Les Intermédiaires financiers et les Microfinances : « Approche Historique»

Le défi du développement impose des reformes sur tous les secteurs d’activités économiques. Le Secteur financier est également affecté par l’idée d’une approche participative du développement. A cet effet, on se demande si les intermédiaires financiers contribuent de manière efficace et pérenne au remplissage des conditions recommandées par le développement.

La majorité de la population malgache, à la fois acteur et bénéficiaire des services financiers, est exclue du système bancaire et a un besoin permanent d’autres outils financiers. De cette évidence, l’Etat se montre favorable au libéralisme qui est l’un des processus de base à l’efficacité du « marché financier » en laissant librement les institutions financières à prendre en change les activités d’intermédiation financière. Le thème du présent mémoire « Les Intermédiaires financiers au service du développement : Cas des Microfinances à Madagascar » soutient que l’idée du développement économique doit se baser en partie sur la capacité des agents économiques à financier leurs activités d’une façon pérenne.

« La notion d’intermédiation financière »

« Les fondements de l’existence des intermédiaires financiers » 

Les intermédiaires financiers utilisent des emprunteurs prêteurs intermédiaires (on dit aussi : second ou indirect) qui font circuler les fonds des prêteurs finaux (primaire ou indirect) jusqu’aux emprunteurs finaux . La notion d’intermédiation financière concerne donc tous les canaux de financement et contribue de 2 manières à l’équation d’équilibre de l’offre et de la demande de financement : (1) d’abord, la mobilisation de l’épargne par le biais de collecte ; (2) et la création monétaire par l’achat des titres ou l’octroi de crédit. La fonction des intermédiaires financiers consiste aussi à mettre en contact des agents non financiers ayant une capacité d’épargne avec d’autres agents non financiers ayant un besoin de financement. Si les marchés financiers permettent d’assurer cette confrontation, leurs imperfections expliquent l’existence des intermédiaires financiers. En effet, les caractéristiques des marchés financiers ne permettent pas d’en faire des marchés « parfaits » aux sens de la théorie économique. Les marchés ne permettent pas de satisfaire simultanément les caractéristiques des besoins de financement des emprunteurs et celles des prêteurs : c’est ainsi que la durée moyenne de l’épargne disponible est inférieure à la durée moyenne des besoins de financement, ce qui conduit les intermédiaires financiers à « transformer » les échéances .

« La nécessité d’une intermédiation par les microfinances »

Définition : Microfinance, microcrédit et micro épargne 

Microfinance (Banque Mondiale) :
La plupart du temps, la micro finance consiste à offrir à des familles en situation de précarité économique un crédit de faible montant pour les aider à s’engager dans des activités productives.

D’après la définition synthétique et selon plusieurs sources, la microfinance, c’est l’octroi de services financiers (épargne et crédit) à des personnes développant une activité productivité, le plus souvent l’artisanat ou le commerce, et n’ayant pas accès aux institutions financières commerciales en raison de leur profil socioéconomique (il s’agit d’agents économiques en situation de précarité, sans revenu fixe, qui n’offrent aucune des garanties en vigueur dans les institutions bancaires commerciales).

Microcrédit
Le Microcrédit se définit comme un prêt à « court terme » permettant la constitution d’un fonds de roulement et la réalisation de petits investissements (par exemple : un achat d’une machine à coudre pour les artisans).

Microépargne
Selon la définition de la Banque Mondiale, il s’agit d’une épargne souvent illiquide ou de faible montant nominal (Bijoux de faible valeur, des animaux, des actifs divers de faible valeur, etc.) Toutefois, faire une séparation entre microfinance et microcrédit, n’est pas nécessaire parce que :
✔ les microentrepreneurs souhaitent plus épargner avec des conditions plus sûres que d’obtenir des crédits, et que
✔ un programme d’épargne efficace peut constituer une meilleure source de financement pour les organisations qui octroient un crédit.

Intermédiations sociales et financiers

Les institutions financières mutualistes se distinguent des banques classiques par une double fonction d’intermédiation sociale et financière : d’un côté et comme on l’a déjà souligné plus haut, les institutions de microfinance se servent d’intermédiaire entre banquiers et paysans et de l’autre côté, elles jouent le rôle d’intermédiaires sociaux, c’est à dire qu’elles aident ceux qui n’ont pas accès au crédit et aux services d’épargne. L’intermédiation sociale exige donc la constitution d’un groupe capable de fournir des informations sur et/ou leurs membres. Ce qui permet aux organisations financières affiliées à ce groupe de développer une relation confidentielle de prêt. Elle mène à l’établissement d’une relation à travers laquelle plusieurs protagonistes créent un processus durable qui relie les pauvres aux services financiers. Les institutions utilisent des stratégies variées pour soutenir l’intermédiation sociale. Le choix qu’elles vont faire ces institutions dépendra de l’appréciation qu’elles font du groupe ciblé (les paysans par exemples).

Evolution et Historique de la microfinance

« Dans le monde »

La tontine

La tontine fut créée en 1653 par un banquier italien LORENZO TONTI. Généralement, la tontine est une association d’épargnants dans laquelle les adhérents se réunissent régulièrement pour mettre en commun leurs cotisations et recevoir à tour de rôle la somme ainsi rassemblée. En effet, les tontines se représentent sous deux formes : en forme simple et en forme complexes. La forme simple de tontine repose sur le principe de réciprocité : chacun cotise à date régulière, tous les jours du marché ou toutes les semaines sinon tous les mois, et reçoit à tour de rôle l’ensemble des cotisations. Dans la tontine complexe, d’autres fonctions se greffent comme des caisses spécifiques pour les assurances décès, maladies, frais de scolarité. Les motivations sur lesquelles se basent les tontines peuvent être de divers ordres : à part la motivation économique essentielle qui est de disposer en une fois, d’une grosse somme d’argent, les motivations sociales sont loin d’être négligeables. En effet, se réunir entre personnes de confiance constitue un facteur important dans la dynamique de la tontine. Les tontines rencontrent toutefois des limites du fait de leur manque de flexibilité. Les participants ne peuvent pas toujours recevoir un crédit au moment où ils en ont besoin ainsi que le montant qui leur est nécessaire.

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Le passage de l’informel au formel

La finance informelle appelée aussi finance autonome car elle se développe en dehors d’intervention extérieure avec des règles et des formes bien précises, existe depuis longtemps mais sa connaissance se limitait souvent à quelques clichés sur le rôle néfaste des usuriers. On découvre progressivement sa diversité à travers les tontines, garde monnaies, prêts familiaux, banquiers ambulants, caisse de solidarité. L’existence de la finance informelle nous montre qu’il existe bel et bien une demande réelle de service de microfinance. Autant cette demande est importante, autant les risques et les limites relatives à la finance autonome nécessitent la formalisation du système financier. Autrement dit, il faut créer un intermédiaire financier formel.

Les raisons qui ont conduit à la création d’institutions de microfinance formelles sont de 3 types :
❖ Aider une institution de microfinance à résoudre les problèmes de financement. Pour ce faire, la formalisation est nécessaire car elle permet à la fois l’accès à l’épargne et aux ressources commerciales, dans un cadre mieux sécurisé.
❖ Cette formalisation permet également d’accroître la capacité d’une institution d’étendre les services financiers à un groupe cible déterminé.
❖ La dernière raison de formalisation, c’est que la création d’un intermédiaire formel contribue à limiter les risques inhérents au financement autonome et à éviter les risques en rendant les opérations conformes à des réglementations strictes en matière de transaction financière.

Table des matières

Introduction
Partie I : Les Intermédiaires financiers et les Microfinances : « Approche Historique»
Chapitre I : La notion d’intermédiation financière
Section 1 : Les fondements de l’existence des intermédiaires financiers
Section 2 : La nécessité d’une intermédiation par les institutions de microfinance
2.1 Définition
2.1.1 Microfinance
2.1.2 Microcrédit
2.1.3 Microépargne
2.2. Intermédiations sociales et financières
Chapitre II : Evolution et Historique de la microfinance
Section 1 : Dans le monde
1.1 La tontine
1.2 Le passage de l’informel au formel
1.3 Les modèles de « GRAMMEES BANK » et « BANCOSOL »
Section 2 : A Madagascar
2.1. Les formes de Tontine
2.1.1. Les prêts entre familles, entre amis, entre prochaine
2.1.2 . L’Usure
2.1.3 . L’Ankandray
2.2. L’instauration du microcrédit par l’Etat
2.2.1 La pratique du microcrédit par la BTM
2.2.2 La création des associations villageoises
Chapitre III : Le Contexte et les différents types de Microfinance à Madagascar
Section 1 : Contexte malgache
1.1 L’environnement de la Microfinance à Madagascar
1.1.1 Les actions du Gouvernement
1.1.2 Un cadre de libre marché
1.1.3 Responsabilités des acteurs
1.2 La politique du gouvernement
1.3 Législation et cadre réglementaire
1.3.1 Loi n° 95-030, relative à l’activité et au contrôle des établissements de crédit
1.3.2 Loi n° 96-020, réglementation des activités et organisation des Institutions Financières Mutualistes
Section 2 : Les associations professionnelles
2.1 L’Association Professionnelle des Institutions Financières Mutualistes (APIFMs)
2.1.1 Réseaux Membres, Ressources et Structure
2.5. La constitution de fonds propres
Partie II : Analyses et Perspectives
Chapitre I : Analyse de l’environnement général des microfinances
Section 1 : Caractéristique du service financier
1.3 L’offre de service de microfinance à Madagascar avant 1999
1.1.1. L’offre traditionnelle
1.1.2. Les nouvelles initiatives
1.4 Les résultats de 1996 à 2002
Section 2 : Les problèmes reconnus par
2.1. Les acteurs
2.1.1. Le promoteur
2.1.2. Les organisations Paysannes
2.2. Les principaux problèmes des participants aux microfinances
Section 3 : Portée et limite du service
3.1. La politique de microfinance et la politique agricole : « intérêt commun »
3.2. Microfinance et l’externalité négative
Chapitre II : La microfinance et le développement
Section 1 : Du point de vue microéconomique : une amélioration des conditions de vie des microentrepreneurs
Section 2 : Du point de vue microéconomique
2.1 La microfinance : « un outil équitable de lutte contre la pauvreté
Chapitre III : Perspectives
Section 1 : Au sein des institutions
1.3 Evolution future des services de microfinance à Madagascar
1.1.3. Questions institutionnelles
1.1.4. Hiérarchie des modèles institutionnels de microfinance, classes par l’impact et par la durabilité des opérations
1.4 Les éléments de la réussite
Section 2 : Dans le cadre de développement
2.1 La microfinance au service du développement durable pour l’avenir ?
2.2 Développement de la petite épargne et des marchés financiers en milieu rural
Conclusion
Annexe
Glossaire
Références

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