Les nouveaux problèmes de la banane accès aux marchés, contingent, les prix

Pays exportateurs

Actuellement près de 26% du total des cultures de la banane Cavendish sont exportées et avec 8 bananes sur 10 exportées l’Amérique Latine et les Caraïbes (LAC) apparaissent comme la plus importante zone d’exportation au monde avec 81% du total exporté contre 14,8% pour l’Extrême Orient et 10,65% pour l’Afrique.
Le tableau permet d’observer que parmi les principaux pays exportateurs l’Equateur représente 20,57%, la Belgique et le Luxembourg 16,09%71, le Costa Rica 11,96% et la Colombie 9,15%.
L’activité exportatrice fut motivée, facilitée et contrôlée par des entreprises multinationales comme la United Brands (United Fruit Company.), connue sous le nom de Chiquita ; Castie & Cook (Standard Fruit Company.) avec la marque Dole, Del Monte, et Fyffes Plc. A ces entreprises il faut ajouter le Grupo Noboa S.A. à capital équatorien et à caractère régional. Cependant au cours des 20 dernières années ces entreprises se sont retirées de la production agricole pour se consacrer chaque fois plus à la commercialisation et à l’industrialisation du produit avec des entreprises à caractère régional comme Noboa d’Equateur qui pénétrèrent sur les marchés.
L’exportation de banane en 2006 n’équivaut qu’à un cinquième de la production totale ce qui donne une idée du volume gigantesque de bananes produites dans le monde avec en plus des pays comme l’Inde et le Brésil considérés comme les plus grands producteurs de la planète mais qui ne font pas partie des plus grands exportateurs du fruit.
En voyant que durant les 12 dernières années l’Equateur avait la mainmise sur l’offre mondiale avec 30% de la production, suivi par le Costa Rica avec 13%, les Philippines avec 12% et la Colombie avec 9% et que ces quatre pays fournissaient plus de 60% des besoins des marchés consommateurs, voire 70% si nous ajoutons le Guatemala, nous pourrions croire que le marché de la banane serait touché d’une manière ou d’une autre par le comportement de production et d’exportation de ces cinq pays selon les pays vers lesquels sont dirigées les bananes de chacun d’entre eux.
Les exportations de l’Amérique Latine en général ont comme destination principale les marchés traditionnels d’Europe (34% pour l’Union européenne), d’Amérique du Nord (31%) et du Japon (9%), ainsi que les marchés non traditionnels mais dont la consommation de banane est à la hausse : la Russie (7%), le Moyen Orient (5%), les pays du Cône Sud (5%) et la Chine (3%). Ce dernier pays doit être considéré comme un cas particulier puisque tout en étant un pays producteur de banane il doit recourir à l’importation de bananes pour satisfaire sa demande intérieure.

Variation des quantités offertes sur le marché

Les quantités exportées ont particulièrement augmenté entre 1985 et 1995, passant de 6,8 à 11,4 millions de tonnes. Depuis, elles stagnent quasiment, bien que la production continue à augmenter, du fait de la saturation des marchés européens, américains et asiatiques traditionnels ainsi que de la concurrence avec d’autres fruits. Cependant, certains marchés émergent. Il s’agit notamment de l’Europe de l’Est, où le niveau de vie s’améliore. L’augmentation des quantités exportées a été particulièrement importante pour l’Equateur depuis 1985, avec le développement du marché par Noboa. Tous les autres pays exportateurs ont également vu leurs exportations augmenter entre 1985 et 1995, mis à part le Honduras.

Influence des chocs exogènes sur les quantités offertes

La banane est un fruit produit toute l’année, l’offre ne subit donc pas de variations saisonnières. Cependant, elle dépend énormément des aléas climatiques, que subissent les zones de productions destinées à l’exportation, causant une baisse de la production.
En effet, comme il n’y a pas de stock, si la production diminue, l’offre diminue aussitôt. En 1998, suite aux dévastations causées par el Niño en Equateur, les exportations ont diminué de 19% durant les dix premiers mois de 1998. En 1999, suite au passage de l’ouragan Mitch au Honduras et au Nicaragua, les fournisseurs du marché américain et les grandes compagnies nord-américaines ont réorienté les quantités jusqu’alors destinées aux marchés émergents d’Europe de l’Est et de Russie. Le prix de la banane aux Etats-Unis a augmenté.

Evolution des exportationes mondiales de bananes par pays

D’autres chocs exogènes peuvent influer sur l’offre. Par exemple, en 1999, des grèves en Martinique et Guadeloupe causèrent une forte perturbation des expéditions.
L’offre est globalement peu élastique par rapport au prix. Si le prix augmente, la production augmente à long terme, car des investissements sont possibles, permettant l’amélioration des méthodes de production.
Si le prix diminue, l’offre diminue, mais dans une proportion moindre qu’elle n’augmente en cas de hausse des prix. De plus, les conséquences seront différentes selon le type d’exploitation. Les petits exploitants peuvent changer leurs stratégies de production et certaines fois se reconvertir plus facilement, ou diversifier leur production, et donc réagir plus rapidement à une diminution des prix. Mais il se peut également qu’ils n’aient pas les moyens de faire face à une chute des prix, et qu’ils arrêtent leur activité agricole. L’offre réagit aux variations de prix réels car le changement de politique dans l’UE, leur permet d’accéder à des marchés anciennement protégés où les prix perçus sont plus élevés actuellement.

Evolution et caractéristiques de la demande internationale

La demande internationale de la banane n’a cessé d’augmenter au cours des 40 dernières années. Néanmoins, c’est surtout à partir des années 80 que la demande de bananes augmente fortement en Europe et aux Etats-Unis. La crise du pétrole de la fin des années 70 qui fait monter les coûts de transport va freiner l’importation en Europe momentanément. Puis, au début des années 80, la crise économique mondiale fait chuter encore une fois les exportations de bananes vers l’Europe. Mais depuis 1984 ces flux se sont inscrits à nouveau dans une phase de croissance pour atteindre un pic en 1997. On note également une augmentation de la demande en Ex-URSS depuis l’ouverture des marchés.

Composantes et acteurs des échanges sur les marchés internationaux

Nous l’avons vu précédemment l’essentiel des échanges internationaux de bananes se fait à destination de trois principaux foyers de consommation : Amérique du Nord, Europe et Japon. Comment fonctionnent ces trois principaux marchés d’importation de la banane dessert ? Qui sont les acteurs de ces marchés ? Quels sont les enjeux soulevés par le marché international de la banane ?

Le marché asiatique

Le marché asiatique est constitué de trois pays importateurs : le Japon, la Chine et la Corée du Sud, le Japon étant le principal importateur. Le marché japonais est un marché libre dans la mesure où il n’existe pas de contingentement des importations ou de taxes intérieures. Cependant, afin de préserver les productions fruitières locales de la concurrence des bananes, le Japon s’est doté d’un système de droits de douane variable. Ainsi, pour les bananes importées sous le régime de la clause de la nation la plus favorisée, ces droits varient selon la saison entre 40 et 50 %, ils varient entre 10 et 20 % pour les pays dépendant du système de préférence généralisé. On notera toutefois que ces informations étaient valables en 1991, suite aux négociations de l’Uruguay Round puis à celle des différentes conférences ministérielles de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), ces droits sont probablement inférieurs actuellement.
Les principaux acteurs du marché japonais sont les importateurs japonais Itho & Co Ltd, Tokyo Seika et United & Fuji Fruits qui s’approvisionnent sur le marché philippin, via les trois entreprises transnationales des Etats-Unis Chiquita, Dole, Del Monte ainsi que deux entreprises d’export philippines.

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Une filière pilotée par l’aval

Place de l’Equateur sur le marché international de la banane fruit

Les exportations de banane équatorienne ont évolué avec une tendance à la hausse dès lors qu’eut lieu la première exportation. Bien que le pays ait exporté de la banane avant les années 50, l’information existante est plus exacte à partir de cette époque.
Un détail important est que la variété Gros Michel autrefois exportée sous la forme de régimes était plus grosse et murissait naturellement à l’ombre. A partir de l’adoption de la variété Cavendish plus délicate et qui exigeait plus soin lors de la manipulation, le murissage commença à être effectué à l’aide de gaz éthylène et d’une réfrigération adéquate.
L’information disponible sur la commercialisation de la variété Cavendish plus détaillée et complète correspond aux trente dernières années (70, 80 et 90). Dans les années 70, l’Equateur est apparu comme le premier exportateur mondial de banane, segment de l’économie qui n’était dépassé que par les exportations pétrolières. Selon la FAO, au cours des années 80 et 90 l’Equateur a conservé la première place comme producteur et exportateur de banane avec une part mondiale de marché pour le commerce du fruit supérieure à 20%. Comme nous pouvons le constater dans le tableau 23 les rivaux les plus proches de la banane équatorienne en ce qui concerne la valeur des exportations étaient le Costa Rica et la Colombie dont les parts de marché au niveau mondial pour la même période étaient de 10,9% et de 8,3% respectivement.

Les compagnies agro – exportatrices et leurs changements

Une des caractéristiques du commerce international de la banane est le contrôle des entreprises multinationales, leur forte participation sur les marchés et le contrôle qu’elles exercent sur les exportations de presque tous les pays de la zone « dollar ». En Equateur la participation de ces multinationales a été majoritaire même si elle fut limitée par rapport aux pays d’Amérique Centrale. Malgré cela se sont produits des changements dans la concentration de l’exportation de la banane avec la participation des multinationales, d’une grande compagnie exportatrice et d’un groupe de moyens et grands exportateurs.

Les différents types d’agents économiques d’agro-exportation

Eu égard à leur rôle fondamental au sein du secteur bananier, à leur dynamisation, aux changements qu’ils ont réalisés dans les structures d’appropriation des excédents et à leur participation au niveau national, il est tout à fait pertinent d’analyser les différents types de compagnies présentes, leur rôle et les stratégies qu’elles ont mises en place :

Multinationales

Elles achètent surtout auprès des grands et moyens producteurs, exigent un haut degré de technicité lors de la production afin de contrôler la qualité et établissent un corps de producteurs sélectionnés (agriculture sous contrat). Ces compagnies dosent leur volume de livraison selon les cycles du marché ce qui implique qu’elles n’acquièrent pas les mêmes quantités de fruit tout au long de l’année. Généralement elles acquittent le prix officiel qui est légèrement supérieur à celui réglé par les autres acheteurs.

Grandes compagnies exportatrices nationales

Elles sont représentées par quelques compagnies telles que l’Exportadora bananera Noboa, Reybanpac, Agrícola Palmar –CIPAL-, même s’il en existe d’autres. Bien qu’elles possèdent leurs plantations, elles achètent une bonne partie des fruits qu’elles exportent à des petits et moyens producteurs. Leurs prix sont inférieurs à ceux pratiqués par les multinationales. Elles classent également leurs producteurs même si elles sont moins exigeantes quant au niveau de technicité.
Elles maintiennent de gros volumes d’achat tout au long de l’année ce qui provoque un effet compensatoire pour le producteur que l’on pourrait traduire par « ils payent moins mais achètent toute l’année ».

Autres exportateurs nationaux

Il s’agit de quelques entreprises de taille petite ou moyenne qui achètent des bananes pour les revendre sur des marchés marginaux et les marchés d’Amérique Latine. Ils sont caractérisés par le fait qu’ils achètent des fruits de moindre qualité et les prix qu’ils payent sont les plus bas du marché. Leurs volumes d’achat sont le plus souvent très irréguliers et erratiques.

Petits exportateurs pour marchés exclusifs

Il existe des petites sociétés d’exportation qui se consacrent à l’exportation de bananes vers des marchés considérés comme exclusifs. Cela se doit au fait qu’elles travaillent avec des labels de production organique ou de commerce équitable. Leurs volumes d’achat sont un peu plus constants tout au long del’année avec un prix stable et supérieur au prix officiel.

La différentiation du produit final : standards et marques

Les processus d’uniformisation et de standardisation de la production agricole ne sont pas facilement contrôlables mais malgré cela ils ont commencé à être mis en place dans le cas de l’exportation bananière lors de la phase de l’exportation.
Même si au début ces normes ne concernaient que l’aspect et le poids, par la suite ont été accrus les efforts pour adopter et adapter les conditions d’apparence, de taille, de couleur, de saveur, de fraîcheur, etc., et ainsi « satisfaire » les demandes des marchés et des consommateurs.
L’exportation de la banane dans des caisses au lieu de sous la forme de régimes dès le changement de variété a permis l’apparition de marques, et avec elles de nouvelles normes de qualité. Les multinationales ont fait la promotion de leurs propres normes avec de grandes campagnes publicitaires en créant finalement une nette différentiation du produit et par conséquent des marchés.

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