Les luminaires Daum : de l’objet utilitaire à l’œuvre
d’art
La technique au service de l’esthétique
De l’alchimie à la chimie La glyptique est le terme d’origine grecque par lequel on désigne l’art de graver ou de ciseler toute sorte de matériaux, mais que l’on restreint aujourd’hui au seul domaine des pierres fines. Les grecs faisaient cependant le distinguo (quelle qu’ait été la matière travaillée) entre les diaglyptiques ou gravures en creux que l’on désigne sous le vocable générique d’intailles et les gravures en relief anaglyptiques que l’on a pris l’habitude de qualifier de *camées122 . Une multiplicité de supports divers allant de l’ambre aux coquillages a été utilisée mais ce sont surtout les pierres rares qui étaient privilégiées. Les exemplaires communs étaient destinés aux lapidaires les moins réputés alors que les gemmes les plus dures et les plus précieuses étaient l’apanage des meilleurs praticiens. Ils se confrontaient à l’améthyste, l’aigue-marine ou les nombreuses variétés d’agate comme la calcédoine, la cornaline, la sardoine, les jaspes et autres onyx. En Chine, l’engouement pour la glyptique était tel que, pour pallier à la pénurie de beaux spécimens de pierres fines, dès la fin du XVIIe siècle, les artisans des ateliers impériaux expérimentèrent un verre dit de *Pékin composé de strates superposées de verre coloré. Ces verreries allant de trois à cinq couches comprenaient une base blanche opaque qui se dévoilait en fonction de la profondeur de la gravure. En octobre 1860, les troupes expéditionnaires franco–anglaises se livrèrent au pillage du Palais d’Été de Pékin. Le Versailles chinois fut mis à sac, incendié et totalement détruit. Les années qui suivirent, on vit apparaître aussi bien à Londres qu’à Paris de nombreuses snuff bottles en verre de Pékin mises sur le marché par les militaires de retour au pays. Lorsqu’Émile Gallé visita le British Museum, il fut subjugué par ces tabatières chinoises gravées et décida d’en retrouver les secrets de fabrication. Daum n’allait pas tarder à faire de même. Paul Daum (Fig. 163), né le 28 octobre 1888 à Nancy, effectue ses études au lycée de la ville. Tout comme son oncle Antonin qui avait opté pour une filière technique et 122 Respectant l’origine historique, les anglo-saxons pour désigner le verre multicouche utilisent le vocable cameo glass. 123 Les tabatières dites snuff bottles ont été utilisées par les chinois pour contenir le tabac en poudre. Au cours de la dynastie des Qing, le tabac à fumer était illégal mais il a été toléré parce que la médecine le considérait comme un remède très efficace. 74 scientifique124, il choisit d’intégrer l’Institut Chimique de Nancy. L’instruction d’ingénieurs pour faire face à la demande de l’industrie était un problème crucial car le seul lieu d’enseignement de chimie industrielle se trouvait à Mulhouse125 . Albin Haller, un alsacien ayant opté pour la France décida de fonder un institut spécialisé à Nancy en 1887. Cet établissement allait rapidement acquérir une excellente réputation126 . Paul Daum bénéficia donc du meilleur enseignement et fut familiarisé avec les produits les plus performants mis au point dans les usines chimiques du bassin nancéien alors en pleine expansion. Dès les premiers mois de 1911, Paul Daum allait mettre en pratique les applications concrètes de ce qu’il avait appris lors de sa formation. Depuis des siècles, dans de nombreux foyers européens se pratiquait la gravure sur verre. Ce procédé à vocation décorative consiste à enlever manuellement de la matière par abrasion de la surface vitrée à l’aide d’outils spécifiques127 (Fig. 164). Au XVIIe siècle, les verriers au service du roi Rodolphe II avaient porté cet art à des sommets de virtuosité. La gravure à la molette appliquée aux fameux grenats de Bohème fit la renommée de ces œuvres dans lesquelles la couche superficielle colorée accentue la luminosité du décor dégagé dans la strate mère translucide. À Venise furent perfectionnés les effets de surface que les italiens dénommèrent *Battuto. Le procédé s’exécute en facettant au *touret la couche extérieure du verre suggérant une parenté esthétique avec le travail du métal. Il sera repris chez Daum sous le nom de *martelage. Le travail de gravure manuelle induit de graves inconvénients. Il nécessite des praticiens minutieux qui ne peuvent prétendre atteindre le niveau d’excellence qu’après de très longues années d’apprentissage. L’exercice entrainant des échauffements, le risque d’accident demeure très élevé et implique un fort taux de perte. En fonction des deux paramètres précédents et vu le coût de la main d’œuvre, ce type de travail ne peut qu’être réservé à des verreries d’exception. Des solutions palliatives ont donc été imaginées et vers la moitié du XIXe siècle, des tentatives de gravure chimique ont été menées. L’absence de fournisseur d’un produit stable 124 Antonin Daum obtiendra son diplôme d’ingénieur après un brillant parcours à l’École Centrale des Arts et Manufactures. 125 Mulhouse devenue Mulhausen se situait désormais en plein cœur des territoires annexés à la suite de la guerre de 1870. 126 Dès 1912, un de ses professeurs se verra récompensé par l’attribution prix Nobel. 127 Il existe une palette d’outils d’apparences similaires mais chacun d’entre eux est adapté à un travail spécifique en fonction de la taille, on parle alors de meule, de roue ou de molette. 75 et régulier dans ses concentrations empêchait d’obtenir les performances espérées. Les progrès de l’industrie chimique dans les dernières années du XIXe siècle autorisèrent enfin une utilisation massive de l’acide fluorhydrique CaF2 + H2SO4 2 HF + CaSO4. Daum allait s’atteler à en tester toutes les possibilités. Mobilisé en 1914, Paul Daum revint de la guerre avec le grade de commandant d’escadrille128 . Dès son retour à l’usine, il va s’astreindre à entièrement repenser les matériaux et les procédés de fabrication. Il va imposer un style neuf caractérisé par une surprenante sobriété des formes, une recherche de la transparence. Le recours à des processus de gravure chimique ne seront plus de l’ordre du *décapage mais devront permettre d’obtenir ce que Daum qualifiera de *morsure. Il s’agit d’un véritable travail de sculpture du verre pouvant dépasser les 1,5 centimètres de profondeur. Paul Daum allait l’associer à un verre paré de colorations inédites pures ou fumées129. Les rouges rubis seront obtenus par l’or ou le protoxyde de cuivre, le violet par l’adjonction de manganèse, le vert par un supplément d’oxyde de chrome et de bichromate de potasse, les bleus grâce à des dilutions de cobalt130 . Assurément, c’est grâce au progrès scientifique dans l’élaboration des oxydes que Paul Daum allait réussir la performance d’inventer des coloris faisant référence aux découvertes des explorateurs ou à des événements d’actualité. C’est à l’occasion de la croisière jaune que Daum lança sur le marché, une gamme teintée au protoxyde d’argent dénommé jaune Candi ou jaune paille (Fig. 165). C’est l’exploit d’Admunsen en 1926, premier homme à atteindre les deux pôles, qui sera à l’origine d’une couleur d’un bleu très particulier que Daum131 baptisa Bleu glaciaire (Fig. 166).
La verrerie de Belle Étoile
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Paul Daum perçoit la nécessité d’une réforme totale. Il comprend parfaitement l’atout majeur que représente un nom 128 Son courage et sa bravoure furent soulignés par cinq citations et une nomination en tant que chevalier dans l’ordre de la légion d’honneur. 129 Les colorations peuvent être accompagnées de différents ingrédients permettant d’obtenir des effets plus ou moins marqués d’opacité. 130 Gérard Ingold, Saint Louis de 1586 à nos jours : de l’art du verre à l’art du cristal, Paris, Editions Denoël, 1986, pp. 138-139. 131 Daum mena de multiples expériences de colorations plus ou moins satisfaisantes au nombre desquels figurent le vert d’eau que le public plébiscitera. 76 synonyme de grand luxe et l’obligation absolue de ne pas le galvauder en l’associant à une production de masse. Dirigeant visionnaire, il a conscience du fait que ce serait une grave faute économique de ne pas profiter de l’énorme marché qui s’ouvre avec les reconstructions indispensables suite aux dégâts que le pays a connu durant le conflit. Le défi est gigantesque d’autant plus que très rapidement, les concurrents vont sauter sur l’occasion d’offrir les produits que la clientèle recherche afin d’équiper les milliers de logements déjà construits ou en passe de l’être. La France est exsangue et il convient d’adapter la verrerie et plus particulièrement le secteur du luminaire à une frange de population dont le pouvoir d’achat est minimal. Les frères Muller sont parmi les plus actifs et font preuve d’une remarquable adaptabilité commerciale. La fratrie lunévilloise, sans pour autant renoncer à toutes velléités artistiques, convertit ses unités de production. Ils créent une redoutable machine de guerre mécanisée susceptible d’offrir une gamme de verreries industrialisées d’un prix de revient plus qu’attractif. Leur société va prendre de l’ampleur et l’usine comptera jusqu’à trois cents salariés. Dès le début des années vingt, le luminaire devient le fruit d’enjeux considérables. Les différents intervenants vont se livrer à une lutte acharnée. Avant de se consacrer à la verrerie, André Delatte a exercé plusieurs professions comme banquier ou fabricant de papier peint. Proche des frères Muller, il comprend que leur secteur d’activité est tout à fait prometteur. Il ne tarde pas à inaugurer en 1919 un atelier à Nancy, rue du Faubourg des Trois-Maisons, dans lequel il fait décorer des pièces soufflées par la verrerie Muller. En 1921, André Delatte ouvre ses propres fours dans une petite fabrique qu’il fait construire à Jarville en banlieue nancéienne. L’entreprise prend pour nom les verreries de l’Est SA. Les pièces seront commercialisées sous la signature A.Delatte Nancy et un peu plus tard Jarvil Nancy. Delatte prospère rapidement, notamment grâce au fait que ses produits sont proposés dans le réseau des grands magasins Corbin132. Delatte, très agressif commercialement, manifeste l’intention de s’agrandir et recrute d’anciens ouvriers de Daum. Face à l’adversité, la maison Daum ne peut rester inactive, et dès 1922, elle réplique en intentant un procès à Delatte pour contrefaçon. Même s’ il est indéniable que les deux verreries emploient les mêmes techniques et que les 132 Jean-Baptiste Eugène Corbin, principal concurrent de Majorelle est connu également en tant que mécène de l’École de Nancy. 77 productions s’en trouvent proches, à l’audience du 21 mars 1923, les demandeurs seront déboutés au prétexte que ; « Dès les temps les plus reculés, on connaissait la pratique consistant à passer le verre en fusion sur le marbre recouvert de poudre de verre de couleur et d’obtenir les tons les plus francs et aussi les manières les plus variées et les plus délicates133». Fort de cette victoire judiciaire, Delatte ne va cesser de tailler des croupières à ses rivaux et en 1926, il s’implantera au cœur même de Nancy en installant des ateliers de gravure 16 rue de Metz, et en établissant son siège social dans des locaux situés quai Ligier Richier. Dans la même période, son personnel passe d’une trentaine à une soixantaine de salariés. Daum subit des attaques tout azimut. Suprême affront, en 1920, l’entreprise va voir s’élever juste en face de son implantation nancéienne des bâtiments flambant neufs destinés à abriter une verrerie concurrente134. Le coup est d’autant plus rude que ces terrains étaient la propriété du tonnelier Albert Fruhinsholz pour lequel Daum avait conçu un certain nombre de verreries135 . Daum va ressentir cela comme une véritable trahison car l’examen du conseil d’administration révèle que Fruhinsholz est bel et bien partie prenante dans l’affaire. Parmi les membres présents dans l’organigramme se trouve Paul Perdrizet qui n’est autre que le propre gendre d’Émile Gallé et qui, dans le même temps, assure les fonctions d’administrateur des établissements de feu son beau-père. Sur un autre front, les frères Schneider ne sont pas en reste en faisant du luminaire un axe majeur de leur développement. Nombre des modèles qu’ils produisent offrent de singulières similarités avec ceux réalisés par Daum. Qu’il s’agisse des formes, des décors, des matériaux ou des procédés de fabrication, seule la signature de certains exemplaires permet de distinguer ceux issus des ateliers nancéiens des veilleuses, lustres et plafonniers vendus sous les différentes marques et sous marques de la verrerie d’Epinay sur Seine. Un examen attentif des montures en fer forgé démontre qu’il est impossible, même pour un œil exercé, de faire la différence entre ceux équipant les uns ou les autres. Schneider, qui totalisera jusqu’à cinq cent employés en 1925. Il s’estime victime des agissements d’un nouveau venu et va s’engager dans d’interminables procès pour plagiat à l’encontre de celui qui fait son apparition sous la marque Degué. 133 Extrait des minutes du procès. 134 La nouvelle venue prend le nom de Cristalleries de Nancy. Le ressentiment de Daum est encore accentué par le fait que leur manufacture est connue depuis toujours sous le nom de Verreries de Nancy. 135 Daum a notamment conçu plusieurs verreries célébrant le plus grand foudre du monde qui contenait 433500 litres et figurait parmi les 33 merveilles présentées à l’Exposition universelle de Paris 1900. 78 Degué est le pseudonyme adopté par David Guéron ou Guérin, un immigré d’origine turque qui a fait la guerre, côté français, sous l’uniforme de la légion étrangère. Il rachète en 1920 la Cristallerie de Compiègne. Il met sur le marché des verres doublés, gravés à l’acide de motifs floraux en s’inspirant des techniques et du style de Daum et de la verrerie Schneider dont il va jusqu’à débaucher les chimistes et les ouvriers. De 1926 à 1932, la multiplicité des poursuites judiciaires à l’encontre de la société Verrerie d’Art Degué va sérieusement compromettre l’avenir des deux entités. Schneider finira par perdre les procès qui faillirent coûter leur existence aux deux compagnies rivales. Les Daum se voit contraints d’avoir recours à la même stratégie que celle utilisée contre eux. Ils choisissent d’attaquer Muller sur son propre terrain et pour ce faire, ils implantent une unité de production à Croismare, précisément là où les Muller s’étaient installés. S’inspirant de ce que font Lalique, Sabino et d’autres, Daum opte pour des ateliers dotés des outils mécanisés les plus modernes. Ces installations permettent la fabrication du *verre pressé moulé particulièrement adapté aux articles à bords épais tels que les éléments de lustrerie (Fig. 167). La technique mise en œuvre implique qu’une goutte de verre soit déposée dans un moule qui modèle la forme extérieure du produit, avant d’être poinçonnée par un noyau qui creuse son volume intérieur. L’article est ensuite refroidi à l’air, démoulé et passé au brûleur pour le débarrasser de ses petits défauts et rendre le verre lisse et brillant (Fig. 168). Ayant toujours fait confiance aux talents précoces, Daum sollicitent un jeune prodige que les établissements Lalique n’avaient pas hésité à engager alors qu’il était âgé d’à peine quatorze ans. Pierre Girre qui voit le jour à Paris en 1901, va suivre les cours de dessin, sculpture et décoration dispensés par l’école des arts décoratifs à l’époque où le maître verrier François Decorchemont y enseignait. Pendant dix ans (à l’exception de la période pendant laquelle il est appelé sous les drapeaux), il sera chargé de l’exécution en plâtre des modèles conçus directement par René Lalique ou son proche collaborateur proche René Barette136 . En 1926, Girre brûle de s’installer à son compte et passe un accord avec la Cristallerie de Saint Remy afin d’y faire éditer une trentaine de modèles qui seront signés P. D’Avesn. Les sources divergent quant à la date exacte de la collaboration avec Daum mais il est certain qu’en 1930, Pierre Girre est effectivement à la tête de la verrerie de Belle Étoile137 . 136 Les dessins des vases Serpent et Tourbillon respectivement n°896 et n° 973 du catalogue Lalique sont réputés comme ayant été librement réinterprétés par Pierre Girre. 137 La verrerie de Belle Étoile est une filiale Daum qui est en charge de diverses productions écoulées sous les signatures de D’Avesn, Lorrain, V(errerie) A(rt) L(orrain), ou d’anagrammes tels que Mado ou Moda.
Jade et verres forgés
Dès la seconde moitié du XIXe siècle, de nombreux artisans et manufacturiers vont se poser la question de la meilleure adéquation entre les nécessités d’obtenir une qualité d’éclairage optimale et les possibilités offertes de pouvoir atteindre cet objectif en ne menaçant pas la santé oculaire du public. Aux anciens dispositifs à bougies ont succédé les lampes à pétrole. Il a rapidement fallu adapter des solutions pour occulter partiellement ou diminuer significativement les conséquences d’une luminosité trop agressive. Pour ce qui concerne les lampes mobiles, on a inventé des globes en porcelaine puis en verre dépoli de façon à laisser filtrer, par translucidité, une lumière suffisamment tamisée. Pour ce qui est des luminaires fixés au plafond au centre des pièces d’habitation, l’usage s’est rapidement répandu de parer différents modèles de lustrerie de grands abat-jours en verre opalin laiteux. Ce verre dit opalescent offrait l’avantage de répandre une lumière adoucie grâce à une fabrication opacifiant le verre par adjonction d’oxyde d’étain, d’arsenic ou plus grossièrement en incorporant dans la matière vitreuse des cendres d’os ou de corne. L’Exposition universelle de 1889 marqua le début d’une singulière évolution qui allait bouleverser les conceptions traditionnelles de l’éclairage domestique. Jusqu’alors, le verre était apprécié pour ses qualités de transparence ou de translucidité mais ce qui était un avantage devenait un inconvénient si l’usager devait subir la gênante vision des filaments incandescents. Afin de pallier à cette incommodité, les verriers mirent au point des matériaux susceptibles de réduire les effets irradiants des ampoules tout en conservant le bénéfice d’un niveau de clarté suffisant. On vit alors de très nombreux manufacturiers se mettre à commercialiser des verreries spécialement étudiées pour satisfaire la clientèle s’éclairant à l’électricité. Chaque structure tentait de garder secret ses recettes mais, globalement, toutes avaient opté pour une solution technique consistant à incorporer à la silice de base, des pigments ou des oxydes destinés à assombrir le verre pour que celuici puisse atténuer la trop grande luminosité dispensée par des ampoules encore inadaptées. Apparurent donc sur le marché, des plafonniers les plus divers, en obus, en mouchoir ou le plus souvent sous forme de coupole (Fig. 169). À cette vasque centrale pouvaient être proposés en fonction du volume de l’endroit à éclairer des modèles augmentés de plusieurs bras de lumière. Les exemplaires les plus classiques en comportaient trois (Fig. 170) mais certains diffuseurs pouvaient offrir des variantes allant jusqu’à une douzaine de cache ampoule. Ces suspensions, plus ou moins heureusement teintées, étaient qualifiées de 80 marmoréennes chez Muller, nuagées chez Delatte ou marbrées chez Schneider. Daum avait également développé un mode de fabrication où le support translucide recevait en *chemisage une seconde couche colorée superficielle permettant ainsi de multiplier les effets de surface. Cette technique particulière offrait l’avantage de pouvoir être complétée par une éventuelle gravure qui aurait laissé apparaître la couche mère, créant par la même, de singuliers contrastes chromatiques. Daum concentra ses recherches sur les opérations finales permettant d’obtenir des aspects soit matifiés soit au contraire extrêmement lustrés. Pour augmenter le miroitement, l’inclusion de feuillets métalliques d’or, d’argent ou de platine qui éclataient à la chaleur pouvait accentuer l’impression de chatoiement et de brillance (Fig. 171).
PARTIE 1 – 1870-1909 |