Contexte sociétal
Les premières causes de mortalité dans le monde sont les maladies cardiovasculaires ischémiques (maladies coronariennes et accidents vasculaires cérébraux principalement). Ces pathologies se développent massivement dans le cadre de troubles métaboliques associés à l’obésité, au syndrome métabolique et au diabète de type β (Fornoni et al., β005). La prévalence de ces pathologies a fortement augmenté lors de ces dernières décennies, avec en cause une alimentation trop riche en lipides et en sucres ajoutés, et également une trop forte sédentarité des populations. La modification de l’alimentation chez les populations des pays développés relève de différents facteurs sociaux-économiques qui dépassent notre propos. Cependant l’arrivée des fast food ainsi que l’augmentation de la consommation de plats industriels, peu coûteux et riches en acides gras saturés, participent à l’évolution de la prévalence de l’obésité et du syndrome métabolique (Chen et al., β01β ; Mejova et al., β015). Une sensibilisation des populations au danger de ce type d’alimentation, pourrait limiter leur consommation et ainsi réduire les risques cardiovasculaires associés. Cette sensibilisation, commence par une meilleure compréhension des mécanismes d’action délétères, induits par les troubles métaboliques, liés à ces déséquilibres alimentaires, notamment sur la fonction vasculaire. C’est pourquoi, au cours de nos différents travaux, nous avons tenté de comprendre la fonction vasculaire est impactée par différents désordres métaboliques au cours de stade précoces, favorisant ainsi une éventuelle intervention préventive avant l’installation de dommages irréversibles.
Cible biologique
L’intérêt scientifique est généralement porté sur la compréhension et l’explication de phénomènes responsables d’états pathologiques établis. Il semble pourtant nécessaire de tenter de comprendre l’apparition de désordres physiologiques chez des personnes asymptomatiques, afin de limiter le décours vers un état pathologie avancé. Dans ce contexte, une partie de nos travaux s’est intéresséγ0γ7βe aux effets de la consommation de boissons sucrées sur la fonction vasculaire chez les personnes saines. La consommation de produits contenant des sucres ajoutés, est courante dans l’alimentation moderne. En effet, nous pouvons en retrouver dans toutes les préparations industrielles, et particulièrement dans les boissons de type sodas, boissons énergétiques, eaux aromatisées, et même les jus de fruits. Ces boissons créent un apport considérable de sucres ajoutés à notre organisme, bien au-delà des besoins nutritionnels quotidiens. C’est pourquoi, nous observons une forte corrélation entre l’augmentation de la consommation de ces boissons et l’augmentation de la prévalence de l’obésité (Malik et al., β006). Différentes études ont révélé les dangers de ces sucres, notamment leur effet addictif, par une étude comparant la dépendance de rongeurs à la cocaïne et au sucrose (Lenoir et al., β007). Si les animaux ont dès le départ le choix entre les deux composants, ils vont préférer le sucrose à la cocaïne. De plus, lorsqu’ils présentent du sucrose à des rongeurs dépendants de la ocaïne depuis plusieurs semaines, les animaux vont orienter leur préférence, une fois encore vers le sucrose, malgré la forte dépendance que crée le stupéfiant. Ainsi, en plus du plaisir lié au goût sucré sur les papilles, la consommation de sucre provoquerait une addiction. Cependant, d’autres études sont nécessaires afin de mettre en lumière les connexions nerveuses potentiellement impliquées, et évaluer si cette addiction est liée à la notion de plaisir, ou si la molécule de glucose est capable d’enclencher des mécanismes cellulaires au niveau du cortex cérébral, qui modifieraient la sensibilité des individus à ce composé. Une autre étude intéressante a montré que la consommation excessive de sucre chez des rongeurs femelles en gestation, prédisposait leur foetus à développer un syndrome métabolique (Saad et al., β016). De plus, il semblerait que l’association de produits sucrés et riches en lipides, potentialise leur consommation réciproque (Ishomoto et al., β01γ). Ces boissons sucrées contiennent du saccharose, constitué de 45% de glucose et 55% de fructose. Le fructose, un sucre simple contenu principalement dans les fruits, participe à l’élévation de la production de triglycérides, et donc à l’accumulation de masse grasse lorsqu’il est consommé en forte quantité (Jurgens et al., β005 ; Bantle et al., β000). Tandis que le glucose agit de manière néfaste sur la fonction vasculaire, et participe d’avantage à l’installation de dysfonctions endothéliales (Ceriello et al., 1996 ; Lorenzi et al., 1986). Ainsi, au cours de notre étude portant sur l’impact vasculaire d’une hyperglycémie aigue, nous nous sommes particulièrement intéressés au rôle du glucose sur la fonction vasculaire.