duCHAN. Les autres vivent à Pikine, Guédiawaye, Ouakam, etc.
L’alimentation fait partie intégrante du traitement. Aussi, les personnels devraient lui accorder un intérêt particulier ; car une mauvaise ou une sous alimentation peut avoir pour conséquence une aggravation de l’état du malade et une augmentation de la durée de séjour de ces derniers. Ce qui entraine un renchérissement des coûts pour les parents et l’hôpital.
L’insuffisance en personnel constitue une limite à la bonne pratique de l’allaitement. Il faut noter que la politique sanitaire du Sénégal, tout comme l’OMS, fait la promotion de l’allaitement maternel exclusif. De ce point de vue, le personnel devrait encourager les mères à extraire leur lait ; car il est le meilleur aliment pour les bébés eu égard à ses propriétés immunologiques, surtout qu’il s’agit des nouveau-nés prématurés ou malades. En effet, le lait maternel comporte beaucoup de vertus.
La communication
Toutes les mères apprécient l’accueil du personnel de la néonatologie. Elles déclarent être satisfaites parce qu’elles ont eu une place pour leurs bébés et que le personnel s’occupe bien d’eux. Néanmoins, certaines mamans se plaignent du fait qu’on ne leur dit pas de quoi souffrent leurs bébés. Seules six (6) mères, parmi les trente (30), connaissent le motif d’hospitalisation de leurs bébés.