Discussion
Les symptômes de PTSD peuvent amener des changements graves dans la vie d’un individu pouvant avoir des conséquences sur le fonctionnement des survivants d’un traumatisme. Le travail effectué cidessus met en évidence qu’il est possible de rétablir une bonne qualité de vie des rescapés d’une catastrophe naturelle. Une diminution rapide des symptômes d’un PTSD est observable lorsque ces derniers sont traités de manière adéquate et ciblée. Durant l’extraction des résultats, plusieurs symptômes principaux présents dans les critères de diagnostic du PTSD ont été mis en évidence. Ces derniers sont l’évitement, l’anxiété, la reviviscence et l’hypervigilance. Ce sont des comportements qui amènent une fragilité et une instabilité. Ces signes vont avoir des impacts. Les impacts qui peuvent être ressentis au niveau physique, mental ou social. Au niveau physique, le fait de revivre des situations par le relais du corps (stimuli auditifs et visuels) peut amener à une sensation de perte de contrôle. C’est un générateur d’anxiété. Lié à ces impacts physiques, le sujet va avoir des impacts sur son psychisme. Ces derniers peuvent se manifester par une crainte de revivre l’évènement, une angoisse permanente et une crainte de son environnement. Le fait que le PTSD a des impacts sur le mental et le physique de la personne, cette dernière va avoir des difficultés à retrouver ses marques dans la société. Cet individu se sentira en décalage. Son quotidien ainsi que ses repères sont bouleversés. Ces différentes conséquences découlent toutes d’un traumatisme et dans le cas présent, d’une catastrophe naturelle. Il existe des similitudes en ce qui concerne les répercussions même si les catastrophes sont de natures différentes. Ces répercussions peuvent être atténuées ou augmentées selon les stratégies de coping de la victime.
En effet, la revue de littérature effectuée révèle l’existence de facteurs favorisants la survenue d’un potentiel PTSD ainsi que des facteurs aidant à restreindre ce risque. L’éducation, l’âge, le sexe, l’état civil, le revenu financier, le rang social, la possession des biens ainsi que les expériences de vie propre à l’individu jouent un rôle notoire concernant la prévalence d’un PTSD. De plus, il existe d’autres paramètres subjectifs et individuels qui peuvent également influencer cette prévalence tel que le lien affectif (ex : décès d’un proche, séparation d’avec une parenté), la séparation de l’individu d’avec sa communauté (ex : arrivée dans une communauté étrangère), ainsi que les déportations (ex : camp de réfugiés temporaire) qui peuvent suivre une catastrophe naturelle. Ces paramètres subjectifs soulignent l’importance d’une vision holistique dans la prise en charge du traumatisé. La sensibilisation ethnoculturelle est cruciale pour une compréhension adéquate et une adaptation des interventions qui vont favoriser la diminution de la symptomatologie spécifique à l’individu traité. Le concept de PTSD ne peut pas être dissocié d’une vision intégrale de la personne. L’individu est un être complexe qui évolue dans différentes dimensions qui sont les sphères biopsycho- sociale. Lorsque cet individu vit un choc, son intégrité est ébranlée. Ce choc peut être vécu de différentes manières. Le PTSD est un syndrome qui est propre à chacun mais qui présente des similitudes entre les différents symptômes. La résilience face à une catastrophe naturelle diffère d’une culture à une autre faisant ressortir diverses stratégies de coping. L’aspect culturel constitue un élément essentiel qui devrait être plus investigué et intégré dans le traitement d’un PTSD. (Rajkumar et al., 2008), met en avant que le contexte culturel permet de faire abstraction de l’intervention de professionnels. La communauté, la culture et les valeurs sociétales constitueraient de puissants facteurs protecteurs.
Actuellement, il existe malgré tout cela des interventions qui peuvent être mises en place. Les interventions des professionnels se déclinent sous diverses formes. Les plus importantes sont basées sur les principaux symptômes énoncés ci-dessus. Elles visent à diminuer ces symptômes. Pour les thérapies étudiées, ces dernières visent la diminution de l’anxiété et de l’évitement. Pour ce faire, les articles étudiés démontrent l’efficacité de la thérapie du contrôle des sens et de celle de la psychoéducation. Ces thérapies cherchent à sensibiliser le patient aux connaissances connues du PTSD et à chercher avec lui de bonnes stratégies de coping pour améliorer sa qualité de vie. La thérapie comportementale basée sur le sens du contrôle va faire revivre l’évènement traumatisant au patient. A partir des réactions qu’il présente, le professionnel va réfléchir avec lui à des stratégies visant à diminuer sa symptomatologie. La thérapie misant sur la psychoéducation va investiguer le vécu du patient en ayant des entretiens avec ce dernier et ainsi construire une relation permettant de trouver des objectifs pour restreindre les symptômes.
Ces interventions sont individuelles mais il en existe d’autres qui sont collectives. Les groupes de discussions appartiennent également aux méthodes efficaces qui permettent aux victimes de partager leur ressentis en communauté. Cette thérapie permet aux concernés de collectiviser leur souffrance personnelle suite au traumatisme. Le but de ces groupes de discussion est de trouver et de développer des stratégies de coping en communauté. Cependant, la recension des écrits montre qu’il existe d’autres stratégies permettant de faire diminuer la symptomatologie du PTSD. Ces dernières sont l’exposition, la restructuration cognitive, l’EMDR et l’entraînement au management de l’anxiété. L’exposition consiste à faire revivre les éléments traumatisants à la personne sur une période prolongée, par imagination, écriture ou stimuli. La restructuration cognitive permet au patient d’identifier et d’évaluer les preuves qui sous-tendent les pensées automatiques, ainsi que revoir les croyances au sujet du traumatisme, de soi, du monde et de l’avenir. La gestion de l’anxiété enseigne des techniques pour faire face aux peurs. L’EMDR (Eye Movements Desensitization and Reprocessing) va exposer le patient à l’évènement traumatique en imaginant ce dernier et ceci tout en se centrant sur une stimulation externe, le plus souvent un mouvement oculaire transversal.
Propositions pour la pratique
Il serait intéressant d’intégrer ces différentes interventions dans la pratique courante. En reprenant le cadre théorique de Meleis, ces différentes interventions peuvent être classées selon trois niveaux. Premièrement, ce cadre propose une étape d’évaluation. Ici, il serait nécessaire d’estimer le risque de PTSD à l’aide d’échelles qui ont été recensées dans les articles analysés. Les deux principales sont la Davidson Trauma Scale et la Post Traumatique Symptome Scale. Durant cette étape, le professionnel peut avoir des informations chiffrées qui lui permettront de comprendre ce que ressent l’individu touché par ce syndrome. L’étape suivante est celle de l’éducation. Elle comprend la prévention primaire et secondaire. La prévention primaire consiste à former les professionnels de la santé et sensibiliser la population cible aux pathologies psychiatriques. Cette formation des professionnels a pour but d’accélérer le processus de diagnostic du PTSD. Les professionnels pourront détecter plus rapidement les symptômes de PTSD et éviter une mauvaise interprétation de l’examen clinique. La sensibilisation de la population traite les risques inhérents d’une catastrophe naturelle sur le psychisme et les symptômes associés. La prévention secondaire consiste à mettre en place des interventions spécifiques à la diminution de la symptomatologie du PTSD et à avoir une équipe professionnelle et une structure hospitalière prêtes à recevoir des patients souffrants de stress post traumatique.
Suite à cela, il est important de mettre en place des interventions spécifiques à l’individu touché. Le patient va premièrement devoir parler de ses ressentis pour que le professionnel sache sur quoi agir. Lorsque ceci est fait, le patient peut soit recevoir une psychoéducation, soit une thérapie comportementale. Des objectifs vont être établis avec le patient pour que ce dernier puisse voir sa symptomatologie diminuée. Pour cela, il faudrait pouvoir trouver le cadre temporel adéquat de la mise en place de ces interventions. La recherche montre qu’il n’y a pas encore de moment défini pour agir sur ce syndrome. Ceci dépend de chacun et de la façon dont il perçoit le traumatisme. Cette thématique pourrait faire l’objet de plus grande investigation. En effet, il est important de prendre en compte le cadre culturel de chacun afin de viser les meilleures prestations. Suite aux articles analysés, certaines cultures ne nécessitent pas d’interventions de professionnels tandis que d’autres ont besoin de pistes pour trouver leur stratégie de coping. Une autre question essentielle se pose à la suite de l’étude effectuée : sachant que les différents symptômes (évitement, reviviscence, anxiété et hypervigilance) sont inter reliés de manière proportionnelle, est-il possible de centrer nos interventions sur un seul des symptômes dans le but de réduire l’intensité de la symptomatologie du PTSD ? L’approfondissement de ces questions est important pour la maîtrise du PTSD.
Limites Cependant le sujet traité comporte certaines limites. La plus importante est qu’il est quasi impossible d’avoir une étude expérimentale sur cet intitulé. Le terrain ne peut pas être testé avant et après une catastrophe naturelle. Un autre élément est le fait que chacun vit les symptômes du PTSD de manière différente à une temporalité qui peut varier. Cette subjectivité du PTSD complique l’objectivation du diagnostic. De ce fait, l’élaboration d’un protocole de prise en charge est délicate. De plus, dans les articles étudiés, il n’y a pas de recherche dans un contexte européen. Cela remet en question la transférabilité des résultats à une échelle internationale. Ces études sont en général faites dans des lieux reculés où l’accès aux soins est limité par des critères géographiques ou de qualité de soins. La connaissance du trouble du PTSD suite à une catastrophe naturelle est très récente et limitée, voire inconnue, selon les régions, ce qui réduit le champ d’intervention. Il n’y a pas de protocole précis pour ce syndrome et donc pas de manière sûre de réduire les symptômes. Les milieux de soins ont peu de connaissances et une prise en charge limitée. Certaines études qui ont traîté le PTSD suite à des violences de guerre ou conflits armés pourraient peut-être proposer d’autres pistes généralisables. La recherche effectuée ne permet pas de tirer de certitudes pour pallier cette maladie et des recherches devraient encore être effectuées. Pourtant, il a été possible de trouver des pistes donnant des indices d’éléments à développer et à travailler pour une prise en charge adéquate.
Cette revue de littérature nous a permis d’explorer un sujet que nous connaissions que très peu. Il a été difficile de trouver une ligne conductrice pour appréhender cette thématique. En effet, il a fallu être vigilant et ne pas s’éloigner de la question de recherche initialement choisie ceci étant lié à la subjectivité du sujet. Ceci engendra un questionnement quotidien sur la crédibilité de notre travail. C’est un sujet vaste dans lequel il fallait trouver un fil conducteur pour bien l’étudier. Le PTSD est une pathologie récemment répertoriée, il n’existe pas de certitude ni de données validées. Une autre difficulté fut la transférabilité des données des articles étudiés qui a occasionné de nombreuses remises en question d’où la complication de la rédaction de ce dossier. D’une part, suivant le contexte culturel de l’article, les données trouvées s’opposaient. D’autre part, cette opposition fut bénéfique car cela nous a permis d’avoir une vision plus globale du sujet et de se rendre compte de l’importance du contexte ethnoculturel des victimes dans l’évolution d’un PTSD. Un autre aspect, que nous aurions eu envie de mieux développer, est la connaissance du ressenti des gens vivant cette problématique. Il nous semble intéressant d’avoir de vrais témoignages sur le sujet, percevoir directement le vécu des gens. Par ailleurs, le thème du PTSD est généralement abordé lors de gros traumatismes tel que les catastrophes naturelles. Pourtant, quotidiennement de nombreuses personnes font l’expérience d’un PTSD de manière individuelle sans avoir été exposé à une catastrophe naturelle. Il en est question lors de grands traumatismes lorsqu’un grand groupe est touché. Il n’en est pas question pour des sujets individuels. Nous pensons que le PTSD constitue un problème dont les individus ne parlent pas. Le manque de connaissances et la peur de la stigmatisation seraient des explications de ce mutisme. Ne serait-il pas judicieux, voire impératif d’accentuer la prévention du PTSD auprès des populations à risque?
1. Introduction |