Le handicap en tant que domaine d’innovation technologique
L’intérêt des chercheurs pour l’innovation comme un phénomène économique et social est apparu en 1928, quand dans un article sur le capitalisme, Schumpeter écrit que l’innovation est la force motrice du capitalisme [98]. En 1939, il définit l’innovation comme « le premier usage commercial d’un produit, procédé ou service, qui n’avait jamais été exploité auparavant » [99]. L’innovation peut être un changement dans la production de produits, la mise en place de nouvelles organisations, mais c’est avant tout « faire les choses différemment dans le domaine de la vie économique » [99]. Schumpeter souligne ainsi le rôle de l’innovation dans le changement des sociétés ainsi que dans leurs modes d’organisation, distinguant par la même occasion l’innovation de produit et l’innovation de process [98, 99]. – L’innovation de procédé qui se définit comme « l’introduction dans l’entreprise d’un procédé de production, d’une méthode de fourniture de services ou de livraison de produits, nouveaux ou nettement modifiés. Le résultat doit être significatif en ce qui concerne le niveau de production, la qualité des produits ou les coûts de production et de distribution » [101]. L’innovation de procédé implique pour certains auteurs d’être capable « de faire quelque chose que personne d’autre ne peut faire, ou de faire en sorte qu’elle soit mieux que quiconque » [98] comme de nouveaux modèles commerciaux, de nouvelles techniques de production, etc. [102].
Les modèles séquentiels issus de cette représentation sont plus ou moins précis sur l’enchaînement des phases et des actions et s’adaptent en fonction de la stratégie des projets. Pour certains auteurs, les modèles hiérarchiques et linéaires de l’innovation ne permettent pas de rendre compte des nombreux flux d’informations structurant les différentes tâches et leur agencement, même si ces derniers dominent les orientations de nombreuses politiques scientifiques et technologiques. Parmi les modèles séquentiels et linéaires, le modèle proposé par Améziane Aoussat [109] comporte 4 phases de concrétisation progressive du produit avec des livrables intermédiaires équivalents à des niveaux de représentation différents du produit. Le processus est abordé de façon longitudinale et itérative allant de la phase idéative à l’industrialisation. Ce modèle intègre la pluridisciplinarité (e.g. ergonomie, design, marketing, etc.) comme une composante indispensable de l’innovation. La démarche est centrée utilisateurs puisqu’elle intègre l’analyse des besoins et l’évaluation du produit par ceux-ci : L’apport de ce modèle par rapport aux modèles présentés précédemment est le décalage du point de vue du concepteur sur le processus. En effet, il n’y a pas un mais des concepteurs venant de différentes disciplines qui conçoivent un produit à partir d’un besoin identifié et validé. La méthodologie correspond donc plus à une approche tirée par la demande.
Les modèles organiques de processus d’innovation
Le modèle du processus d’innovation de la chaîne interconnectée se présente comme une série d’interactions et de rétroactions qui permettent d’engendrer des informations techniques et économiques utiles. Ces informations guident les concepteurs dans leur prise de décision et doivent évoluer en fonction des progrès technologiques et scientifiques, du changement des besoins et des comportements des utilisateurs, des stratégies concurrentielles et de l’apparition de nouveaux produits. le marché qu’il faut prendre en compte [112]. Une entreprise qui souhaite innover doit donc être capable de mettre en place une organisation favorable (une culture de l’innovation) pour accueillir et soutenir ce processus. Le choix méthodologique doit donc se faire en fonction du choix stratégique et marketing de l’entreprise pour une approche plutôt orientée par la demande (i.e. centrée sur les besoins des utilisateurs) ou par l’offre (i.e. centrée sur la technologie, le produit).
Les multinationales dont les technologies sont transférables facilement dans les TA ou en complément d’autres produits de masse (e.g. Siemens pour l’industrie des prothèses auditives). La production de TA est souvent complémentaire de lignes de production « grand public », ce qui leur permet de diminuer les coûts de production et de distribution. Ces firmes ont la taille et les ressources nécessaires à des démarches d’innovation même si cela ne les engage pas à faire de la R&D pour ce marché. Généralement, ils préfèrent créer des filiales spécifiques sous d’autres noms ou absorber des petites entreprises bien positionnées sur certains segments. cause du manque de données, des différences culturelles et structurelles caractérisant le marché en Europe. L’innovation est majoritairement poussée par la science (modèle « science push »), la recherche y est plutôt techno centrée et principalement pratiquée dans les institutions (e.g. les laboratoires, les hôpitaux, les associations, etc.) [113].