Les méthodes des labours traditionnels :
Labour avec araire, antique sous règne du Pharaon Ramsès II,xiiie siècle av. J.-C. tombeau TT1 de la vallée.
Si, pour les périodes néolithiques, le matériel de broyage, les lames en silex portant le « lustré des moissons » ainsi que la présence de céréales cultivées témoignent de la pratique de l’agriculture et sans doute de l’utilisation de la méthode de labour, les premières représentations en relation directe avec cette technique apparaissent à l’âge du Bronze (gravures du mont Bego et du Valcamonica).
Les archéologues peuvent voir dans les tombeaux de la vallée des Rois et de la vallée des nobles des tableaux de labour, de semailles, de moisson.
Pline enregistre l’utilisation de charrues à un versoir et d’autres munies d’un coutre, permettant de labourer des terres plus grasses. Au Moyen Âge central, le labour reste médiocre : la charrue est connue dans l’Europe de l’Ouest du ixe siècle mais elle y est très rare, l’outil principal étant l’araire, voire encore la houx. La productivité augmente sensiblement à partir du XIe siècle qui voit développement de la charrue lourde à versoir.
Types de Labour :
Méthodes de labour en plan
1. Labour en planche en adossant
2. Labour en planche en refendant
3. Labour à plat
Selon son déroulement en plan et le type de charrue utilisée, le labour peut se faire de deux façons :
le labour à plat :
Les bandes de terre étant toujours rejetées du même côté. Il nécessite l’usage d’une charrue réversible de manière à pouvoir inverser le sens du déversement lors d’un aller et retour.
le labour en planches ou billons :
C’est le seul réalisable avec une charrue simple qui tourne autour de la parcelle, et il peut se faire :
• soit en « refendant » : les bandes étant rejetées vers l’extérieur de la planche (laissant au centre de la planche une « dérayure »),
• soit en « adossant » : les bandes étant rejetées vers l’axe de la planche (laissant au centre de la planche un « ados »).
On peut distinguer selon la profondeur du travail :
1 / Les labours légers :
De 10 à 15 cm, réalisés notamment pour la reprise de labours au printemps
2 / Les labours moyens :
De 15 à 30 cm, les plus répandus, notamment pour la culture des céréales,
3/ Les labours profonds :
De 30 à 40 cm, pour des cultures à enracinement profond (betterave, luzernes, etc.),
4/ Les labours de défoncement :
Au-delà de 40 cm, sont réalisés notamment pour permettre la mise en culture de nouvelles terres ou pour préparer la plantation de vergers.
Les méthodes de fertilisation traditionnels
Au cours des premiers systèmes d’agriculture sur abattis-brûlis, la fertilité du sol est maintenue sans fertilisation, par une friche de longue période qui permet le renouvellement de la fertilité par altération de la roche-mère et par fixation biologique (libre ou symbiotique) de l’azote atmosphérique.
Dans les systèmes agricoles, européens, de l’antiquité jusqu’à la révolution agricole du xviiie siècle, la fertilisation résulte essentiellement de transferts de fertilité, réalisés soit depuis les forêts et les landes, par transfert de litières (étrepage), soit depuis les prairies et les zones de pâturages, par l’enfouissement des déjections du bétail. Dans un premier temps, la fertilisation par les déjections se réalise au moyen d’un parcage nocturne des animaux sur les terres en jachère, accompagné de labours fréquents afin de les enfouir.
Après la révolution agricole du xiiie siècle et l’apparition de moyens de transport plus efficaces, le parcage nocturne est remplacé par la stabulation des animaux, dont les déjections sont collectées à l’étable (fumier), stockées et enfouies par labour au moment choisi.
Dans les zones littorales, le goémon a pu être utilisé comme fertilisant. L’utilisation de goémon se développe de manière importante au cours du xixe siècle, ainsi que l’utilisation de guano, importé notamment d’Amérique du Sud2. Le développement des transports a permis à cette époque leur importation et diffusion importante. Les ossements des catacombes de Sicile ou des champs de bataille seront également utilisés.
Dans la dernière moitié du xixe siècle, se développent des pratiques de fertilisation minérale, à la suite des travaux de Liebig sur la nutrition des plantes. Elles concernent à cette époque principalement les engrais phosphatés2. Les premières pratiques de fertilisation phosphatée se contentent de répandre des roches phosphatées broyées sur les sols. Apparaissent ensuite les superphosphates, issus d’une attaque chimique acide sur les roches phosphatées, qui donnent des engrais beaucoup plus solubles et assimilables par les plantes.
C’est également à cette époque que ce développent les pratiques d’amendement (chaulage, marnage).
L’accès des matières fertilisantes, pondéreuses, dans les campagnes, n’aurait pas été permis sans le développement du réseau de chemins de fer à cette époque. Au début du xxe siècle apparaissent les premiers engrais azotés minéraux, synthétisés par
l’industrie chimique: sulfate d’ammonium en 1913, nitrate d’ammonium en 1917 (procédé
Haber-Bosch), urée en 1922. Leur utilisation va surtout se développer après la seconde guerre
mondiale: entre 1945 et 1960, l’utilisation d’engrais minéraux azotés est multipliée par 4 aux
Etats-Unis.
Ce recours massif aux engrais minéraux s’accompagne de la construction d’un nouveau
paradigme de gestion de la fertilité 5, dans lequel on souhaite gérer, à court terme, les stocks
d’éléments minéraux solubles, en maximisant la quantité prélevée par la plante. Le sol est
considéré comme un simple support de culture et les activités biologiques, ainsi que la matière
organique, sont délaissés, sauf lorsqu’ils entrent en compétition avec la nutrition végétale
(dénitrification, par exemple).
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