Les modes de fonctionnement de l’offshore
Le montage des équipes en offshore
Le choix de montage d’une équipe en offshore dépend avant tout de la taille du projet et de ses exigences en matière de sécurité. Les principales options disponibles sont les suivantes : • Si le projet est très petit ou bien défini, il peut être réalisé au forfait, accompagné d’un contrat prévoyant les défections du prestataire. Les modes de fonctionnement Conduite de projets informatiques offshore 80 • Si l’on souhaite confier des projets importants de façon récurrente et que l’on fasse de la sécurité et du contrôle des opérations une priorité par rapport aux coûts et à la flexibilité, on peut choisir de monter une filiale en offshore. • Dans tous les autres cas, il est préférable de travailler avec un prestataire en offshore. Les sections qui suivent détaillent chacune de ces approches. Le prestataire au forfait Les sociétés qui ont de petits projets ou des projets qu’il est facile de définir dans leur totalité attachent peu d’importance au prestataire qui les réalisera. Elles veulent disposer de leur produit au coût le plus bas, en conservant une part importante du paiement à l’acceptation du produit livré, de façon à garder un moyen de pression sur le prestataire. Le projet est généralement facile à définir, soit par nature, soit au moyen d’une maquette commentée. La charge de travail de ces petits projets se situe aux alentours de six mois à deux ou trois années/homme. Pour réaliser ces projets, ces sociétés créent un document décrivant le projet à réaliser et l’envoient à quelques prestataires. Ce document est accompagné des conditions contractuelles les plus importantes, notamment le paiement d’au moins 50 % de la facture à validation de la livraison finale. Elles demandent aux prestataires pressentis de leur envoyer leur meilleure proposition. Le projet peut aussi être placé sur un site d’attribution de projets sur offres sur Internet, comme le propose www.elance.com. Sur ces sites, la société qui propose un projet fournit tous les éléments relatifs à son affaire afin de le décrire aussi complètement que possible. Sans connaître les offres des concurrents, les prestataires candidats envoient leur proposition en annonçant à quel prix le projet peut être réalisé. À la fin d’une période donnée, le client retient la meilleure offre.
La filiale en offshore
Les sociétés qui souhaitent assurer en offshore un volume important et régulier de réalisations ont souvent envie de créer une filiale en offshore. Si, dans certains cas, il s’agit de la meilleure solution, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une décision lourde, complexe, coûteuse et finalement assez risquée. Limiter les risques Cette approche a pour principales motivations d’éviter tous les risques et de ne pas dépendre d’un tiers pour ses réalisations en gardant une maîtrise totale des opérations. Si l’objectif est d’obtenir les meilleures conditions de sécurité et de protection de la propriété intellectuelle, la création d’une filiale dans un pays de l’offshore se justifie. Bien des sociétés supposent que la création d’une filiale en offshore apporte une meilleure rentabilité et une gestion plus fine. L’expérience montre qu’il est possible d’atteindre des coûts comparables avec un prestataire tout en disposant d’un total contrôle administratif sur les équipes et les opérations. EN RÉSUMÉ Filiale en offshore et limitation des risques On pense parfois résoudre l’essentiel des risques en offshore en créant sa propre structure. Sauf dans de rares cas, il est démontré que l’on peut se prémunir des risques aux mêmes coûts avec un prestataire en offshore. En choisissant de créer une filiale, la société assume tous les risques de ses choix, tant à l’égard du pays d’accueil que de l’administration de la société. De plus, elle ne bénéficie pas des économies d’échelle apportées par un partenaire sur l’administration générale ou technique, la flexibilité des équipes, etc. Les chefs d’entreprise des prestataires locaux sont généralement rompus aux lois de leur pays et savent exactement comment faire fonctionner leur société dans les meilleures conditions. À l’inverse, une société étrangère opère le plus souvent « selon les livres » sans toujours saisir les trucs et astuces bien connus des managers locaux. Conduite de projets informatiques offshore 82 Filiale ou prestataire en offshore Pour créer une société dans un pays de l’offshore, le gérant doit être de préférence une personne appartenant au pays, même si le capital est détenu par des étrangers. Les démarches administratives peuvent être inextricables ou à tout le moins fortement consommatrices de temps. Des appuis auprès des administrations compétentes pour faciliter les démarches sont indispensables. Les grandes sociétés rencontrent moins de difficulté, car elles ont accès à des avocats spécialisés dans le droit de ces pays. Les coûts induits peuvent être cachés par des contrats à l’année avec des cabinets. Les sociétés plus petites qui s’y essayent rencontrent davantage d’aléas et à des coûts souvent très importants. Dans certains pays, l’effort n’en vaut pas la chandelle. Les pays qui sont en train de rejoindre la Communauté européenne offrent certainement plus de facilités pour créer une société à capital essentiellement occidental. Ces pays ont cependant plus de chances de rattraper rapidement leur retard économique et de devenir moins intéressants à long terme pour les réalisations en offshore. EN RÉSUMÉ Création d’une société en offshore La création d’une filiale en offshore demande des démarches lourdes et coûteuses. Leur gestion administrative peut de surcroît se révéler complexe. C’est pourquoi la création d’une filiale n’est justifiée que pour assurer la mise en place de règles de sécurité et de protection de la propriété intellectuelle strictes. Avant de conclure hâtivement que l’on peut réaliser des économies importantes en créant une filiale, il convient de calculer le montant de ces économies supposées. De prime abord, la comparaison du salaire mensuel que reçoit un collaborateur en offshore avec la somme facturée par un prestataire est telle que l’on se dispense de calculer plus loin. Le coût réel total du personnel dans la filiale en offshore, tenant compte de toutes les dépenses annexes de personnel, de locaux, d’administration et d’investissement, est cependant beaucoup plus important. Le tableau 4.1 récapitule les principaux postes à prendre en compte dans le calcul des coûts d’une filiale offshore comparés à ceux d’un prestataire.
La dépendance au management de la filiale
En créant une filiale, on devient dépendant, non plus d’un prestataire, mais du managemen t que l’on a mis en place. On constate les mêmes problèmes de choix du manager pour une filiale en offshore que pour une filiale commerciale. Le problème dans un pays de l’offshore est toutefois plus complexe, car le profil recherché est plus rare. Le manager d’une filiale commerciale est essentiellement cadré par ses objectifs, alors qu’avec une entité de services informatiques pour un donneur d’ordres, on recherche avant tout la personne qui saura gérer les embauches, l’administration et la fiscalité. C’est un poste certes intéressant mais qui ne satisfait pas souvent les managers ambitieux, qui veulent avant tout développer leurs propres affaires pour leur profit. Un tel manager est donc difficile à trouver et encore plus à remplacer. C’est pourquoi on décide si souvent d’envoyer une personne sur place, le temps de trouver le remplaçant, avec tous les problèmes que cela peut entraîner. Dans certains pays, il n’est pas rare de devoir faire face à des rackets ou à des pratiques mafieuses. Le manager d’un prestataire compétent saura sans doute mieux répondre aux intimidations, par exemple en faisant état de liens avec des projets gouvernementaux sensibles. Cela décourage généralement les mafieux, qui ne souhaitent surtout pas entrer en conflit avec les États.