Rapport les interventions basées sur la pleine conscience, tutoriel & guide de travaux pratiques en pdf.
Effets des IBPC sur le stress psychologique
Les effets bénéfiques des IBPC sur le stress psychologique ont été démontrés auprès de diverses populations, entre autres les adultes âgés souffrant de symptômes anxieux ou dépressifs (Foulk, Ingersoll-Dayton, Kavanagh, Robinson et Kales, 2013), d’un trouble cognitif subjectif (Lenze et al., 2014), d’un TCLa (Wells, Kerr et al., 2013) ou de la MA (Innes, Selfe, Brown, Rose et Thompson-Heisterman, 2012). L’étude de Foulk et al. (2013), incluant 50 adultes âgés avec symptômes dépressifs et anxieux, a rapporté une réduction significative des symptômes anxieux, des ruminations et des problèmes de sommeil suite à un programme d’IBPC. Les chercheurs ont conclu que les IBPC représentent une approche bénéfique et sécuritaire pour les adultes âgés. De plus, les séances en groupe sont particulièrement appréciées de ceux-ci, car elles favorisent leur habileté à méditer et indirectement leurs occasions de contacts sociaux. L’étude de Lenze et al. (2014) réalisée auprès de 34 adultes âgés ayant un trouble cognitif subjectif a montré que l’IBPC diminue la sévérité des inquiétudes et augmente les habiletés de pleine conscience. Six mois post-IBPC, les participants ont rapporté maintenir les pratiques méditatives apprises, dont notamment la méditation sur la respiration, et en bénéficier lors de situations stressantes. L’étude de Wells, Kher et al. (2013) est particulièrement pertinente en lien avec ce mémoire doctoral car leur programme d’IBPC a été administrée auprès de la population d’intérêt, soit des adultes âgés avec TCLa. Les résultats des entrevues qualitatives sont à l’effet que les participants ont apprécié l’IBPC et ont perçu une amélioration de leur bien-être, une plus grande acceptation et conscience de leurs troubles cognitifs et une réduction de leur réactivité face au stress. De leur côté, Innes et al. (2012) ont démontré des effets positifs d’une IBPC sur le stress perçu, l’humeur et le sommeil des adultes âgés atteints de la MA. En somme, ces études appuient l’efficacité des IBPC pour diminuer le stress psychologique ainsi qu’augmenter le bien-être de ces populations âgées (Innes et al., 2012; Foulk et al., 2013; Lenze et al., 2014; Wells, Kerr et al., 2013).
Impacts des IBPC sur le stress physiologique
Les effets des IBPC sur le stress psychologique se répercutent au plan physiologique et d’ailleurs, Matousek et al. (2010) suggèrent que le cortisol représente un biomarqueur pertinent pour déterminer l’efficacité objective des IBPC sur cette variable. La majorité des études sur les effets des IBCP sur le cortisol ont été réalisées auprès d’adultes atteints ou en rémission d’un cancer (O’Leary et al., 2015). Entre autres, Carlson, Speca, Patel et Goodey (2004) ont observé une normalisation du taux de cortisol salivaire diurne chez des adultes atteints d’un cancer du sein ou de la prostate suite à une IBPC. Autrement dit, les participants ayant des taux plus élevés de cortisol salivaire diurne basal ont subi une diminution et les participants ayant de faibles taux de cortisol salivaire diurne basal ont subi une augmentation (Carlson et al., 2004). Des effets similaires ont été démontrés par Bränström, Kvillemo et Akerstedt (2013) en ce qui concerne le taux de cortisol salivaire au lever d’adultes atteints de cancer. De leur côté, Matousek, Pruessner et Dobkin (2011) ont observé une élévation de la RÉC post-IBPC chez 33 femmes ayant complété un traitement pour le cancer du sein et présentant une RÉC basale émoussée, un changement interprété comme indicateur d’un meilleur fonctionnement de l’axe HPS. D’autres études ont rapporté une diminution de la RÉC post-IBPC en association avec des variables positives, telles que l’amélioration du sommeil et des habiletés de pleine conscience (Brand, Holsboer Trachsler, Naranjo et Schmidt, 2012; Marcus et al., 2003). En somme, les résultats de ces études suggèrent que les IBPC n’ont pas comme seul potentiel de diminuer le taux de cortisol diurne et la RÉC, mais plutôt celui de normaliser l’activation de l’axe HPS et la sécrétion de cortisol (O’Leary et al., 2015). Ainsi, la pratique de la pleine conscience pourrait représenter un facteur de protection, optimisant la réponse physiologique de stress pour mieux s’adapter aux stresseurs quotidiens (c.-à-d., activation de la réponse physiologique de stress pour répondre adéquatement aux stresseurs et arrêt de celle-ci par la suite). D’ailleurs, O’Leary et al. (2015) proposent que les changements cortisolaires observés suite aux IBPC doivent être interprétés en tenant compte du niveau de base des participants.
Mécanismes d’action des IBPC
Les bénéfices des IBPC sur le stress psychologique et physiologique semblent associés à des mécanismes d’action qui permettent de développer des ressources pour s’adapter et devenir plus résilient aux stresseurs (Kabat-Zinn, 1990). Cependant, peu d’études ont validé empiriquement les ingrédients essentiels à l’efficacité des IBPC. Les mécanismes d’actions proposés représentent donc des hypothèses.
Une de ces hypothèses concerne la diminution de l’élaboration mentale associée aux pensées anxiogènes. En effet, l’anxiété se manifeste fréquemment sous forme de pensées dirigées vers le futur (p.ex., crainte qu’un incident se produise) qui, subjectivement, apparaissent réalistes et engendrent des émotions négatives (Lebois et al., 2015). À travers les pratiques méditatives des IBPC, les individus s’entraînent à désengager leur attention
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des pensées pour s’ancrer dans le moment présent plutôt qu’anticiper négativement le futur (Bishop, 2002; Kabat-Zinn, 1990; Ngô, 2013). En effet, l’attention est centrée sur un objet prédéterminé appartenant au moment présent, comme les cycles de respiration ou une tension musculaire. Chaque fois que l’attention se détourne de l’objet pour suivre des pensées, le participant reçoit comme instruction d’en prendre rapidement conscience et d’exercer un contrôle volontaire pour rétablir le focus attentionnel sur l’objet. Au fil des pratiques méditatives, le contrôle exécutif s’affermit et un maintien plus prolongé de l’attention devient possible (Hölzel et al., 2011; Wallace, 2006). Selon Ngô (2013), la pratique de la pleine conscience est associée à une meilleure attention soutenue ainsi qu’à une réduction des pensées anxiogènes, médiée par une amélioration de la capacité à s’en désengager lorsqu’elles surviennent. Plus l’aptitude à ne plus suivre et se laisser submerger par les pensées croît, meilleure est la réalisation que les pensées ne sont pas des faits réels mais plutôt des états mentaux transitoires (Lebois et al., 2015; Ngô, 2013). Ce changement de perspective permet de diminuer le réalisme subjectif des pensées anxiogènes et des émotions négatives qui les accompagnent (Lebois et al., 2015).
Les pratiques méditatives des IBPC peuvent aussi améliorer la conscience du stress (Kabat-Zinn, 1990). En majorité, ces pratiques s’exercent sur le senti associé à la respiration ou aux sensations corporelles qui sont d’excellents indicateurs de l’état émotionnel d’instant en instant (Kabat-Zinn, 1990). Par exemple, face à un stimulus stressant, le corps réagit par des tensions des muscles et une respiration rapide et saccadée (Hölzel et al., 2011). Ainsi, la prise de conscience des sensations corporelles peut renseigner sur la présence de stress et possiblement aider à l’identifier dès ses premiers signes d’apparition.