Présentation du Gazelab
Le Gazlelab est un vidéo-oculographe, créé par l’entreprise espagnole BCN INNOVA. C’est un appareil médical composé d’une paire de lunette permettant d’enregistrer les mouvements oculaires de manière objective. Basé sur le principe d’«eye tracking», cet examen est non-dissociant et peut se faire même en l’absence de vision binoculaire.
Composants du Gazelab :
Plusieurs éléments composent cet appareil : Un système de projecteur laser au niveau frontal qui permet la projection d’un carré rouge comprenant les 9 positions du regard . Deux caméras infrarouges disposées sur le côté temporal de chaque œil. Celles-ci filment et enregistrent la position oculaire grâce aux miroirs infrarouges placés devant les yeux.
Un système de maintien de l’appareil sur la tête avec fixation occipitale pour que le dispositif reste en place tout au long de l’examen. Un ordinateur avec un logiciel préinstallé qui reçoit les informations provenant du casque. Une télécommande permettant à l’examinateur de valider la prise de mesure. Deux palettes opaques pour cacher les yeux durant l’examen.
Description du logiciel :
Le logiciel est installé sur un ordinateur fourni avec l’appareil. Le Gazelab est directement relié à l’ordinateur par le biais d’un câble.
Au démarrage, s’ouvre automatiquement une page d’accueil. Si le patient a déjà réalisé un Gazelab son dossier se trouve dans la base de données, autrement l’examinateur doit créer une nouvelle fiche patient en cliquant sur le « plus » de l’annexe 1.
Les résultats des examens réalisés sont directement enregistrés en PDF dans la rubrique «Rapport des patients».
Déroulement de l’examen
Conditions d’examen :Afin que le test soit plus fiable, certaines conditions doivent être respectées. Concernant l’éclairage, seule une lumière artificielle est requise pour que l’appareil détecte plus facilement les pupilles.
Le patient est en position assise à une distance d’1m50 du mur et la projection du carré doit rester la plus droite possible durant l’examen. Cependant, si le patient présente une légère position compensatrice de la tête, les résultats ne seront pas faussés.
Comme tout examen, la coopération du patient est importante. La durée du test dépend ainsi de la compréhension des consignes.
Choix de l’examen : L’appareil Gazelab permet de réaliser différents examens selon la pathologie étudiée, comme on peut le voir ci-dessous . Pour chaque programme, le logiciel guide l’examinateur en donnant les indications à suivre comme par exemple «couvrez l’œil droit». Pour notre étude, nous avons principalement utilisé l’examen «test 9 positions du regard».
Phase d’initialisation :La première étape de l’examen consiste à calibrer l’appareil. Le patient fixe le point central et l’examinateur couvre alternativement l’œil droit (œil gauche devient fixateur et est initialisé) puis l’œil gauche (œil droit devient fixateur et est initialisé).
Cette phase d’initialisation permet de détecter les pupilles du patient afin de permettre le suivi du regard durant l’examen. C’est pourquoi il est important que l’appareil reste en place, bien maintenu sur la tête du patient tout au long de l’examen.
Fiabilité entre le Gazelab et le bilan orthoptique dans les strabismes horizontaux permanents
Plusieurs études ont cherché à démontrer la fiabilité du Gazelab en comparant les mesures faites avec ce dernier et celles réalisées par des orthoptistes :
Un article publié dans le journal espagnol « Archivos de la Sociedad Española de Oftalmología » en décembre 2020. Dans cet article, une étude a été réalisée sur 44 patients ayant effectué un Gazelab et un CT pour calculer le coefficient de corrélation entre les deux. Les résultats montrent que le Gazelab est un appareil « avec une bonne fiabilité et validité. La marge de variabilité est de ± 2 dioptries pour une mesure horizontale ».
Un deuxième article publié dans le journal américain « Journal of American Association for Pediatric Ophthalmology and Strabismus » en aout 2018 . Les auteurs ont comparé le CT d’un strabisme horizontal aux enregistrements du Gazelab sur 32 patients. Un coefficient de corrélation a également été mis en évidence (0.85), ce qui montre une importante fiabilité. Les auteurs pensent que « des appareils comme le Gazelab seront à l’avenir un outil indispensable pour l’évaluation du strabisme ».
Un Ophtalmologiste de Nantes a réalisé sa thèse de fin d’étude sur le Gazelab. Son objectif principal était de « mesurer la concordance entre la mesure angulaire objective du Gazelab et la mesure angulaire subjective (tests d’occlusion avec barre de prismes) par la détermination du coefficient de corrélation intra-classe (CCI) ».
Les résultats montrent des CCI aux alentours de 0,90 ce qui confirme l’excellente fiabilité entre les mesures.
Les reproductibilités (sur le Gazelab) inter-observateur et intra-observateur font également partie des objectifs de la thèse. On peut affirmer que le Gazelab est un examen objectif au vu des CCI excellents (0,90).
Un mémoire d’orthoptie a été réalisé par des étudiants de Nantes afin de vérifier l’objectivité du Gazelab. Dans un premier temps, la reproductibilité inter-observateur a été étudiée : quel que soit l’examinateur réalisant le Gazelab (à condition que celui-ci soit formé à l’utilisation de l’appareil), les résultats obtenus n’ont pas de différences significatives.
Concernant la reproductibilité intra-observateur, les mesures obtenues lors de deux consultations différentes par le même examinateur sont fortement reproductibles. Ces études permettent d’affirmer que le Gazelab est un examen objectif dont les résultats ne varient pas dans le temps.
Fiabilité entre le Gazelab et le bilan orthoptique dans les strabismes divergents intermittents
Un mémoire de fin d’étude d’orthoptie a été réalisé durant l’année 2020 par des étudiants de l’école de Nantes . Ce mémoire a pour but d’étudier le strabisme divergent intermittent au Gazelab. Les auteurs ont réalisé une étude comprenant 24 patients âgés de 10 ans à 72 ans ayant un strabisme divergent intermittent.
L’objectif de cette étude était de comparer les résultats obtenus au Gazelab et au bilan orthoptique mais également de mettre en évidence une technique permettant d’obtenir l’angle maximal au Gazelab.
Les étudiants ont établi un protocole de réalisation au Gazelab : Binoculaire (aucun œil caché) ; Cacher OD pendant 4 sec; Cacher OG pendant 4 sec; Cacher OD après un cover-test alterné de 10 allers-retours; Cacher OG après un cover-test alterné de 10 allers-retours.
Ces mesures ont été effectuées en vision de loin puis en vision de près. Pour démontrer la concordance des mesures entre le Gazelab et le bilan orthoptique, l’angle minimal et maximal en vision de loin et en vision de près ainsi que l’angle avec un +3,00 obtenus au bilan orthoptique ont été comparés avec les résultats du Gazelab.
Pour cela, ils ont cherché à obtenir la p-value grâce au test de Wilcoxon. La p-value est une valeur utilisée dans les tests d’hypothèse dont la valeur limite admise est de 0,05. Si la p-value est supérieure à 0,05 alors les examens sont reproductibles et si la p-value est inférieure à 0,05 alors les examens ne sont pas superposables. Dans leur étude, l’hypothèse est : «le Gazelab est superposable au bilan orthoptique». Concernant l’angle minimal la p-value est supérieure à 0,05 en vision de loin comme en vision de près, le Gazelab semble donc intéressant pour étudier l’angle minimal.
Concernant l’angle maximal, la p-value est supérieure à 0,05 en vision de près mais est inférieure à 0,05 pour la vision de loin. Le Gazelab est reproductible seulement pour l’angle maximal en vision de près. Les résultats statistiques montrent qu’il n’y a pas de différences significatives entre le Gazelab et le bilan orthoptique pour la mesure des angles minimaux en vision de loin et en vision de près ainsi que pour les angles maximaux en vision de près. Néanmoins les résultats pour les angles maximaux en vision de loin montrent une différence qui s’avère plus importante quand l’angle du strabisme est faible. Donc le Gazelab semble être plus fiable pour des grandes déviations. Les étudiants ont également comparé les deux méthodes utilisées au Gazelab pour mettre en évidence l’angle maximal : occlusion de 4 secondes et occlusion après un cover-test de 10 allers-retours. La p-value est supérieure à 0,05 donc il n’y a pas de différence significative ; avec les deux méthodes l’angle mesuré est le même.
Cependant, ils ont remarqué que la décompensation de l’angle serait plus efficace avec le cover-test alterné car «la moyenne des angles mesurés est plus divergente lors de l’utilisation de la technique du cover-test alterné que l’occlusion de 4 secondes».
Table des matières
Introduction
1 MATERIELS ET INSTALLATION
1.1 Présentation du Gazelab
1.1.1 Composants du Gazelab
1.1.2 Description du logiciel
1.2 Installation du patient
1.2.1 Mise en place du Gazelab
1.2.2 Correction optique
1.3 Déroulement de l’examen
1.3.1 Conditions d’examen
1.3.2 Choix de l’examen
1.3.3 Phase d’initialisation
1.3.4 Exemple de résultat
2 ÉTUDES BIBLIOGRAPHIQUES SUR LE GAZLELAB
2.1 Fiabilité entre le Gazelab et le bilan orthoptique dans les strabismes horizontaux permanents
2.2 Fiabilité entre le Gazelab et le bilan orthoptique dans les strabismes divergents intermittents
2.3 Fiabilité entre le Gazelab et le bilan orthoptique dans les paralysies du nerf IV
3 ÉTUDES DE CAS
3.1 Paralysie du nerf IV
3.1.1 Rappels
3.1.1.1 Anatomie et physiologie
3.1.1.2 Étiologies
3.1.1.3 Signes fonctionnels
3.1.1.4 Examen clinique
3.1.2 Cas cliniques
3.2 Paralysie nerf III
3.2.1 Rappels
3.2.1.1 Anatomie et physiologie
3.2.1.2 Étiologies
3.2.1.3 Différentes formes cliniques
3.2.2 Cas cliniques
3.3 Syndrome de Stilling-Duane
3.3.1 Rappels
3.3.1.1 Définition
3.3.1.2 Étiologies
3.3.1.3 Différentes formes cliniques
3.3.2 Cas clinique
4 DISCUSSION
4.1 Limites et avantages de l’appareil Gazelab
4.2 Intérêts du Gazelab dans différentes pathologies
4.3 Quand réaliser un Gazelab de façon systématique ?
Conclusion