Les minéralisations

LES MINERALISATIONS

Les formations paléoprotérozoïques de notre secteur d’étude, sont affectées par différentes déformations, un métamorphisme schiste vert atteignant dans les zones de cisaillement et en bordure de leurs granitoïdes, les faciès amphibolo-gneissiques (Bassot, 1966 ; Dia, 1988 ; Ngom, 1995 ; Dia et al., 2008). La déformation structurale et lemétamorphisme associés à une circulation de fluides hydrothermaux sont souvent en grande partie à l’origine de diverses minéralisations.
Ce chapitre vise donc à exposer les minéralisations observées dans la zone étudiée en rapport avec la lithologie, la structurale et l’hydrothermalisme. Il sera suivit de l’ébauche d’un modèle de minéralisation qui pourra être un guide de prospection du secteur de Bafoundou.

OBSERVATION MACROSCOPIQUE DES MINERALISATIONS

Dans le secteur étudié, les minéralisations observées sont associées aux gabbros différenciés et aux métatufs. Il s’agit des sulfures en particulier de la pyrite sous forme d’amas ou sous forme disséminée. Affleurant dans le lit du fleuve Gambie, ces gabbros différenciés sont déformés, altérés et traversés à certains niveaux par des veines de quartz blanches ou enfumées. Suivant la texture et le gradient de déformation de la roche, on peut distinguer troisfaciès de gabbros minéralisés: les minéralisations associées aux gabbros pegmatoïdes mylonitisés dans le couloir NS, les minéralisations encaissées dans les gabbros à veines de quartz et les minéralisations situées dans les gabbros très mylonitisés.
 La minéralisation sulfurée encaissée dans les métagabbros pegmatoïdes (Fig.22A) se présente sous forme fine formant des amas qui tapissent la surface de la roche altérée. La gangue est constituée de pyroxènes, de plagioclases, d’amphiboles. Le sulfure le plus abondant est de la pyrite ; l’autres sulfure serait représenté par de l’arsénopyrite (associé à l’altération chlorite-carbonate-épidote). Il semble y avoir une venue accompagnée d’unebrèchification de la roche encaissante.
 Les minéralisations situées dans les gabbros à veines de quartz, sont rencontrées au même environ que précédemment. La roche peu déformée est fortement pyritisée avec des cristaux de pyrite dont la taille peut atteindre 2mm (Fig.22B). La pyrite sous forme de plaquage, est principalement disséminée dans la matrice de la roche mais également dans la veine de quartz et carbonates. Elle est parfois transformée en hématite ou magnétite comme en témoigne la couleur jaune observée sur la roche. La veine de quartzd’épaisseur centimétrique qui recoupent la roche encaissante, semble être cataclastique comme en témoigne la granulation des cristaux et sa teinte rougeâtre (Clavel, 1963). La nature des minéraux constituant la paragenèse englobée dans la veine (quartz+calcite+Albite+sulfures), correspond de toute évidence à une paragenèse hydrothermale qui sur-implanterait la paragenèse métamorphique de faciès schistes verts caractérisant les formations du secteur d’étude.
 La troisième minéralisation, se distingue de la première par de rare amas de sulfures dans la roche (Fig.22C). Cette dernière est très déformée et mylonitisée avec une quasi absence du quartz et de la calcite. La minéralogie primaire est presque entièrement déstabilisée en minéraux secondaires.

OBSERVATION MICROSCOPIQUE

L’observation des sections polies de roches échantillonnées montre que la minéralisation représentée par les minéraux opaques est surtout abondante dans les gabbros à veine dequartz, dans une moindre mesure dans le faciès pegmatite et rare dans le faciès mylonitisé.Les minéraux opaques de tailles variables (50 à 100microns) sont automorphes ou subautomorpheset composés essentiellement de pyrite. Celle-ci est associée à de la chlorite et del’épidote (Fig.23A) et moulée dans la gangue silicatée. La (Fig.23B) montre que la pyriteestassociée à ses bordures à de l’hématite qui proviendraient de l’altération des minéraux ferromagnésiens de la roche ou de l’oxydation de la pyrite en hématite (couleur noir). Les minéraux montrent des clivages semblent être des calcites ou amphiboles alors que les taches bleues pourraient être de la pyrite altérée. Dans la (Fig.23C), la pyrite (jaune laiton) estassociée à des inclusions et à de la chalcopyrite.

RELATION DEFORMATION ET MINERALISATION

Les fabriques métamorphiques s’observent dans le corps sulfuré bien qu’elles existent également en dehors des faciès pyritisés. La minéralisation est généralement associée à de la chlorite, l’épidote, la calcite, l’albite et de la silice (quartz) en réponse à l’ouralitisation, sausuritisation, l’albitisation, silicification et au métamorphisme. La distribution désordonnée des cristaux de la pyrite dans la roche, semble ne pas avoir subi l’influence de la schistosité.
Cela suggère que la minéralisation serait probablement produite après le pic de la déformation ductile.
En outre, on remarque que le faciès à veines de quartz le plus minéralisé est localité dans un système de micro-fractures interconnectées. Celles-ci sont constituées des structures orientées N20-30SE, N35-80NW et N135-55NE qui sont recoupées par le N120-70SW de la veine de quartz. La mylonite est quant à elle, orientée NS. Une chronologie peut être établie entre ces structures et interprétée comme suit : des structures précoces ductiles N20-30SE sont recoupées par celles ductiles N35-80NW suite à un mouvement compressif mettant en évidence les schistosités observées sur le terrain. Ces structures ductiles précoces ont été réactivées par les structures postérieures sénestres N135-55NE ce qui engendre une interconnection avec les autres structures et crée des ouvertures. Il s’ensuit la mise en place de la structure N120-70SW de la veine de quartz qui sert de drains à la circulation des fluides minéralisateurs ayant déposé la pyrite disséminée dans la roche. Le faciès mylonitique serait lié par le biais de la structure dextre tardive NS. Ce processus serait de même pour les autres altérés et déformés observés dans les roches encaissantes du secteur d’étude.
Ces données suggèrent une phase minéralisatrice entre les phases (D2 et D3) comme en témoignent les mesures (N120-70SW, N135-55NE et NS) qui correspondent aux mesuresdes schistosités (S2, S3et fractures) associées aux phases tecto-métamorphiques (D2 et D3) relevées dans notre secteur.

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SYNTHESE ET DISCUSSION SUR LA MINERALISATION

Il ressort des résultats exposés que la minéralisation sulfurée du secteur de Bafoundou est portée par certains affleurements de gabbros différentiés. La pyrite est le sulfure le plusreprésenté. Elle est disséminée avec des proportions qui varient en fonction du degré de déformation et de transformation hydrothermale. En fait, suite à une interconnexion des micro fractures pendant les phases (D2 et D3), les fluides associés aux déformations affectant les formations birimiennes, se sont diffusées dans ces gabbros et parfois sous forme de veines ou veinules au niveau des plans de faible résistance de la roche. Grâce à cette circulation des fluides minéralisateurs tardi-magmatiques, les minéraux primaire sont recristallisé en minéraux (secondaires) d’altération hydrothermale. Ce processus métallogénique a été rapporté par Gadarri (1995) dans les ophiolites de corse et Vélasquez (2012). Gadarri (1995) montre que les événements post-magmatiques ayant affecté les différents niveaux de la séquence ophiolitique, sont accompagnés de circulations de fluides minéralisateurs avec dépôt de silice et de carbonate (dolomite et calcite) ainsi que le développement de paragenèses minérales sulfurées. Vélasquez (2012) signale dans les fragments de métabasalte du District d’El Callao au Venezuela, que la veine de quartz minéralisée est associée à une réactivation des structures ductiles précoces par celles tardives et a recristallisé en silices, carbonates, albite sulfures, oxydes. Nous pensons que dans notre secteur, les plagioclases sont remplacés par des carbonates (particulièrement calcite) et de l’albite respectivement en réponse au phénomène de sausuritisation et d’albitisation alors que les pyroxènes sont altérées en chlorites accompagnées par de rares épidotes et actinotes : il s’agit de l’ouralitisation suivie de la silicification. De façon globale, on peut retenir une paragenèse constituée de quartz, calcite, chlorite, épidote associée à des sulfures (pyrite, chalcopyrite) et des oxydes (hématite et magnétite). Dans sa partie superficielle, l’encaissant est soumise à une intense altération météorique et la sulfure est fortement corrodée, entraînant la précipitation d’oxy-hydroxydes de fer. Cette paragenèse hydrothermale est semblable à celle décrite dans les ceintures de roches vertes par (Ouattara et al., 2015) qui soulignent, que le métamorphisme du faciès schiste vert généralisé, est surimposé par une altération hydrothermale à chlorite – carbonate – épidote ‐ quartz dans les faciès basiques à intermédiaires, et à quartz ‐ micas blanc ‐ calcite dans les faciès acides.
Les micro-fractures interconnectées et la veine de quartz orienté N120° qui ont affecté les gabbros différenciés intensément pyritisés, ont joué un rôle primordial dans cette minéralisation sulfurée par le jeu des réactivations et ouvertures accompagnée de la circulation de fluides à leurs travers. Il nous paraît important lors de la recherche des zonesminéralisées dans le secteur étudié, de s’intéresser à la direction N120° et aux systèmes de micro-fractures. (Ilboudo et al., 2008) considèrent ces systèmes de micro-fractures à veine de quartz dans les formations birimiennes du gite à sulfures de Tiébélé au Burkina Faso, comme des ‘’corridors’’ de déformations minéralisées en présence d’un fluide hydrothermal.
Par ailleurs, en associant les travaux de Cissokho (2010) aux minéraux métamorphiques observés lors de nos travaux dans les affleurements du secteur, notre zone présente un intérêt minier. En effet, les métabasaltes et les massifs de métagabbros qui leur sont associés, montrent une paragenèse magmatique caractérisée par la cristallisation de clinopyroxène, de plagioclase et de minéraux opaques. La forme et la taille des minéraux d’une part et leurs relations mutuelles dans les différents faciès d’autre part, permettent de retenir l’ordre de cristallisation suivant : clinopyroxène + plagioclase + oxydes, a souligné (Cissokho, 2010). Les phénomènes post magmatiques se traduisent par l’ouralitisation des pyroxènes (en actinote, épidote, chlorite, leucoxène, calcite et opaques), la saussuritisation des plagioclases (en albite, épidote, quartz et calcite) et la dévitrification de la mésostase. Signalons également l’impact de l’hydrothermalisme qui se manifeste par des injections à épidote, chlorite, quartz, calcite et sulfures qui percolent la majorité des roches de la zone étudiée et qui sont porteuses de minéralisations.
Ces paragenèses, caractéristiques d’un métamorphisme de faciès schiste vert, sont liées à l’orogenèse éburnéenne et à la mise en place des granitoïdes (Groves et al., 2003). Ainsi, nous pouvons retenir une principale phase de minéralisation (de type hydrothermal) liée à la mise en place des intrusions diverses dans les volcanites lors de la fermeture des bassins à la fin de l’orogenèse éburnéenne.

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