Les limites de l’assainissement

Introduction

Les stratégies, mises en oeuvre pour s’adapter aux méfaits des changements climatiques, ont montré leurs limites. L’avancée de la mer, sévit très fortement sur le littoral rufisquois en général, sur notre site de recherche en particulier, malgré les solutions adoptées, pour la contrecarrer et/ou s’y adapter.
Mais malgré tout, différentes failles ont été notées dans les stratégies mises en places.
De même, la vétusté du système d’assainissement est très critiquée.

Les murs de protection défectueux

Notre descente sur le terrain le long du littoral de la Commune de Rufisque, du Cap des Biches à Bata, nous a permis de mieux nous rendre compte, par nous même, et de nous imprégner des manquements relevés sur l’efficacité des murs de protections.
Cette remarque s’applique aussi bien sur les murs mixtes en béton, que sur les murs en enrochements. Le mur en béton armé n’est pas sur notre zone de recherche, mais nous y ferons un bref focus, dans le but de faire une comparaison avec les murs en enrochements.

Comparaison entre les deux types de murs de protection

Le mur en enrochement semble plus durable et plus stable que celui en béton. Malgré le fait que chacun des deux présente des failles : risque de débordement du premier, et risque debasculement du second.
Il serait nécessaire de les rénover. Les murs en enrochement devraient être renforcé par l’apport d’autres blocs de basaltes pour remplacer les manquants, ce qui a déjà commencé à être fait.
D’autres solutions devraient être mises en œuvre, mis à part le renforcement du mur en enrochement, plus stable que celui en béton.

Le non respect de l’environnement

L’inconscience de la population

Le non respect des lois prises par les instances de décision n’est qu’une opération de mauvaise foi, et des autorités, et des populations. Mais la question primordiale est de savoir pourquoi les pays en développement, sachant qu’ils polluent moins que ceux du nord, Stratégies d’adaptation au changement climatique sur le littoral de la Commune de Rufisque Est (Keury Kao — Bata) 94 devraient souffrir le plus des nuisances de la variabilité climatique, de l’avancée de la mer principalement ? Et pourquoi au lieu de chercher un issu favorable, ils s’enlisent, eux même, davantage ?
La plupart des lois et conventions signées ne sont pas respectées. Pour illustration, la loi sur le domaine public nationale stipule qu’il ne doit y’avoir des constructions à moins de cents mètres (100 m) du rivage. De Keury Kao à Bata, nous notons que plusieurs bâtiments sont à beaucoup moins de cette limite. Bien entendu, la plupart de ces battisses, étaient déjà présents depuis longtemps.
Effectivement, c’est la mer qui avance, mais n’est il pas temps de délocaliser ces maisons ? Enfin si les riverains y consentent. D’autre part la population riveraine aggraveelle-même la situation. Le déversement d’ordure et d’eau usées sur le rivage ne fait qu’empirer le délabrement des enrochements, et donc leurs expositions aux vagues surtout en période d’hivernage.
Aussi les riverains font, non seulement, des pieds des murs une zone de déversements d’ordure et d’eau usée, mais il faut noter, aussi, que, jusqu’aux extrémités du mur enenrochements à Diokoul, ces espaces servent aussi de toilettes.
En effet, plusieurs maisons de Diokoul, et, de Thiawlène, ne possèdent pas de toilettes (WC). A Mérina / Bata, plus de 21% des concessions ne possèdent pas de WC, Les douchièressont, pour la plupart, aménagées dans un coin de la concession. Il y est, donc, mis en place une toilette publique à Thiawlène Boute, mais ce sont surtout les grandes personnes qui l’utilisent. Les plus petits se contentent de se soulager au pied des ouvrages (enrochements), ou sur la plage.
Les blocs de basaltes, au pied du mur en béton, se dispersent, ne pouvant plus du tout protéger la base du mur en béton. Nous avons donc aussi un risque constant de basculement, comme pour le mur face au cimetière musulman de Diokoul. De même, pour le mur face àl’école, et le quai de pêche, qui sont aussi menacé.
Une campagne de sensibilisation devrait être fréquemment élaborée, et, pas seulement en période de crise. La formation de relais et d’éducateurs dans ce domaine serait un atout. Il s’agirait de personnes issues de ces milieux, connaissant donc bien la population, ce quiaugmenterait leurs chances d’être écoutées, comme c’est le cas pour la lutte contre le virus Stratégies d’adaptation au changement climatique sur le littoral de la Commune de Rufisque Est (Keury Kao — Bata) 95immuno -déficience acquis (VIH Sida) et le paludisme, dont la réussite, dans ce domaine, est perceptible.

Les limites de l’assainissement

L’assainissement de la ville de Rufisque n’est pas vraiment uniforme. Le réseau estpresque entièrement concentré dans le centre (Rufisque est), délaissant, du reste, bon nombrede quartier. AThiawlène, les maisons, ne sont pas branchées au réseau d’assainissement del’Etat pour la bonneet simple raison que ce secteur n’en a pas. De ce fait, il se débrouille avec leurs moyens (creusée de fosse septique), et ceux, qui en ont les moyens, payent pour vider leurs fosses septiques, ou, àdéfaut, le font eux même. De plus, le mauvais état des routesfavorise, d’autant plus, la stagnation des eaux pluviales.
Plus à l’intérieur, la vétusté des canalisations, mais aussi leurs blocages dus aux matières solides des déchets humains, augmente l’insalubrité, et le risque d’inondation. Sachant que le centre est mieux drainé (85%), et voyant l’état désastreux où il se trouve en période hivernale, comment sont les quartiers pas entièrement, ou même pas dutout assaini ?
La station d’épuration de Castor a été mise sur pied par la municipalité locale avec l’aide de l’ONG Enda. Les branchements étant très largement supérieur aux prévisions initiales (pour 400 foyers), la station commence à suinter. Ce qui crée une vive discorde entre la municipalité et l’ONAS car selon cette dernière, cette station d’épuration ne faisant paspartie de son patrimoine, elle n’est en rien concernée par les réparations à faire, ce que lamunicipalité se refuse d’accepter.
Pour combler le gap dans le drainage des eaux de ruissellement, il est entamé la construction d’autres nouvelles stations de pompage dans le Département (Mbao, Bargny, Rufisque). Celle de Rufisque serait localisée dans l’arrondissement est, à Bata plusprécisément. Elle devra servir à drainer la partie laissée en rade de Colobane, mais pas de Thiawlène, aussi prés soit ce quartier. La raison en est que le relief assez bas de ce quartier ne le permet pas.
Dans ce même sillage, il est aussi prévu la construction de sanitaires, et d’adductionsd’eaux à Bata par la commune d’arrondissement de l’est.
Les canaux à ciel ouvert, notamment le canal de l’ouest, débordent, souvent, jusqu’aux trottoirs, durant les fortes pluies. Cela est un danger permanent, et pour les passants piégés par la pluie, mais aussi pour les enfants, qui très souvent jouent sous la pluie. D’ailleurs,en 2008, il y’a été noté un cas de noyade.
Aussi, l’ONAS devant s’occuper des travaux préventifs, curatifs (collecte, transport, et traitement des eaux), des travaux de réhabilitation des ouvrages, de l’entretien électromécanique des stations de pompage, de la gestion des réclamations des usagers, entre autre, a-t-elle la capacité nécessaire pour prendre en charge toutes ces responsabilités ? Il est ànoter que l’agence de Rufisque compte, à son service, 8 permanents et 8 journaliers pour ces travaux, les entretiens annuels étant sous traités par la CGA/CCS. De même, les éboueurs, se mettent très souvent en grève pour percevoir leurs salaires. Et du coup, ils peuvent rester plus d’une semaine sans ramasser les ordures ménagères, ce qui pousse, davantage, les populations à tous déverser dans les canaux à ciel ouverts.Cependant, il est à noter que dans les quartiers inondés, les maladies font très souvent des ravages, en l’occurence, le paludisme, les dermatoses, les gastro-entérites ou maladiediarrhéiques etc.

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La cherté d’une bonne gestion de l’environnement

Le mur à béton avait coûté 1 million de francs CFA par mètre. Non seulement, les 115m érigés sont minimes par rapport au danger, mais aussi, malgré son prix exorbitant, le murprésente beaucoup de risques.Plusieurs pertes, dues à l’avancée de la mer, sont estimées. D’ici 2100, les pertespourraient s’élever entre 500 et 700 millions de dollars US, soit 12 à 17% du produit national brut (PNB) sur toute le côte sénégalaise. Et la population à risque serait estimé à environ à 150000 personnes, soit 2,3% de la population nationale.
L’entretien des canaux à ciel ouvert, et la gestion des ordures ménagères, pompent les ressources de la municipalité. En moyenne, pour l’année 2010, 615 millions de FCFA, sont budgétisés, rien que pour la gestion des canaux à ciel ouverts, et le pompage des concessions et artères inondées.
L’Etat, à travers l’ONAS, dépense, en moyenne, 17.801.800 pour l’entretien du réseau d’assainissement (dont 6.523.000 pour le réseau d’eau pluvial, et 11.278.800 pour le réseau d’eau usée). Il est difficile d’avoir le montant concernant la gestion des stations de pompage et d’épuration (maintenance, location de matériel…), ce travail étant sous traité.
Les estimations sur les pertes étant bien plus considérable que le coût d’une protection efficace, cela devrait décider les autorités à s’y atteler.

Conclusion

Malgré la réponse des gouvernants sur le phénomène des changements climatiques, sur le littoral, en particulier, à Rufisque, le fléau des temps moderne continue de s’aggraver. De plus, l’état désastreux des ouvrages de protection, leurs vétustés, ne présage rien de bon.
Il faudrait investir dans une protection adéquate comme les brises lames au large, ce qui se trouve être très coûteux. Mais c’est la solution qui, dans le long terme, pourrait être accomplie si les moyens le permettent.
Mais aussi, les riverains devraient être plus sensibilisés sur les risques qu’ils encourent afin de sortir de leurs torpeurs. Et cela commence par le changement des mauvaises habitudes : déversement d’ordures et d’eau usée sur le littoral, et de matières solides dans les canaux d’évacuations etc.

CONCLUSION GENERALE

Le changement climatique est devenu une réalité au Sénégal, et, plus particulièrement, dans la ville de Rufisque. Celle-ci subit, ces dernières années, plusieurs fléaux tels que lesinondations, la dégradation des sols, l’avancée de la mer…
Les paramètres physiques de Rufisque montrent, clairement, qu’elle est très exposée. La texture du substrat est constituée de roches fortement érosives. Mais la dégradation du littoralest sélective. Elle est variable selon les différentes espaces de la zone littorale.
Du Cap des Biches à l’extrémité de Bata, le niveau de la ligne de rivage évoluedifféremment ; respectivement de — 0,3 à — 1,9. Il y’a aussi quelques zones de faible d’accumulation (Ndeppé + 1,1 ; Fond de la baie de Rufisque + 0,1, d’après Dièye, 2000).
De ce fait, pour palier à ces problèmes, plusieurs solutions/réponses ont été mises en oeuvre. Mais elles sont jugées insuffisantes. Le mur en enrochement entre Keury Souf etThiawlène s’est beaucoup dégradé avec le temps. Nous notons la disparition des blocs de basaltes et donc l’affaissement du mur.
En plus, les blocs de basaltes de l’extrémité du mur en enrochement (Thiawlène) sont mal disposés (Gueye, 1997). Les blocs de basaltes ont été mal disposés, ne suivant pas lalogique du plans structural. De plus, les concessions plus éloignées du rivage n’échappent pasaux inondations. Les canalisations et systèmes de drainages des eaux de ruissellements sontcomplètement hors d’usage.
Les mesures prises ne sont pas vraiment suffisantes, ou respectées. Il s’agit d’une politique de mauvaise foi, et des autorités compétentes, et des populations. Car, il ne faut pas oublier que, si la variabilité climatique, l’avancée de la mer en particulier, devient de plus en plus inquiétant. De tout temps, le globe terrestre a connu des variabilités. Mais si ce phénomène est maintenant aussi grave, c’est dû aux actions anthropiques (industrialisation,émissions de gaz à effet de serre…).
Cet aléa climatique, déjà grave, est, en effet, davantage influencé par le comportement humain. C’est aussi le cas à Rufisque, où, l’extraction de sables et de coquillages sur les plages (Cap des Biches, Diokoul), la construction d’ouvrages perpendiculaires au littoral (Cap Stratégies d’adaptation au changement climatique sur le littoral de la Commune de Rufisque Est (Keury Kao — Bata) 100des Biches), sans omettre la pollution du rivage (Diokoul, Thiawlène etc.) et l’assainissementindésirable, restent plus nocives.
La population devrait être plus sensibilisée sur les conséquences de leurs comportements irréfléchis, par rapport à l’exacerbation du phénomène. Et de nouvelles mesures devraient être mises en place. La construction de brise lame serait, à long terme, lasolution adéquate pour mieux protéger le littoral. Les conduits d’évacuations devraient subirrégulièrement une maintenance. Cela afin qu’à Rufisque, les populations puissent trouver la tranquillité, plus particulièrement le long des quartiers littoraux Keury Kao / Bata.
En somme, nous constatons que des mesures efficaces et drastiques pourraient être prises par les autorités étatiques afin de trouver des solutions durables au phénomène. Mieux, il faut que les populations concernées et les autorités s’unissent dans un partenariat solide et durable pour définir et uniformiser les stratégies de lutte. Et cela, non seulement, pour sauverles côtes et assurer un bien-être aux populations locales, mais aussi en vue d’assurer aux générations futures un héritage optimiste.
Mais, vu la quasi impossibilité de régler définitivement le phénomène de la variabilité climatique, vu que les solutions mises en oeuvres ne font que déplacer et/ou retarder l’inévitable, n’y a-t-il pas lieu de se demander si nous ne devrions pas laisser la nature faire son oeuvre ?

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