Les modalités de captation de l’attention Relation du texte à son contexte

Les modalités de captation de l’attention Relation du texte à son contexte

Harris précise que la place que prend visuellement le signe dans son contexte est de première importance dans l‘analyse de l‘intégration du signe. « L‘élément le plus important dans l‘intégration contextuelle du signe écrit est sans doute, dans la plupart des cas, son emplacement visuel. Il faut qu‘un message soit écrit quelque part. Étant donné qu‘il ne s‘agit pas toujours du marquage d‘une surface déjà disponible, nous adopterons ici une terminologie neutre : nous parlerons de l‘encadrement du signe. »357 Au fondement de la relation « texte – encadrement », Harris insiste sur la dimension du signe écrit en tant qu‘indice, se signifiant lui-même comme devant être vu ou lu. « Dans le cas de l‘écriture, le signe n‘existerait même pas sans son encadrement visuel, puisque, pour être lisible, il faut que toute forme écrite se  dans le rapport à l‘objet qu‘il représente, mais en tant que signe « régulateur d‘échanges »359. Jeanneret rappelle, en effet, que la notion d‘index remplit chez Peirce différentes fonctions à la fois. « Le terme index signifie en anglais à la fois ce que nous nommons en français l‘indice, quelque chose qui s‘apparente à l‘évidence (preuve), et ce que nous nommons l‘index, cette catégorie d‘objets qui sert à désigner. Or, pour une analyse sémiotique informée par la catégorie de l‘énonciation, ces deux significations du même terme renvoient à deux relations fort différentes : la première concerne la sémiotisation, au sein d‘un énoncé, du rapport entre deux phénomènes qu‘on postule reliés dans le monde, alors que la seconde organise la relation, dans l‘énonciation, entre les acteurs de la communication, les situations  dans lesquelles ils interviennent et les dispositifs qui médiatisent cette intervention. »360 Harris choisit de reprendre l‘une des définitions de la notion d‘indice par Peirce : « L‘indice n‘affirme rien ; il dit seulement : ―là‖. Il se saisit pour ainsi dire de vos yeux et les force à  regarder un objet particulier, et c‘est tout. »361 C‘est bien le caractère de l‘attention qui sert l‘analyse d‘Harris, ce qui semble logique pour une théorie qui s‘attache à définir les relations entre l‘objet et son contexte. Ainsi écrit-il que « la fonction sémiologique d‘un indice dépend d‘un rapport, ou d‘une série de rapports structurés de façon à inviter le destinataire à concentrer son attention sur tel ou tel objet spécifique »362. On sait aussi qu‘un théoricien des sciences de l‘information et de la communication comme Eliséo Veron a pu insister sur la dimension métonymique dans l‘exposition qui « se constitue comme un réseau de renvois dans l‘espace, temporalisé par le corps signifiant du sujet, lors de l‘appropriation […] [et qui  fait le lien entre l‘exposition et l‘utilisation des dispositifs numériques comme l‘Internet ou les jeux vidéo qui « reposent également sur les potentialités opératives de l‘indice »364.

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Deux éléments sont importants lorsqu‘on veut faire l‘analyse du signe écrit dans l‘exposition, à partir d‘un questionnement sur la captation de l‘attention. On pourrait les qualifier d‘enjeux par procuration, dans la mesure où ces deux enjeux concernent ce que le signe produit pour d‘autres que lui. En effet, le texte dans l‘exposition s‘inscrit dans un espace qui comporte plusieurs « registres sémiotiques »365. Ainsi, la question de l‘encadrement visuel doit être analysée dans son rapport à l‘espace général de l‘exposition. Non seulement le signe doit attirer l‘attention de celui qui cherche à le lire, mais il doit aussi permettre de composer avec les autres registres de l‘exposition. Cette analyse sera l‘objet de la première section (le rapport entre le signe et sa surface) et de la deuxième section de ce chapitre (la composition et le rythme sémiotiques). Le premier enjeu revient donc à prendre en compte la poétique spatiale de l‘écriture, ce qui conduit à admettre que l‘écrit signifie dans la mesure où il rythme l‘espace visuel lui-même. Cet enjeu prend un sens particulier dans l‘exposition, dans la mesure où elle est un espace dans lequel le texte a une place organisée : l‘écrit rythme donc espace visuel du texte et espace contextuel élargi. une surface organisée qui oriente l‘attention et règle des propositions de lecture »366. En revanche, le rapport du texte informatisé à son contexte spatial élargi pose de nombreuses questions. Le texte informatisé est-il plus autonome vis-à-vis de son contexte dans l‘exposition ? Disons pour le moment que, le dispositif expérimenté pour « PLUG » étant un jeu de quête et de chasse au trésor, on se doute que le lien entre le document informatisé et l‘espace physique de consultation est problématique et que l‘intégration du premier dans le second engage une problématique de la représentation et de la scénarisation de ce lien.

 

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